Recrutement à l'international : des Français à la rescousse de Chocolat Lamontagne
Confrontée à une pénurie de main d'oeuvre, l'entreprise Chocolat Lamontagne a recruté six employés en France. Huit mois plus tard, un seul est arrivé au Québec.

Des femmes s'affairent à placer des palettes de chocolat dans des boîtes.
Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
Devant l’incapacité d’embaucher des travailleurs de la région, l’entreprise sherbrookoise Chocolat Lamontagne a dû braver l’orage et recruter à l’international.
Fabien Cusimano est originaire de Marseille dans le Sud de la France. Véritable amoureux du Québec, il avait envie d’y vivre depuis quelque temps déjà. Même s’il avait déjà un emploi chez lui, il a entrepris des démarches pour venir s’établir ici.
En raison de la pénurie de main-d’oeuvre qui sévit au pays, trouver un emploi s’est fait en un claquement de doigts.
Une série d’entrevues avec les ressources humaines de Chocolat Lamontagne a été nécessaire, mais rapidement l'entreprise lui a proposé de payer son billet d’avion et même un logement temporaire à Sherbrooke, le temps qu’il s’installe.
Il y est depuis octobre dernier et jusqu'ici, il dit adorer sa nouvelle vie.
« Aucun souci pour l’accueil et tout, c’était top. Je suis arrivé l’esprit libre. »
Banque à sec
Voilà cinq ans que la banque de candidatures de Chocolat Lamontagne s’amenuise. L’entreprise, qui compte près de 200 employés, a pourtant le vent dans les voiles.
La demande est grandissante et l’usine pourrait faire fonctionner ses équipements 365 jours par année, mais faute de journaliers, elle doit décélérer sa production, freinant par le fait même sa progression.
On a bonifié les salaires, les avantages sociaux aussi pour essayer de ratisser la région et avoir le plus de candidats possible. Devant l’évidence [...] on a décidé de se lancer dans le recrutement à l’international
, explique le vice-président aux opérations, Danny Lamontagne.
Au total, il y a une douzaine d’emplois à combler, principalement des opérateurs acceptant de travailler la fin de semaine et une équipe sanitaire de nuit. D’ailleurs, la direction vient de s’envoler vers les Philippines afin de recruter des travailleurs étrangers pour pourvoir des postes de journaliers.
Longue attente
Aidée par la firme MVV basée à Repentigny, la direction de Chocolat Lamontagne s’est d’abord déplacée en France, en mai dernier. Sélection des candidats, entrevues, visas de travail, hébergement, billets d'avion, elles devaient s’occuper de tout. Une mission qui a coûté des dizaines de milliers de dollars à l’entreprise, mais dont les bénéfices tardent à se faire sentir.
Ils ont engagé six opérateurs, mais huit mois plus tard, Fabien est toujours le seul à être installé à Sherbrooke à avoir commencé à travailler pour l’entreprise.
C’est très difficile, on ne peut pas avoir de nouvelles à savoir où est rendu le dossier. C’est seulement lorsqu’il est approuvé qu’on le sait. Présentement, un est avec nous [Fabien], deux ont été approuvés et devraient venir sous peu. On attend toujours des nouvelles des trois autres personnes
, mentionne M. Lamontagne.
Les différents ordres de gouvernements offrent du soutien aux entreprises pour faciliter le recrutement. Toutefois, avant d’obtenir un permis de travail, l’entreprise doit se soumettre à une étude d’impact sur le marché du travail (EIMT), faite par le ministère à l’Emploi et au Développement social Canada (EDSC).
Une EIMT a pour but de démontrer qu’aucun travailleur canadien ou résident permanent n’est disponible pour faire le travail demandé . C’est cette partie bureaucratique qui achoppe et qui nécessite plus de temps.
« Il y a urgence, en tout cas pour nous. »
Par courriel, le gouvernement fédéral affirme observer une augmentation de 23 % du volume de demandes d'EIMT reçues par rapport à l'année précédente au Canada.
« Cela a entraîné un important arrérage d'applications et des temps de traitement plus longs que d'habitude pour les utilisateurs du programme », peut-on lire.
Entre temps, Danny Lamontagne souligne avec fierté qu’il a pu compter sur la précieuse collaboration de ses employés dévoués qui, pour pallier le manque de main-d’oeuvre, ont fait de nombreuses heures supplémentaires.
On a tenu le fort, mais j’espère que l’automne prochain, on va vivre ça différemment
, conclut-il.