Centres de tri menacés de fermeture : Montréal ne peut plus payer, dit Valérie Plante

Des colonnes de matières recyclables au centre de tri de Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Ville de Montréal affirme que le gouvernement du Québec doit s'engager financièrement afin de faire face à la crise qui secoue, une fois de plus, les centres de tri de matières recyclables de la métropole.
Quatre centres de tri pourraient fermer leurs portes au Québec, dont trois sont situés dans la région de Montréal, soit à Châteauguay, à Lachine et dans le quartier Saint-Michel.
Le groupe Tiru, gestionnaire des centres de tri de la métropole, réclame plus d'argent à la Ville de Montréal pour faire face à la crise qui secoue l'industrie du recyclage.
Je me suis entretenue avec le ministre de l'Environnement ce matin pour partager nos inquiétudes, mais aussi parler de l’incapacité de Montréal à injecter plus d’argent. On en a mis beaucoup en 2018-2019 pour maintenir à flot Tiru, mais là, ce n’est pas une option.
Tiru évoque la fin du contrat qui le lie à la Ville de Montréal, dont l'échéance était fixée au 31 décembre 2019, et menace notamment d'entamer des poursuites.
En 2018, le groupe avait renégocié son contrat dans un contexte similaire. Voulant à tout prix éviter que des matières recyclables se retrouvent au site d'enfouissement, la Ville de Montréal avait alors débloqué une aide de 29 millions de dollars.
J’ai discuté avec la mairesse Plante pas plus tard qu’il y a quelques minutes pour un suivi
, a confirmé le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette.
C’est une situation qui est sérieuse, qui est même très, très précaire, et nous, ce qu’on veut éviter à tout prix, naturellement, c’est un retour à l’enfouissement. Donc, on est à évaluer les différentes options présentement
, a-t-il affirmé.
Une rencontre doit avoir lieu vendredi entre le gouvernement du Québec, le groupe Tiru, la Ville de Montréal et Recyc-Québec.
Pressions indues et chantage
Les malheurs des centres de tri ont commencé avec la décision de la Chine de resserrer ses critères de qualité sur les matières recyclables importées.
De plus, le prix des matières recyclables, dont le papier journal, a chuté de plus de 50 % sur les marchés mondiaux depuis un an. À titre d’exemple, le prix d’un ballot de papier mixte est passé de 49 $ à 9 $.
Or, pour Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, les menaces de poursuites évoquées par le groupe Tiru vont trop loin même dans un contexte de crise.
La compagnie met, selon nous, une pression indue sur les autorités publiques pour justement se faire payer.
Naturellement, [le danger] c’est que tout ce qui est récupéré actuellement s’en aille à l’enfouissement, mais je pense que ni la Ville de Montréal, ni Recyc-Québec, ni le gouvernement ne veut que ça se passe, donc j’imagine qu’ils vont trouver une solution
, a-t-il convenu.
Le conseiller d’arrondissement Francesco Miele, qui est également leader adjoint de l’opposition officielle et vice-président de la Commission de l’environnement, a pour sa part qualifié la situation d’insultante pour les contribuables montréalais
.
Lorsqu’on a donné les 29 millions en mai 2018, Ensemble Montréal avait exigé d’avoir, à l’intérieur de six mois, un plan d’action pour savoir ce que la Ville exigeait pour s’assurer de ne pas devoir redonner des millions de dollars
, explique l'élu.
Aujourd’hui, on fait face encore au même chantage. Ce n’est pas acceptable pour les contribuables montréalais.
L’administration doit venir s’expliquer devant le conseil municipal, a-t-il réclamé, dénonçant le fait que l'entreprise tient la Ville en otage
.
D’après les informations de Jean-Philippe Robillard, Jacques Bissonnet et Benoît Chapedelaine