L'impact environnemental « insoutenable » de la vidéo et des données sur Internet

Les serveurs servant à la diffusion de vidéo en continu consomment énormément d'électricité.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les serveurs qui alimentent les services de diffusion en continu – Netflix, par exemple – ainsi que toutes les applications pour téléphones intelligents consommeront à l'échelle mondiale cette année presque autant d'énergie que toute l'électricité produite au Canada, selon un chercheur.
Anders Andrae, de l'entreprise Huawei Technologies en Suède, estime que les centres de données dévoreront jusqu'à 651 térawattheures d'électricité dans le monde en 2020 pour faire fonctionner leur matériel informatique et climatiser les lieux afin de prévenir toute surchauffe d'équipement.
Et ce n'est que le début. Cette demande en énergie risque de doubler au cours de la prochaine décennie si rien n'est fait, selon une étude du chercheur publiée dans l'International Journal of Green Technology.
Ce sera complètement insoutenable d'ici 2040.
Jane Kearns, experte en technologie et cofondatrice de l'Alliance CanadaCleantech qui travaille au centre d'innovation MaRS, à Toronto, est elle aussi préoccupée.
L'actuelle révolution des données nécessite une quantité immense d'énergie, dit-elle. Il y a des répercussions réelles pour la planète.
Notre salon ne se remplit pas de smog, parce que nous regardons Netflix. Alors on ne se rend pas compte des effets.
Qui sont les coupables?
Le visionnement de vidéos en continu sur des plateformes comme Netflix et Amazon Prime Video est responsable à l'heure actuelle de plus de 60 % du trafic Internet dans le monde, selon la firme ontarienne Sandvine.
À cette demande en hausse s'ajoutent celles de l'intelligence artificielle et des assistants vocaux pour la maison, notamment.
C'est sans parler des véhicules autonomes et des futurs réseaux cellulaires 5G, des industries appelées à croître énormément au cours de la prochaine décennie.
Plusieurs observateurs estiment que le secteur des technologies de l'information et des communications est responsable de 2 à 3 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur la planète, soit environ autant que l'industrie du transport aérien.
Des solutions vertes
Certains géants du web disent vouloir réduire leur empreinte carbone.
Par exemple, Amazon Web Services veut utiliser à « long terme » de l'énergie renouvelable uniquement. En 2018, 50 % de l'électricité utilisée par l'entreprise provenait de sources renouvelables.
Marc Musgrove, le porte-parole de l'entreprise californienne Virtual Realty – qui exploite des centres de données un peu partout dans le monde –, explique que beaucoup de clients comme Facebook exigent un virage vert. Pour nous, ce n'est pas seulement une bonne action; c'est une exigence
, dit-il.
Dans le centre de données de plus de 62 000 mètres carrés de l'entreprise, situé dans la région de Toronto, Virtual Realty refroidit son équipement durant une bonne partie de l'année grâce à l'air plus frais à l'extérieur. Un système d'échangeurs d'air est installé sur le toit pour garder les serveurs au frais à l'intérieur du bâtiment.

Virtual Realty a des serveurs à Toronto, dans l'édifice qui abritait les presses du journal « Toronto Star ».
Photo : CBC/Craig Chivers
Un marché pour le Canada
Virtual Realty a d'ailleurs choisi de s'installer au Canada en partie en raison du « climat » du pays, explique M. Musgrove.
D'autres contrées aux températures plus fraîches, comme l'Islande et l'Irlande, courtisent d'ailleurs les exploitants de centres de données.
Au Canada, la consommation énergétique des centres de données représente actuellement 1 % de la demande nationale en électricité, selon Ressources naturelles Canada.

Le président de la compagnie d'Ottawa Ranovus, Hamid Arabzadeh.
Photo : CBC/Thomas Daigle
Plusieurs entreprises canadiennes cherchent à mettre en œuvre des solutions vertes.
Par exemple, Smarter Alloys, de Waterloo, en Ontario, cherche à trouver le moyen de récupérer la chaleur produite par l'équipement informatique des centres de données, tandis que l'entreprise d'Ottawa Ranovus tente de maximiser la capacité de transmission des serveurs grâce au laser pour réduire leurs besoins en électricité.
Nous faisons face à un tsunami de données
, note le président de Ranovus, Hamid Arabzadeh.
« Si le secteur des technologies des données était un pays, remarque-t-il, seuls les États-Unis et la Chine auraient un plus grand impact sur les changements climatiques. »
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Avec les informations de CBC News