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ChroniqueCoronavirus : une crise de désinformation sans précédent

Les médias de vérification de faits peinent à fournir alors que la désinformation envahit le web.

Deux hommes en combinaison de protection mesurent avec un scanner la température d'un automobiliste.

À Wuhan, les autorités prennent la température des occupants des véhicules.

Photo : Getty Images / AFP

L'éclosion d'une épidémie de coronavirus en Chine a déclenché à son tour une épidémie de désinformation sur le web. Bien qu'il arrive souvent que des informations trompeuses circulent en temps de crise, on peut parler dans ce cas-ci d'une ampleur sans précédent.

La journaliste Jane Lytvynenko de Buzzfeed traque systématiquement la désinformation qui circule lorsque surviennent des situations de crise, comme des attentats terroristes ou des désastres naturels. Elle a l'habitude d'inclure toutes les fausses informations qui circulent dans une série de tweets pour que ses lecteurs puissent suivre en temps réel l'évolution de la désinformation. Chaque tweet dément une fausse histoire.

Elle a tout couvert : plusieurs fusillades et attentats, l'écrasement du vol PS752 il y a quelques semaines, le processus de destitution du président américain Donald Trump. Bref, ce sont toutes des situations très émotionnelles ou partisanes, qui donnent souvent lieu à toutes sortes de fausses histoires.

Mercredi matin, Mme Lytvynenko signalait sur Twitter une première. Avec ce 35e démenti, ceci est la plus longue chaîne de dépistage de désinformation que j'aie jamais faite, a-t-elle écrit.

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Une représentation du coronavirus.

Depuis, sa chaîne est rendue à 40 fausses nouvelles.

Elle n'est pas la seule journaliste de vérification de faits à avoir remarqué le volume assez effarant de désinformation à propos du coronavirus. Nous-mêmes, aux Décrypteurs, nous avons démenti trois fausses histoires. Une d'entre elles, qui voulait que deux espions chinois aient volé le coronavirus d'un laboratoire canadien, a depuis commencé à circuler en mandarin, nous signale un lecteur.

L'International Fact-Checking Network (IFCN), un partenariat de plus de 70 médias de vérification de faits provenant de partout dans le monde et dont font partie les Décrypteurs, a mis sur pied un projet de collaboration pour recenser la désinformation (Nouvelle fenêtre) entourant le coronavirus. Mercredi, vers 16 heures, un document interne faisait état de quelque 90 fausses informations circulant sur le web.

Jeudi matin, ce compte était rendu à 132.

Le flot de désinformation a atteint un tel seuil que les médias de vérification n'arrivent pas à fournir. De nombreux internautes ont envoyé des messages aux Décrypteurs pour nous demander de vérifier ici une vidéo, là un article. Nous ne pouvons pas tout vérifier.

Les risques réels de la désinformation

Dans l'article de CBC à propos de cette histoire des faux espions chinois, Fuyuki Kurasawa, directeur du Global Digital Citizenship Lab à l'Université de York, s'inquiétait de voir une panique sociale s'emparer des réseaux sociaux.

Le danger est qu'il se crée un climat de méfiance envers les gouvernements, les ministères de santé publique, les médias et les sources fiables d'information, et l'environnement sur les réseaux sociaux se dégrade, au point où la spéculation, les rumeurs et les théories du complot prennent le dessus et éclipsent les informations factuelles, a-t-il dit.

Il s'agit d'un homme en veston cravate.

Fuyuki Kurasawa en entrevue à CBC News.

Photo : Derek Hooper/CBC News

Il a rappelé que la désinformation peut avoir de sérieuses conséquences dans la vraie vie, en dehors du web.

Certains individus jouent les justiciers, ils vont tenter de repérer quelqu'un qui tente supposément de cacher la vérité à propos du coronavirus, ou encore quelqu'un qui semble présenter des symptômes de l'infection, et ils vont demander au public d'agir et de faire justice eux-mêmes, s'inquiète-t-il.

Le danger des paniques généralisées alimentées par la désinformation est bien documenté. En 2018, une psychose collective en Inde causée par de fausses nouvelles circulant sur WhatsApp à propos de supposés kidnappeurs d'enfants a causé la mort d'une cinquantaine de personnes.

Puisque les vérificateurs de faits sont débordés et n'arrivent plus à répondre à toutes les fausses informations qui circulent, il en revient aux internautes d'éviter de participer au raz-de-marée.

Comment éviter de partager de la désinformation à propos du coronavirus?

  • Toujours vérifier la source : est-ce une source que vous connaissez? Est-elle fiable? Est-ce un média reconnu?
  • Faire une recherche rapide : est-ce que plusieurs sources fiables rapportent la même information?
  • Ne pas partager des images ou des vidéos sans contexte : elles sont trop faciles à détourner. Si l'image ou la vidéo ne fait pas partie d'un reportage qui explique bien ce que vous voyez, ne la partagez pas.

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