Les Albertains pressés de s’unir contre les compagnies énergétiques « délinquantes »

Plus de 3400 puits de pétrole sont déclarés « orphelins » en Alberta.
Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une douzaine de propriétaires terriens ont assisté samedi à Didsbury, au nord de Calgary, à un atelier pour apprendre à se battre contre les entreprises pétrolières et gazières qui ne respectent pas leurs obligations en Alberta. Taxes municipales et redevances non payées, normes de santé et de sécurité non respectées, décontamination ignorée : les plaintes sont nombreuses.
Nous voulons que les propriétaires terriens s’unissent et apprennent ce qu’ils peuvent faire pour s’aider eux-mêmes collectivement
, affirme Regan Boychuk du groupe Alberta Liabilities Disclosure Project (ALDP), qui fait pression sur le gouvernement albertain pour tenir les entreprises énergétiques responsables de leurs obligations.
Le groupe espère que la mobilisation de ces Albertains enclenchera une réforme dont la province a cruellement besoin, selon lui. La majorité des 400 000 puits de pétrole de l’Alberta se trouvent sur des terrains privés.
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Les municipalités rurales de l’Alberta ont récemment révélé que les entreprises énergétiques leur doivent un total de 173 millions de dollars en taxes municipales non payées. Les entreprises affirment ne pas pouvoir payer en raison de difficultés financières.
Comme les municipalités ne peuvent pas prévoir un déficit budgétaire, elles sont obligées de trouver une solution face à cette perte de revenu.
Glen Norman est un propriétaire terrien qui assistait à l'atelier. Celui qui est également vice-président de l’Union nationale des fermiers craint de voir les agriculteurs écoper.
Cette perte de revenu va être dévastatrice [ pour les municipalités rurales ]. Qui va payer pour ça?
Je pense que [ les municipalités rurales ] vont commencer à taxer les fermes beaucoup plus, notamment leurs infrastructures
, craint-il.
Des puits abandonnés par milliers
Les propriétaires sont également en colère contre l’Agence de réglementation de l’énergie de l’Alberta (AER), qui ne respecte pas sa propre réglementation, selon eux. L’AER n’a pas collecté auprès des entreprises énergétiques assez de fonds en garantie pour le nettoyage des puits de pétrole qui ne sont plus en service.
Le gouvernement albertain estime que le coût du nettoyage des 3400 puits orphelins de la province est estimé à 30 milliards de dollars, mais l’AER n’a amassé que 227 millions de dollars en garanties.

De nombreux propriétaires terriens ont sur leur propriété des puits qui ne sont plus en service et qui ne sont pas décontaminés.
Photo : Kyle Bakx
Beaucoup de propriétaires terriens qui doivent vivre avec des puits qui ne sont plus en service sur leurs terrains s’inquiètent des effets sur leur santé et de la perte de valeur des terrains.
Mark Dorin, membre du projet Alberta Liabilities Disclosure Project (ALDP), affirme que la santé de sa mère s’est détériorée en raison du méthane qui s’échappait d’un puits de pétrole sur sa propriété.
C’est une question de vie humaine. Nous mourons en respirant du gaz toxique dans cette province.
Des solutions possibles?
L’ALDP veut que les propriétaires terriens fassent pression sur les entreprises énergétiques.
Regan Boychuk affirme que les propriétaires terriens peuvent mettre fin à leur contrat avec l’entreprise si elle ne prouve pas qu’elle a payé ses taxes municipales, une clause qui est inscrite dans la majorité des contrats, selon lui.
Il y a un manque d’informations à ce sujet
, affirme-t-il.
Glenn Norman est toutefois sceptique. Si vous faites quelque chose du genre, vous êtes mieux d’avoir réfléchi aux conséquences et de bien connaître votre contrat. Vous êtes mieux d’obtenir l’avis d’un avocat, parce que le gouvernement et l’Agence de réglementation de l’énergie vont vous pénaliser. Vous serez le criminel dans cette affaire, pas l’entreprise qui n’a pas payé ses taxes ou ses redevances
, croit-il.
Avec les informations de Terri Trembath (CBC) et La Presse canadienne