Dissiper les cinq préjugés les plus fréquents sur la pauvreté

La section de Moncton du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick a lancé une campagne de sensibilisation lundi dans le but de briser les mythes entourant la pauvreté.
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les gens pauvres gaspillent leur argent, sont irresponsables, ne font rien pour s'aider... Plusieurs idées préconçues circulent sur la condition des moins fortunés de la province.
C’est le message de la section de Moncton du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick, qui tente de briser les mythes entourant la pauvreté avec sa nouvelle campagne de sensibilisation lancée lundi.
Voici cinq de ces principaux mythes que veut déboulonner l'organisation.
1 - Ils sont paresseux.

Certains individus n'ont pas de réseau de soutien dans leur vie.
Photo : iStock
La campagne du Front commun pour la justice sociale du N.-B. rappelle que plusieurs facteurs et circonstances peuvent entraîner la pauvreté.
Elle peut par exemple résulter d’un manque de capacités physiques ou d'un handicap créant l’invalidité au travail.
Les victimes d'accidents de travail qui n'ont pas d'assurances demandent généralement l'aide sociale. Au Nouveau-Brunswick, un grand nombre de bénéficiaires de l'aide sociale sont physiquement incapables de travailler et la paresse n'est en rien un facteur.
2 - Ils peuvent trouver du travail.

Le taux de chômage a diminué de 0,3 point de pourcentage au Canada au mois de décembre, pour s'établir à 5,6 %.
Photo : IStock
Les personnes aux prises avec la pauvreté peuvent faire face à des obstacles à l'embauche.
Celles qui ont un casier judiciaire ont souvent peu de chance de se trouver un travail et de s'en sortir.
Une autre forme de contrainte plus fréquente : avoir des enfants en bas âge à la maison, ou être dans l'incapacité de se payer une gardienne, par manque d'argent.
Le cercle vicieux de la pauvreté devient alors difficile à briser.
3 - Le ministère du Développement social fait tout ce qu’il peut; ils devraient se taire.

Dorothy Shephard, ministre du Développement social du Nouveau-Brunswick (archives)
Photo : Radio-Canada / CBC / Brian Chisholm
Au Nouveau-Brunswick, en 2016, la Mesure du panier de consommation pour une seule personne était de 19 296 $ par an, de 27 285 $ pour un couple et de 36 292 $ pour un couple avec deux enfants.
Comme les prestations offertes sont actuellement inférieures à ces chiffres, tous les taux d'assistance sociale au Nouveau-Brunswick sont considérablement en dessous du seuil de pauvreté.
Le Front commun pour la justice sociale du N.-B. croit que le gouvernement provincial devrait augmenter les taux d'aide sociale pour tenir compte de l'inflation.
4 - Ils ne veulent pas travailler.

Les diagnostics de dépression, de trouble d'anxiété ou d'autres facteurs peuvent mettre un frein à la capacité de travailler.
Photo : CBC
Un manque de capacités émotionnelles ou cognitives peut entraîner l’invalidité au travail au même titre que les incapacités physiques.
Les diagnostics de dépression ou de divers troubles de santé mentale peuvent mettre un frein à la capacité de travailler. Ces problèmes psychologiques doivent être traités, mais ils impliquent, eux aussi, des coûts.
La difficulté à contrôler ses émotions dans un contexte de travail peut mener à l'autodestruction. On ne parle alors pas d'un refus, mais d'un obstacle au travail.
5 - Ils abusent du système.

La prestation sociale est plus souvent qu'autrement une aide nécessaire, et non un abus.
Photo : Radio-Canada / Thomas Asselin
Certains individus n'ont pas de réseau de soutien dans leur vie.
Prenons par exemple certains réfugiés sans famille, les parents monoparentaux, ou certains aînés isolés, coupés de ce système de soutien. La prestation sociale devient alors une aide nécessaire, et non un abus.
Une campagne de sensibilisation dans la province
En plus de ce palmarès, le Front liste jusqu’à 22 préjugés fréquents dans sa campagne de sensibilisation.

Préjugés sur la pauvreté au Nouveau-Brunswick
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes
Parmi les mythes les plus souvent véhiculés, il y a entre autres l'idée selon laquelle les prestataires d'aide sociale consomment de la drogue et de l'alcool, qu’ils ne changeront jamais, qu’ils ne sont pas fiables, ou encore, qu’ils méritent qu’on les juge.
Ces préjugés-là portent atteinte [à] l’estime de soi des personnes. Ils font que ces gens sont mis de côté et n’ont pas de chance de s’en sortir
, déclare la coordonnatrice du projet anti-préjugé au Front commun, Auréa Cormier.

Auréa Cormier (à droite) est coordonnatrice du projet anti-préjugé au Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes
Des publicités à la radio seront diffusées au cours des prochaines semaines pour s'attaquer aux préjugés envers les prestataires d'aide sociale. Des bandes vidéo de témoignages d’individus dépendants de l’aide sociale seront aussi publiées sur YouTube et sur Facebook.
On pense que le fait qu’on diffuse des publicités qui vont rejoindre plus de 100 000 personnes, ça va venir aux oreilles des députés et ça va les influencer.
En décembre 2019, près de 34 000 individus étaient incapables de combler leurs besoins de base dans la province du Nouveau-Brunswick. Des milliers d’individus dépendent de l’aide sociale dans la province, y compris plus de 7000 enfants.
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Avec les informations de Radio-Canada