Les auteurs de l'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional récompensés
Radio-Canada décerne le titre de Scientifiques de l'année aux auteurs du deuxième Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional.

Les Scientifiques de l'année 2019. Sur la photo : (de gauche à droite) Andrew Couturier, Michel Robert, Marie-Hélène Hachey, et Denis Lepage.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Ils sont fiers. Avec raison. Réaliser un nouvel Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional représente toute une aventure.
Les lauréats du prix et coauteurs de l’Atlas, Michel Robert, Marie-Hélène Hachey, Denis Lepage et Andrew Couturier, vous diront tous que la tâche aurait été impossible sans la participation des ornithologues bénévoles et des amoureux des oiseaux, partout à travers le Québec.

L'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional
Photo : Radio-Canada
Il faut être grandement passionné. Il faut croire, pas seulement dans un projet comme l’Atlas, il faut aimer les oiseaux et penser qu’on a besoin de les étudier pour être à même de bien les protéger.
Plus de 1800 ornithologues ont répondu à l’appel. Ils avaient pour objectif de parcourir tout le sud du Québec, 550 000 kilomètres carrés.

Michel Robert, coordonnateur de l'Atlas
Photo : Radio-Canada
Encadrés par des scientifiques, ils devaient relever des observations précises sur les indices de nidification et réaliser des points d’écoute pour évaluer l’abondance relative des oiseaux.
Le travail d’observation a duré cinq ans, de 2010 à 2014, et a permis de récolter un demi-million de mentions à partir des 100 000 heures qui ont été consacrées au travail sur le terrain.
J’ai été épatée de voir à quel point les gens aiment les oiseaux et sont prêts à partir à trois heures et demie du matin pour aller faire des inventaires bénévolement, puis revenir et faire leur journée de travail normale.

Marie-Hélène Hachey
Photo : Radio-Canada
L’Atlas raconte comment les choses ont évolué depuis la publication du premier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, il y a vingt-cinq ans.
Ne manquez pas l’entrevue des lauréats du titre de Scientifiques de l'année à l’émission Les années lumières, sur ICI Première, dimanche le 2 février dès 18 h 30.

Le premier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional a été publié il y a 25 ans.
Photo : Radio-Canada
Il y a de belles histoires et de moins belles histoires
, raconte le biologiste Michel Robert.
Les gagnants, ce sont les résidents granivores, comme les cardinaux, qui profitent des hivers plus doux; mais aussi des rapaces (faucons pèlerins, pygargues à tête blanche, etc.), qui profitent du retrait du marché, depuis des décennies, du DDT, un puissant insecticide.
Mais il y a aussi les perdants, des espèces qui s’adaptent mal aux transformations trop rapides de leur environnement, à la multiplication des surfaces consacrées aux grandes cultures ou à la perte d’insectes à cause des pesticides. C’est le cas des insectivores aériens (hirondelles, martinets ramoneurs, etc.) et des oiseaux champêtres (alouettes, pluviers kildir), pour lesquels des baisses de population importantes ont été constatées.
Même si je connais très bien les oiseaux du Québec, c’est la première fois que je constatais l’ampleur de la situation, je voyais le résultat à l’échelle de l’aire d’étude complète.
L’Atlas décrit en mots la nouvelle situation des oiseaux dans le sud du Québec, mais aussi en images, avec une série de cartes qui permettent de comparer et de voir comment la situation a évolué dans le temps.
Andrew Couturier était responsable de la cartographie, une expertise qu’il a développée en collaborant à la réalisation de divers atlas ornithologiques à travers le pays.
La cartographie est un outil puissant pour voir ce qui s’est passé. À partir de là, on peut émettre des hypothèses ou déterminer quelles questions mériteraient d’être approfondies à partir de nouvelles recherches.

Andrew Couturier et Denis Lepage
Photo : Radio-Canada
Au-delà de la publication de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, les observations sur le terrain ont permis de constituer une base de données phénoménale qui est utile à l’ensemble de la communauté scientifique et aux organismes de protection et de conservation de la faune, puisqu’elle peut être consultée en tout temps, pour chacune des espèces observées.
Denis Lepage était chargé de la saisie et de la gestion des données.
On a la chance de comparer à grande échelle ce qui se passe avec les populations d’oiseaux. C’est la meilleure source de données qu’on a sur l’ensemble des populations d’oiseaux au Québec.
D’ailleurs, en marge de la production du deuxième Atlas, la cueillette de données sur le terrain a aussi été entamée en vue d’un Atlas des oiseaux nicheurs du nord du Québec, un territoire deux fois plus vaste que celui couvert par les ornithologues au sud du Québec.