Coronavirus : de nouveaux cas de contamination entre humains signalés hors de Chine
Le président chinois Xi Jinping défend sa gestion de la crise à l'occasion d'une visite du patron de l'OMS à Pékin.

Des Chinois portent des masques de protection en faisant leurs achats dans une épicerie de Pékin.
Photo : Getty Images / Kevin Frayer
De nouveaux cas de contamination au coronavirus entre humains ont été signalés mardi à l'extérieur de la Chine, où l'épidémie a déjà fait plus de 130 morts. L'un a été signalé en Allemagne, l'autre au Japon.
Les autorités sanitaires de la Bavière ont fait savoir mardi qu'un Allemand de 33 ans travaillant pour un équipementier automobile a été contaminé par une collègue chinoise venue en Allemagne pour suivre une formation.
Selon le directeur de l'Office sanitaire bavarois, le Dr Andreas Zapf, cette salariée chinoise a séjourné dans le pays du 19 au 22 janvier et ne s'est sentie malade
qu'à son retour en Chine.
Elle a été déclarée positive au nouveau coronavirus peu après, et le cas de son collègue allemand, qui présentait des symptômes de la grippe, a été confirmé par la suite. L'état de santé de ce dernier reste bon
, a précisé le Dr Zapf.
Selon le décompte de l'AFP, il s'agit du premier cas de contamination entre humains sur le sol européen, les autres patients signalés en Europe ayant été infectés lors d'un séjour en Chine.
« Il y a eu une transmission interhumaine au Vietnam. Cette infection en Allemagne est la deuxième contamination connue en dehors de la Chine. J'en déduis que c'est la première transmission d'humain à humain confirmée en dehors de l'Asie. »
Juste après l'annonce allemande, les autorités japonaises ont signalé de leur côté un cas présumé de la nouvelle pneumonie virale chez un homme qui ne s'était pas rendu en Chine.
Le sexagénaire originaire de la ville touristique japonaise de Nara avait cependant conduit deux groupes de touristes de Wuhan dans un bus en janvier. Il a été hospitalisé samedi avec des symptômes similaires à ceux de la grippe.
« Rien n'indique que cet homme se serait rendu en Chine. Si tel est le cas, il pourrait avoir été infecté par des touristes en provenance de Wuhan. Et si cette deuxième affirmation est correcte, il s'agirait du premier cas de transmission de personne à personne au Japon. »
La découverte de cas de transmission entre humains à l'extérieur de l'Asie pourrait inciter l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer que le nouveau coronavirus constitue une urgence santé publique de portée internationale
.
L'OMS
s'est abstenue d'agir de la sorte à deux reprises, la semaine dernière, au terme de réunions de son comité d'urgence.L'OMS ne recommanderait pas l'évacuation des étrangers
Le directeur de l'OMS
, le Dr Tedros Adhanom Gebreyesus, s'est pour sa part rendu en Chine mardi. Il a rencontré coup sur coup le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, et le président, Xi Jinping.Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, le Dr Gebreyesus aurait déclaré à cette occasion que l'OMS
ne recommande pas l'évacuation des ressortissants étrangers confinés à Wuhan, épicentre de l'épidémie, désormais en quarantaine.Nous observons que certains pays mettent en avant leur espoir [d'organiser] des évacuations. L'OMS ne recommande pas cette façon de faire
, aurait indiqué le patron de l'OMS , selon un communiqué du ministère.
« Dans la situation actuelle, il faut garder son calme, réagir avec excès n'est pas nécessaire. »
Interrogée par l'AFP à Genève, l'OMSattendre une clarification
sur ces propos, également rapportés par la presse étatique chinoise.
Wuhan, métropole du centre de la Chine où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, et la quasi-totalité de la province du Hubei sont coupées du monde depuis jeudi par les autorités dans l'espoir de maîtriser l'épidémie de pneumonie virale.
Ce confinement concerne 56 millions d'habitants, dont des milliers d'étrangers. De nombreux pays se préparent à évacuer leurs ressortissants, mais le Canada n'est pas du nombre.
Le bilan communiqué par la commission nationale chinoise de la Santé est passé mercredi en Chine à 5974 contaminations, dont 132 cas mortels (contre 85 lundi). Le nombre de personnes contaminées en Chine a dépassé celui de l'épidémie du SRAS en 2002-2003, mais le taux de mortalité est beaucoup plus faible.

La Chine a ordonné des mesures nationales de dépistage du virus dans ses transports afin de tenter d'endiguer l'épidémie.
Photo : Reuters / Dinuka Liyanawatte
Le président Xi défend sa gestion de la crise
Le président chinois Xi Jinping a pour sa part défendu sa gestion de l'épidémie, alors que de nombreux Chinois dénoncent la réaction tardive des autorités et le comportement des médias dans ce dossier.
De nombreux médias ont accusé dans un premier temps des internautes de répandre des rumeurs
alors que l'épidémie n'était pas encore formellement annoncée.
L'épidémie est un démon. Nous ne permettrons pas au démon de rester caché
, a assuré le président lors de sa rencontre avec le docteur Gebreyesus, selon un compte-rendu de la télévision d'État CCTV.
« Depuis le début, le gouvernement chinois a fait preuve d'ouverture, de transparence et de responsabilité afin de diffuser dans les plus brefs délais les informations sur l'épidémie. »
À l'époque de l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), en 2002-2003, l'OMS
avait vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l'alerte et tenté de dissimuler l'ampleur de l'épidémie.Lundi, le maire de Wuhan, Zhou Xianwang, a reconnu lors d'une entrevue à la télévision d'État que l'administration municipale avait été lente à diffuser de l'information sur le virus en raison des règlements nationaux.
Comme responsable du gouvernement local, je ne pouvais diffuser de l'information qu'après y avoir été autorisé
, s'est-il défendu. Beaucoup de gens ne comprennent pas ça.
La Chine a informé l'OMS
qu'un nouveau virus sévissait dans le pays le 31 décembre. Il a été identifié comme un nouveau coronavirus le 8 janvier.Les autorités de Wuhan n'ont cependant rapporté pratiquement aucun nouveau cas de la maladie entre le 5 et le 16 janvier.
L'ampleur du problème n'a commencé à apparaître qu'après une visite d'une délégation de la Commission nationale de la santé dans la ville, le 19 janvier. La ville a finalement été placée en quarantaine le 24 janvier.