Un quatrième sommet pour lutter contre la dépression
L’objectif est de réaliser l’ascension des 7 plus hauts sommets, sur tous les continents, afin d'amasser des fonds et de sensibiliser les gens à la santé mentale.
Photo : Radio-Canada / Lyssia Baldini
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Jean-François Dupras poursuit depuis trois ans son objectif d'atteindre sept des plus hauts sommets du monde. Il s'est lancé ce défi dans le cadre d'une initiative pour sensibiliser le public à la santé mentale qui lui tient très à coeur : Vaincre la maladie mentale, un sommet à la fois.
Jean-François Dupras a déjà escaladé trois des sept montagnes : le mont Denali, aux États-Unis, le Kilimandjaro, en Tanzanie, et l’Elbrouz, en Russie. Il s’apprête, d'ici quelques jours, à conquérir le mont argentin Aconcagua, le plus haut sommet de l’Amérique.
Un défi qui surpassera ses autres expéditions, car ce sera son plus haut sommet à vie. Une ascension de près de 7000 mètres d’altitude en solo.
C’est un sommet que j’ai en tête depuis près de 20 ans et j’ai toujours eu l’idée de le faire seul. Je pense que je suis rendu là dans ma vie, dans mon parcours d’alpiniste. Le plus grand défi, ça va être de continuer lors des moments difficiles. Quand on est en équipe, on peut s’encourager.
Le voyage, entre son départ et son retour à la maison, durera environ 21 jours. L'ascension du mont prendra de 7 à 10 jours. L'athlète grimpeur sera seul et devra porter tout au long de son trajet près de 100 livres d’équipement et de nourriture sur son dos.
L’Aconcagua est le plus haut désert du monde. Jean-François se sent prêt pour le défi. Les trois autres ascensions l’ont bien préparé, car il y a acquis de nouvelles connaissances techniques, mais aussi personnelles.
Denali, altitude : 6190 m
La première ascension de Jean-François, réalisée en juin de l’année 2018, a été la plus difficile. Il a mis un an à se préparer, à s'entraîner et à planifier le voyage.
Pour ce mont, Jean-François n'avait pas de guide, mais était accompagné de deux personnes. Selon lui, le taux de réussite pour le Denali atteint en moyenne 50 % avec un guide, et de 35 % sans guide.
Une fois sur place, ils étaient seuls sur la montagne et devaient porter 500 livres d’équipement.
« On était dans le milieu de nulle part, c’était vraiment incroyable! »
Sacs de couchage, tentes, équipements d’escalade, 28 jours de nourriture déshydratée, tempêtes de neige et autres conditions météorologiques difficiles ont rendu la montée encore plus ardue.
Ça a été le plus gros défi de toute ma vie. J’ai dû vraiment me pousser. La troisième journée, on a reçu un pied et demi de neige, et c’était mon tour d’ouvrir la trace pour se rendre au camp 3, situé à 11 000 pieds d'altitude (3352 m). Quand je suis arrivé en haut, j’étais tellement fatigué, j’ai failli tomber dans les pommes. Mais, en même temps, j’étais tellement heureux parce que je vivais ma passion, je vivais mon rêve.
Lorsque les trois hommes ont atteint 4200 mètres d'altitude, ils ont dû rester cloîtrés pendant 6 jours dans une tente pour attendre la fin d’une autre tempête, tout en devant subir une température glaciale qui pouvait atteindre jusqu'à -60 degrés Celsius. Une dynamique intense, trois hommes enfermés, vivant le stress, le froid.
D’avoir la cause de la santé mentale, à travers le Denali, c’est ce qui m’a permis de continuer. Parce qu’à plusieurs moments j’ai eu envie de partir, j’avais des craintes, j’avais des peurs, il y avait des situations difficiles [...] Mais on a continué ensemble et on a atteint le sommet. Et là, quelles émotions! C’est quand j’ai sorti ma bannière de mon projet Vaincre la maladie mentale, un sommet à la fois, que je me suis dit : ”J’ai réussi au nom de la santé mentale.” C’était incroyable et c’est quelque chose que je vais me rappeler toute ma vie.
Kilimandjaro, altitude : 5895 m
La deuxième ascension de Jean-François, celle du Kilimandjaro, en décembre 2018, est bien différente. L’accompagnement d’un guide et d’une équipe est obligatoire. Jean-François se retrouve toutefois seul dans son groupe. Cinq porteurs, un chef cuisinier et un guide étaient avec lui.
« Je ne m’attendais pas à vivre quelque chose d’aussi incroyable parce que ce n’était pas vraiment de l’escalade, mais plus de la marche, mais ce sont vraiment les gens de mon équipe qui ont fait l’expérience, j’en ai encore des frissons. »
Il a plu pratiquement tout au long de l’excursion. Ce qui a le plus surpris Jean-François, c'est retrouver un sourire sur toutes les lèvres des membres de son équipe, malgré leur équipement désuet et les conditions météorologiques difficiles.
« Les sourires et les gestes des gens pour m'aider à réaliser mon rêve, c’est ce qui m’a vraiment touché. »
Il a mis 6 jours pour atteindre le sommet.
Le lever du soleil sur l’Afrique, c’était extraordinaire! Ce que j’ai découvert sur le Kilimandjaro, c’est que le bonheur se trouve à l’intérieur. On peut penser des fois qu’en Afrique les gens sont pauvres, mais les gens souriaient tellement, ils s'entraidaient, c’était incroyable. J’ai eu vraiment une belle expérience avec les Tanzaniens.
Elbrouz, altitude : 5642 m
La troisième ascension, au mont Elbrouz, en Russie, réalisée en juillet 2019, a été une tout autre expérience, puisque Jean-François a eu de graves problèmes de dos.
Il a dû voir des spécialistes pour l’aider à se remettre sur pied, mais il ne s’est pas découragé. Toutefois, il a dû revoir son plan.
J’ai dû choisir de faire l’ascension du côté sud, un côté qui est beaucoup plus occupé. Il y a beaucoup de touristes qui vont aller jusqu’à 3800 mètres, au camp de base. Il y avait des milliers de gens. Je préfère des excursions un peu plus sauvages, mais j’ai appris à lâcher prise et à vivre le moment présent.
Les aventures de Jean-François se poursuivront dans les prochains jours. Il vit sa passion et son rêve. Un parcours qu’il souhaite partager avec le reste du monde, mais surtout avec les jeunes qui peuvent vivre des moments difficiles, comme il en a vécu durant son adolescence.
« C’est ça, la vie, il va toujours y avoir des hauts et des bas, des montagnes et des tempêtes, mais c’est possible de s’en sortir. Et d’avoir un rêve, ça nous aide à avancer, à se pousser. En partageant mon histoire, mon projet Vaincre la maladie mentale, un sommet à la fois, j’espère inspirer les jeunes à croire en leurs rêves. »
Jean-François partira pour l’Aconcagua le 6 janvier.
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Si vous avez envie d'en savoir plus sur la mission de Jean-François Dupras : www.jean-francoisdupras.com (Nouvelle fenêtre)