Briser l’isolement grâce au parrainage civique

Gabrielle Dorman (à gauche) et sa filleule, Annie Roy, sont jumelées depuis bientôt 10 ans.
Photo : Radio-Canada / Nicole Germain
Les personnes marginalisées par leurs incapacités physiques ou intellectuelles sont plus à risque de souffrir d'isolement. Pour leur venir en aide, un organisme de Québec a mis sur pied un programme de jumelage avec des citoyens-bénévoles, une initiative qui a permis de créer de solides liens d’amitié.
Depuis 9 ans, Gabrielle Dorman et sa filleule, Annie Roy, se donnent régulièrement rendez-vous à différents endroits de la ville pour effectuer des sorties ou des visites.
Des fois, c'est elle qui m'appelle. Des fois, c'est moi
, indique Annie, 39 ans, qui est atteinte de déficience légère.
On a aussi réalisé qu'on avait beaucoup de points en commun. Donc, on s'invitait l'une et l'autre et c'est là que notre amitié s'est vraiment développée
, renchérit Gabrielle.
Les deux femmes se sont rencontrées grâce au Centre de parrainage civique de Québec. L'organisme fondé en 1980 organise des jumelages entre des citoyens-bénévoles et des personnes vivant de l’isolement social.
Expérience valorisante
Selon la coordonnatrice du centre, Monique Maltais, en plus de contribuer à briser l'isolement, le programme de parrainage favorise l’estime personnelle des participants.
C'est très valorisant pour une personne de dire : "Bien, je vais faire en sorte d’accompagner une autre personne qui a plus de difficultés", et pour la personne qui, elle, vit certaines difficultés, c'est de dire : "Bien enfin, j'ai l'impression qu'on s'intéresse à moi"
, explique Mme Maltais.
On recommande aux futurs parrains et marraines de maintenir des contacts fréquents avec leur protégé à raison d’une sortie par semaine, et ce, afin de créer des liens durables.
Il y a une évaluation qui se fait au bureau. On vérifie aussi les antécédents judiciaires. On regarde avec quel type de personne il [ou elle] aurait le goût d'être [...] Il y a toujours un suivi de jumelage qui se fait
, précise Monique Maltais.
Rencontre déterminante
La rencontre d’Annie a changé la vie de Gabrielle Dorman. Avant d'être jumelée avec sa filleule, la femme de 33 ans s’apprêtait à commencer une maîtrise en orthophonie.
Je me suis rendu compte que je voulais vraiment travailler avec cette clientèle-là [...] puis aujourd'hui, je suis psychoéducatrice
, raconte-t-elle.
Le Centre de parrainage de Québec compte une soixantaine de jumelages. Au cours des 40 dernières années, certains ont duré plus de 15 ans.
Un record de longévité que Gabrielle et Annie ont bien l’intention de fracasser.
Avec les informations de Nicole Germain