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La mort du général iranien Soleimani dans un raid américain exacerbe les tensions

Qassem Soleimani parmi d'autres militaires.

Qassem Soleimani en 2016 à Téhéran en Iran

Photo : Associated Press

Radio-Canada

Le puissant général iranien Qassem Soleimani ainsi que le numéro deux d'une milice pro-iranienne en Irak ont été tués, tôt vendredi, dans un raid américain à Bagdad, trois jours après une attaque contre l'ambassade américaine dans la capitale.

Les deux hommes, dont la mort fait redouter une escalade de la violence entre les pays impliqués, ont été tués avec huit autres personnes lors du bombardement du convoi dans lequel ils se trouvaient, à l'aéroport de Bagdad.

Qassem Soleimani était le commandant de la force Al-Qods, l'unité d'élite des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique. Il était considéré comme l'une des figures militaires les plus influentes du régime iranien. Son remplaçant, Esmaïl Qaani, a été rapidement nommé par le guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei.

Abou Mehdi al-Mouhandis était conseiller du général Soleimani et numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-iranienne désormais intégrés à l'État irakien.

Ce raid ordonné par le président Donald Trump survient quelques jours après l'attaque survenue contre l'ambassade américaine à Bagdad. Le Pentagone l'a présenté comme une mesure défensive prise pour protéger le personnel américain à l'étranger.

Cette frappe est destinée à dissuader l'Iran de tout projet d'attaque ultérieur, a-t-il précisé dans un communiqué.

Le Pentagone soupçonne Qassem Soleimani d'avoir « orchestré » des attaques contre des bases de la coalition en Irak ces derniers mois et le tenait pour responsable de l'attaque de l'ambassade américaine à Bagdad. Il affirme aussi qu'il préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région.

En entrevue à Fox News, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a ensuite affirmé que les États-Unis souhaitaient la désescalade, mais que le pays était prêt à se défendre.

Quant à Donald Trump, il a écrit sur Twitter que le général Soleimani aurait dû être éliminé il y a de nombreuses années.

Quelques heures après l'assassinat du général iranien, l'ambassade américaine à Bagdad a appelé ses ressortissants à quitter l'Irak « immédiatement ».

Elle leur suggère de partir par avion tant que cela est possible, sinon vers d'autres pays par voie terrestre. Les principaux postes-frontières de l'Irak mènent vers l'Iran et la Syrie en guerre, alors que d'autres points de passage existent vers l'Arabie saoudite et la Turquie.

Toutes les opérations consulaires sont aussi suspendues à l'ambassade des États-Unis à Bagdad.

Par ailleurs, le Pentagone a indiqué qu’il approuvait l’envoi d’environ 3000 soldats de plus au Moyen-Orient, à titre préventif, en raison d’une menace accrue. Seulement en Irak, 5200 soldats américains sont déployés pour le moment, dans le cadre de la coalition internationale antidjihadiste menée par Washington.

L'Iran dit vouloir se venger

L'ayatollah Ali Khamenei s'est engagé vendredi à « venger » la mort du puissant général.

Le martyre est la récompense de son inlassable travail durant toutes ces années [...]. Si Dieu le veut, son oeuvre et son chemin ne s'arrêteront pas là, et une vengeance implacable attend les criminels qui ont empli leurs mains de son sang et de celui des autres martyrs, a dit l'ayatollah Khamenei sur son compte Twitter.

L'Iran et les nations libres de la région se vengeront des États-Unis, a de son côté annoncé le président Hassan Rohani.

Il n'y a aucun doute sur le fait que la grande nation d'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle pour cet horrible meurtre, a déclaré M. Rohani dans un communiqué publié sur le site du gouvernement.

L'attaque a été considérée comme une escalade extrêmement dangereuse et imprudente sur Twitter par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui a aussi évoqué unacte de terrorisme international des États-Unis.

Par ailleurs, après plusieurs heures de silence, le gouvernement irakien a réagi à l'attaque, la qualifiant d'agression américaine.

Le président du Parlement irakien, Mohammed Al-Halbousi, a pour sa part condamné la frappe, la considérant comme une violation de la souveraineté du pays et s'inquiétant que l'Irak devienne le terrain où sera réglé le conflit entre Iraniens et Américains .

