Ottawa remettra 25 000 $ aux proches de chaque victime de l'écrasement

Justin Trudeau a noté vendredi que la catastrophe aérienne de la semaine dernière était « sans précédent » dans l'histoire canadienne.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement du Canada remettra 25 000 $ aux proches des victimes canadiennes de l'écrasement du vol PS 752 survenu la semaine dernière en Iran, a annoncé Justin Trudeau vendredi avant-midi à Ottawa.
Ce montant, accordé pour chacun des 57 citoyens et 29 résidents permanents, doit contribuer à couvrir les coûts des funérailles et les frais de déplacement, entre autres.
Le Canada était la destination finale d'un total de 138 des 176 personnes tuées quand un missile iranien – peut-être deux – a abattu l'avion d'Ukraine International Airlines (UIA) peu après son décollage de l'aéroport international de Téhéran.
Ce qui est arrivé la semaine dernière est une tragédie nationale
, a dit le premier ministre. Tous les Canadiens sont endeuillés.
« Il s'agit d'une situation unique et sans précédent, en raison des sanctions internationales imposées à l'Iran et des difficultés qu'elles entraînent pour les familles. »
J’ai rencontré des familles dans les derniers [jours], je leur ai parlé directement. Nous avons discuté de leurs besoins, des factures qui arrivent, des cartes de crédit qui ont atteint leur limite, de la manière de retourner en Iran, de soutenir leurs proches sur place ou de les faire venir ici – à un moment où le transport aérien se fait de plus en plus rare et dispendieux dans cette région du monde
, a expliqué M. Trudeau. Nous en sommes arrivés avec elles à un montant de 25 000 $.
Il a noté que ce montant, qui doit être envoyé à qui de droit d'ici quelques jours, ne constitue qu'une première étape
.
« C'est une assistance immédiate pour les besoins que ces gens peuvent avoir. Ce n’est pas l'indemnisation que nous attendons de l’Iran. »
Je veux être clair : nous nous attendons à ce que ce soit l'Iran qui compense ces familles
, a-t-il insisté. Mais il était clair que celles-ci ne pouvaient pas attendre des semaines avant de recevoir une aide financière.
Toute somme que l'Iran fera parvenir à Ottawa sera transmise aux victimes; elle ne servira pas à rembourser le gouvernement, a précisé le premier ministre.
Ottawa s'était précédemment engagé à accélérer le traitement des visas pour les personnes touchées par l'accident et à en assumer les coûts.
Du soutien psychologique et juridique sera aussi disponible, a ajouté M. Trudeau. Le gouvernement canadien a aussi mis en place une ligne téléphonique, un site web et une adresse électronique pour répondre aux questions des familles.
Une vingtaine de familles ont demandé à ce que les dépouilles de leurs proches soient rapatriées au Canada, a-t-il aussi dit. D'autres ont souhaité qu'elles demeurent en Iran.
Aucune n'est encore en sol canadien. Quelques-unes doivent arriver au pays dans les prochains jours.
Le premier ministre a indiqué que le gouvernement iranien entendait respecter les souhaits des familles, même dans les cas de double nationalité iranienne-canadienne.
Où seront analysées les boîtes noires?
On ignore par ailleurs ce qu'il adviendra des boîtes noires de l'appareil d'UIA.
Les boîtes noires ont été endommagées de façon importante et il est extrêmement important [...] qu'elles soient examinées rapidement
, a fait valoir le premier ministre Trudeau.
Il a demandé à l'Iran de les envoyer en France, l'un des rares endroits en mesure de les analyser convenablement.
« Seuls quelques pays comme la France ont les laboratoires capables de le faire. »
Mais le chef de la diplomatie ukrainienne, Vadym Prystaïko, a indiqué pour sa part que Téhéran avait accepté de transférer les enregistreurs de vol à Kiev.
L'équipe conjointe d'enquêteurs composée d'Iraniens, de Canadiens et d'Ukrainiens va avoir accès aux boîtes noires sur place. L'Iran est prêt à ensuite les transférer à l'Ukraine
, a-t-il affirmé.
Plus tôt cette semaine, l'ambassadeur ukrainien à Ottawa, Andriy Shevchenko, avait reconnu que le régime iranien avait envoyé des signaux contradictoires et que, s'il semblait acquis que des experts de son pays auraient accès
aux boîtes noires, il n'était pas sûr que celles-ci pourraient être transportées jusqu'en Ukraine dans un délai raisonnable.
Il avait souligné que même leur emplacement actuel restait un mystère.
Rencontre Champagne-Zarif
Tout juste avant le point de presse de Justin Trudeau, vendredi, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, rencontrait son homologue iranien Javad Zarif, à Mascate, la capitale du sultanat d'Oman. C’était leur troisième entretien depuis l’écrasement du vol PS752 près de Téhéran, la semaine dernière.
M. Champagne avait présidé jeudi une réunion avec des représentants d’autres pays touchés par la tragédie, au terme de laquelle a été établi un plan portant entre autres sur le rapatriement des dépouilles ainsi que sur l'exhaustivité, la rigueur la transparence et l’indépendance de l’enquête.
Le ministre Champagne a donc relayé les demandes du Canada, du Royaume-Uni, de l’Ukraine, de la Suède et de l’Afghanistan à M. Zarif. Il a exhorté le régime à prendre toutes ses responsabilités, à respecter les volontés des proches des victimes et à s'engager à les compenser.
Le ministre Zarif a assuré son interlocuteur de la collaboration de l'Iran. M. Champagne a convenu que les choses se déroulaient bien à cet égard jusqu'ici, et a exprimé l'espoir que cela se poursuive.
Pour le moment
, Téhéran semble disposé à répondre adéquatement aux exigences des autres pays, d'après Justin Trudeau.
Il n'est pas exclu que le Canada se tourne vers les Nations unies pour accentuer la pression sur l'Iran si cela s'avère nécessaire, a dit M. Trudeau.
Le drame de la semaine dernière, a déclaré vendredi le guide suprême d’Iran Ali Khamenei, est un accident amer
qui a brûlé notre cœur
, mais qui ne saurait se reproduire
.
Avec les informations de La Presse canadienne, et Agence France-Presse