Justin Trudeau condamne le racisme suscité par le coronavirus

Le premier ministre Justin Trudeau boit un thé lors d'une célébration du Nouvel An lunaire à la Casa Deluz à Scarborough, en Ontario.
Photo : La Presse canadienne / Tijana Martin
Le premier ministre Justin Trudeau a exhorté les Canadiens à rester unis et les a mis en garde contre la montée de la discrimination alors que les craintes de propagation du coronavirus provoquent une montée de la stigmatisation notamment envers la communauté chinoise.
Les Canadiens d'origine chinoise, vietnamienne et coréenne rendent cette ville plus forte, plus vibrante, plus prospère
, a déclaré M. Trudeau alors qu'il participait aux célébrations du Nouvel An chinois lors d'un événement à Scarborough, en banlieue de Toronto, où plus de 400 personnes étaient rassemblées.
« Les manchettes ont été difficiles pour vous ces dernières semaines. Vous vous inquiétez pour vos proches. Nous devons être solidaires. Il n'y a pas de place pour la discrimination dans notre pays. »
"Tous les Chinois doivent être mis en quarantaine", la "maladie chinoise", les "Chinois mangent tout ce qui bouge", "arrêtez l'immigration en provenance de Chine"
... sont autant de commentaires qui insurgent la présidente nationale intérimaire du Conseil national sino-canadien pour la justice sociale.
« Au lieu de travail de ma belle-sœur, le directeur a dit au personnel chinois de ne pas revenir le lendemain, contrairement aux autres membres du personnel. »
Amy Go dénonce le déferlement de commentaires racistes formulés à l'encontre de la communauté chinoise depuis qu’un homme et une femme de Toronto ont contracté le nouveau coronavirus après avoir voyagé à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie en Chine.
Une amie était dans le bus, et immédiatement les gens autour d'elle se sont éloignés. Et il y avait deux hommes asiatiques portant des masques, et une femme blanche leur a demandé s'ils avaient la "maladie chinoise"
, dénonce-t-elle.
Des commerces solidaires
Le fleuriste Andy Sue rapporte que son commerce souffre de la situation liée au coronavirus. Les choses sont un peu plus lentes, les gens semblent avoir peur de sortir
, remarque-t-il.
« Les attitudes des gens sont un peu différentes. C'est difficile. »
Une situation dont a eu vent le propriétaire d'un commerce voisin, qui a souhaité faire preuve de solidarité.
J'ai appris que l'entreprise d'Andy souffrait et comment il faisait face à la discrimination
, raconte Dave Brown, propriétaire du restaurant Fearless Meat. Je me suis dit qu'il devait bien y avoir quelque chose que je pouvais faire pour aider
.
M. Brown s'est ainsi engagé à offrir un hamburger à tout client qui achèterait quelque chose, même un pétunia
, au fleuriste.
J'ai été vraiment surpris
, confie Andy Sue, qui s'est dit très reconnaissant.
Contre la désinformation
Par ailleurs, l'Université Western, où étudie la jeune femme de London qui a contracté le nouveau coronavirus après un séjour dans la région de Wuhan, appelle la communauté à ne pas partager de fausses informations afin de prévenir la montée du racisme qui s'est produite lors de l'épidémie de SRAS de 2003. Tout comme notre communauté médicale a appris du SRAS, notre communauté sociale doit aussi
.
« Parfois, lorsque nous avons peur, nous recherchons quelqu'un ou quelque chose à blâmer dans le but de donner un sens à la situation. Cependant, la publication et le partage d'informations non vérifiées sur les médias sociaux ne sont pas utiles et peuvent contribuer à la propagation de la désinformation et de la peur. »
L'Université Western assure qu'il y a un risque très faible pour les personnes qui fréquentent son campus et ajoute que dans ce genre de situation il faut rester calme et faire preuve d'empathie, surtout en ce moment alors que certains peuvent se sentir isolés à cause de la désinformation et des suppositions
.

Alors que le bilan du coronavirus vient de franchir le cap des 300 morts en Chine, au Canada, des politiciens s'attaquent à d'autres virus : ceux de l'intolérance et de la désinformation. La communauté chinoise au pays se dit victime de commentaires racistes depuis l'éclosion de l'épidémie. Le reportage de Jacaudrey Charbonneau.
Les trois autres cas au Canada
Un quinquagénaire et son épouse qui ont voyagé dans la région de Wuhan sont les deux premiers cas confirmés du 2019-nCoV au Canada.
L'homme, qui avait été placé en isolement à l'Hôpital Sunnybrook, à Toronto, a toutefois reçu son congé de l'hôpital vendredi matin.
Un autre cas a par ailleurs été confirmé en Colombie-Britannique mercredi.
Avec les informations de Myriam Eddahia