Logement : « la situation en Abitibi est l’une des plus préoccupantes au Québec »

Une pancarte de logement à louer
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le taux d’inoccupation des logements locatifs en Abitibi-Témiscamingue demeure particulièrement bas et sous le seuil d’équilibre du marché, une situation qui est jugée préoccupante par les organismes de défense des droits des locataires.
On peut tout à fait affirmer que la situation en Abitibi est une des plus préoccupantes au Québec, notamment à Rouyn-Noranda
, commente la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, après avoir analysé les plus récentes données sur le marché locatif.
Ces données ont été publiées mercredi matin par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, comme elle le fait annuellement afin d’analyser l’évolution de la situation au pays. Elles permettent d’avoir le portait de la situation en octobre 2019.
L’année passée, souvenez-vous, on le disait. Ça va aller de mal en pis et c’est ce qui est en train d’arriver.
On peut notamment constater que c’est le secteur de Rouyn-Noranda, qui affiche le plus bas taux d’inoccupation dans la région, soit 1 %. Il s’agit d’une baisse de 0,2 % depuis 2018. La municipalité est suivie par Val-d’Or avec un taux de 1,4 %. Le taux d’inoccupation d’Amos se situe quant à lui à 2,9 %, soit non loin du seuil d’équilibre du marché qui est évalué à 3 %.
En ce qui concerne le secteur de Val-d’Or, les maisons de 3 chambres se font de plus en plus rares. Le taux d’inoccupation est passé de 0,9 % à 0,7 %. En contrepartie, le taux pour les studios est de 3,1 %.
Une hausse importante du coût des loyers
La hausse des loyers a été particulièrement importante, allant jusqu’à 4 % en moyenne pour certaines villes de la région. Ce qui au-delà des recommandations de la Régie du logement du Québec, martèle le coordonnateur de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT), Bruce Gervais. Elle atteint 5,8 % pour les logements de 3 chambres et plus à Val-d’Or.
Une hausse moyenne jugée inacceptable par le coordonnateur de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue, Bruce Gervais. La régie fait une recommandation chaque année et ça ne dépasse jamais 1 %, mais depuis 2006, il n’y a pas une année où cela a été plus bas que 2,7 %, 2,8 %
, s’insurge-t-il, tout en réclamant un contrôle par le gouvernement du prix des loyers. Le prix du lait est contrôlé, mais pas celui des loyers
, dénonce-t-il.
La hausse des prix des loyers a des conséquences sur les gens dont les revenus n’augmentent pas autant. Si on veut s’assurer qu’on a une meilleure qualité de vie pour les locataires de l’Abitibi, il faut qu’il y ait plus de logements hors marché privé qui soient disponibles.
Le FRAPRU réclame un investissement massif des paliers de gouvernement pour la construction de logements sociaux. « Le marché privé ne répond pas aux besoins d’une partie des locataires de l’Abitibi. Des locataires qui ont des plus petits revenus, qui cherchent du logement et qui n’en trouvent pas », souligne Véronique Laflamme.
La mairesse de Rouyn-Noranda préoccupée
Bruce Gervais s’inquiète particulièrement de la situation à Rouyn-Noranda. Dans les derniers mois, c’est 95 % d’appels (logées à l’intention de l’association des locataires) qui sont venus de Rouyn-Noranda, dit-il. Il y a une pression très forte à Rouyn-Noranda sur le prix et sur la disponibilité.
La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, est préoccupée par la situation et affirme que l’augmentation de l’offre de logement est une priorité pour la Ville.
La Ville pose plusieurs actions pour tenter de favoriser le développement de logements
, souligne-t-elle, en faisant notamment référence à un appui financer octroyé à l’office municipal d’habitation pour la construction de 25 logements sociaux qui devraient se concrétiser sous peu.
Il y a une effervescence (économique), ce qui amène un taux d’inoccupation aussi bas. On met tout en place pour pouvoir régler la situation.
La municipalité a aussi prévu d’acquérir de nouveaux terrains à vocation résidentielle en développant les infrastructures appropriées pour favoriser la construction d’habitations. Selon Mme Dallaire, la construction de 200 unités de logement est prévue actuellement par le secteur privé.
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Mme Dallaire ne compte toutefois pas, pour l’instant, faire pression sur le gouvernement du Québec pour qu’il finance davantage de projets de logements dans sa municipalité. On suit la situation de près. S’il y a des demandes à faire au gouvernement, on le fera, mais pour l’instant, le conseil a fait des choix au niveau du budget pour tenter de favoriser (la construction de nouvelles unités)
, conclut-elle.