Santé mentale et toxicomanie : le maire d'Oshawa inquiet après la fermeture de l'usine GM

Dan Carter, le maire d'Oshawa
Photo : Radio-Canada
- Sophie Hautcoeur
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dan Carter, le maire d'Oshawa ne cache pas son inquiétude après la publication d'une étude réalisée aux États-Unis qui a observé une hausse du taux de mortalité lié aux opioïdes après la fermeture d'usines automobiles entre 2002 et 2009.
Les chercheurs qui ont produit l'étude affirment toutefois qu'elle ne prouve pas de manière formelle un lien de cause à effet.
Les activités d'assemblage de l'usine de GM ont définitivement pris fin le mois dernier entraînant la perte d'environ 2500 emplois.
La communauté entre donc dans une période de transition, selon Dan Carter et il faut demeurer vigilant. Je sais de mon expérience personnelle que le changement peut être difficile parfois et nous devons nous assurer que nous avons les bonnes ressources pour aider les gens à traverser cette période de changement
, explique-t-il.
Lorsque les gens sont stressés et s'inquiètent de subvenir aux besoins de leur famille, ce qui se passe, c'est que ça peut avoir un impact sur la façon dont ils font face et c'est ce qui m'inquiète.
Le maire, lui-même, un ancien alcoolique et toxicomane, dit ne pas avoir constaté d'augmentation du nombre de surdoses d'opioïdes depuis la fermeture de l'usine, mais assure que les autorités surveillent la situation de près notamment avec l'aide d'un projet-pilote baptisé Welcoming Streets qui a été lancé en novembre et doit se poursuivre jusqu'en mars.
Dans le cadre de ce programme, un spécialiste des dépendances et un travailleur social travaillent auprès des populations vulnérables et des itinérants à Oshawa pour leur donner accès aux services et fournissent des données en temps réel à la Ville.
Chris Arnott, une infirmière en santé publique dans la région de Durham, souhaite aussi voir une approche plus concertée. C'est ce qui est clé, en raison de la complexité de cet enjeu : la coordination. Et on commence, entre différentes agences, à collaborer
, dit-elle.
Un contexte différent
Paul McGary, le directeur des services de dépendance et de santé mentale au bureau de santé Lakeridge, qui englobe Oshawa, dit que le contexte au Canada est différent et que les choses ont changé depuis le début des années 2000, lorsque l'étude américaine a été réalisée.

Paul McGary, le directeur des services de dépendance et de santé mentale au bureau de santé Lakeridge
Photo : Radio-Canada
En Ontario, nous avons déclaré cette crise [des opioïdes] il y a environ deux ans et demi et ça a entraîné des investissements dans des services
, dit-il.
Selon lui, les ressources pour la collecte de données, la sensibilisation, la formation, les traitements se sont multipliées depuis 2-3 ans. Il admet toutefois que malgré les meilleurs investissements et efforts, nous avons du mal à réduire les impacts [de la crise des opioïdes]
.
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La Région de Durham, dont Oshawa fait partie, a recensé 60 morts en 2018 liées aux opioïdes, trois fois plus qu'en 2013. Des données préliminaires indiquent que le nombre de morts a été de 46 entre janvier et juin 2019.
La maire Carter réitère son appel aux gouvernements provincial et fédéral de déclarer l'état d'urgence à l'échelle du pays. Le conseil régional de Durham a d'ailleurs adopté une motion en octobre pour demander aux gouvernements du Canada et de l'Ontario de reconnaître une épidémie nationale pour les surdoses d'opioïdes.
Avec des informations de Camille Gris Roy
- Sophie Hautcoeur