ArchivesMiami P. Q. : quand les Canadiens français migraient vers la Floride

La Floride devient une destination prisée des Canadiens français dans les années 60.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Fuir l’hiver pour gagner un peu de chaleur? Une tendance qui ne date pas d’hier, comme en témoignent nos archives sur les touristes hivernant en Floride.
« À Surfside, l’équipe d’Aujourd’hui a découvert la vingt-huitième municipalité de Miami, que nous avons baptisée Miami P. Q. », annonce avec un sourire en coin l’animateur Pierre Paquette.
Cet extrait remanié de l’émission Aujourd’hui du 4 avril 1967 nous montre l’importante concentration de Québécois qui séjournent dans cette région de la Floride.
Ils y demeurent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour profiter de la plage, du soleil et de la beauté des lieux, mais aussi pour se réunir entre francophones.
Le propriétaire d’un magasin d’alcool du coin le confirme : il se vend beaucoup de cognac et de gros gin dans son commerce!
Welcome to our French Canadian neighbors
, affiche-t-il d’ailleurs dans sa vitrine.
Le P’tit Québec fait des affaires en or

Téléjournal, 4 janvier 1980.
Cet autre reportage tiré du Téléjournal du 4 janvier 1980 nous montre que le phénomène des touristes migrants québécois prend de l’ampleur dans le sud-est de la Floride.
Au début des années 80, plus de 600 000 Québécois convergent chaque hiver dans la région située entre Miami et Pompano Beach.
Dans la ville d’Hollywood, des agents immobiliers constatent que la majorité de leur clientèle est d’origine québécoise.
Il y a des choses qui se passent avec l’argent canadien en Floride ici qui est fantastique
, confirme le président francophone de la Bank of Florida, Victor F. Raymond.
De nombreux Québécois choisissent de s’y établir et d’investir dans le domaine touristique.
Hôtels, motels, restaurants, tabagies, dépanneurs et pharmacies appartenant à des Québécois foisonnent en effet dans cette région
, observe le journaliste Roger Laporte à Hollywood.
À tel point qu’il est possible pour un touriste québécois de ne vivre que dans la langue de Molière dans cette région de la Floride.
Les journaux montréalais y sont d’ailleurs distribués et les Québécois peuvent profiter d’émissions de radio et de télévision locales en français.
Même les Rôtisseries St-Hubert y ont ouvert une franchise!
L’exode des Québécois vers la Floride ne peut que s’accentuer dans un proche avenir, pense le président de la Bank of Florida.
De l’argent de Monopoly
Au tournant des années 90, Cuba, la République dominicaine et le Mexique font de l’ombre à la Floride comme destinations soleil prisées des Québécois. La Floride demeure toutefois la destination la plus proche de la Belle Province pour profiter de la plage en hiver.
Mais au début des années 2000, la chute du dollar canadien plombe l’attrait de cet État américain pour les Canadiens.

Enjeux, 19 mars 2002
C’est ce que constate le journaliste Alain Gravel, qui se rend en Floride pour l’émission Enjeux du 19 mars 2002.
Avec leurs « bedaines » et leurs pourboires peu généreux, les Québécois ont aussi acquis une mauvaise réputation en Floride.
Je crois qu’on veut tasser les Québécois
, soutient Jackie Lessard, qui tient une agence de voyages sur la promenade de Hollywood.
Dans les parcs de maisons mobiles, les propriétés se vendent à perte.
La clientèle québécoise des motels fond comme neige au soleil.
Avec son « Monopoly money », la communauté du P’tit Québec en Floride est officiellement en déclin.