Le ciblage d'un commandant militaire en Irak à proximité de l'aéroport international de Bagdad est une violation de la souveraineté et une violation des accords internationaux, a-t-il affirmé dans une déclaration.

Une frappe ordonnée par Trump

Le Pentagone a pris soin de souligner que le général Soleimani était le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, une organisation considérée comme terroriste par Washington depuis avril dernier.

Il attribue au général iranien la mort de « centaines » de soldats américains et alliés.

Qassem Soleimani présidait aux négociations pour former le futur gouvernement irakien.

Le chef démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a déploré jeudi soir que Donald Trump n'ait pas notifié le Congrès américain du raid mené en Irak contre le général Soleimani.

Cette frappe a eu lieu sans notification ni consultation avec le Congrès, a écrit dans un communiqué Eliot Engel. Mener une action de cette gravité sans impliquer le Congrès soulève de graves problèmes légaux et constitue un affront aux pouvoirs du Congrès, a poursuivi l'élu de New York.

La chef des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, a de son côté dénoncé une « escalade dangereuse ».

L'Amérique et le monde ne peuvent pas se permettre une escalade des tensions qui atteigne un point de non-retour, a estimé Mme Pelosi dans un communiqué.

Des débris en feu à l'aube.

Selon le bureau des relations médias du premier ministre irakien, il s'agit d'un véhicule en feu près de l'aéroport de Bagdad.

Photo : Associated Press / Gouvernement irakien

Appel à la désescalade

La Turquie s’est dite préoccupée par les tensions grandissantes entre l’Iran et les États-Unis. Selon son ministre des Affaires étrangères, il n’y a aucun doute que celles-ci vont faire augmenter l’insécurité et l’instabilité dans la région.

Pour Israël, les États-Unis avaient le droit de se défendre. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a d'ailleurs félicité le président américain Donald Trump.

En Europe, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont tous les trois plaidé vendredi pour la désescalade au Moyen-Orient.

En Russie, le Kremlin a mis en garde vendredi contre les conséquences de l'assassinat ciblé.

L'assassinat de Soleimani [...] est un palier hasardeux qui va mener à l'accroissement des tensions dans la région, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, cité par les agences RIA Novosti et TASS. Soleimani servait fidèlement les intérêts de l'Iran. Nous présentons nos sincères condoléances au peuple iranien, a-t-il ajouté.

Le bombardement à Bagdad a par ailleurs eu des répercussions jusqu'en Chine : Pékin a fait part vendredi de sa « préoccupation » et a appelé au « calme » après le raid américain.

Nous demandons instamment à toutes les parties concernées, en particulier aux États-Unis, de garder leur calme et de faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions, a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang.

Portrait d'Abou Mehdi al-Mouhandis qui porte des verres fumés.

Abou Mehdi al-Mouhandis lors des funérailles d'un membre du Hachd al-Chaabi, le 31 décembre

Photo : Reuters / Thaier Al-Sudani

D'attaques en attaques

Mardi, des milliers de combattants du Hachd et de ses partisans avaient déferlé dans la très sécurisée Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, qu'ils ont attaquée à coups de béliers de fortune et de graffitis.

Un homme brûle une effigie américaine.

Des manifestants devant l'ambassade américaine en Irak, le 31 décembre 2019

Photo : Reuters / Wissm Al-Okili

Cet épisode de violence s'est terminé mercredi avec le retrait des pro-Iran de la Zone verte, sur ordre du Hachd.

Le Hachd a combattu à partir de 2014 aux côtés des troupes irakiennes et de la coalition internationale antidjihadistes menée par les États-Unis. Ses factions les plus pro-iraniennes, pour certaines nées dans la lutte contre l'occupation américaine de 2003 à 2011, sont désormais considérées par les Américains comme une menace plus importante que le groupe État islamique (EI).

Une dizaine d'attaques à la roquette ont visé depuis fin octobre des soldats et des diplomates américains, tuant il y a une semaine un sous-traitant américain.

Dimanche soir, Washington, qui accuse les factions pro-Iran du Hachd d'être derrière ces attaques non revendiquées, avait répondu en bombardant des bases de l'une d'elles près de la frontière syrienne, faisant 25 morts, ce qui a entraîné l'attaque de l'ambassade américaine.

Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

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