Les prescriptions sociales : un nouvel outil pour briser l'isolement

Le centre Stonegate offre notamment un programme de 12 semaines lors duquel les participants développent leurs habiletés en cuisine et apprennent sur la nutrition.
Photo : Radio-Canada
Imaginez un instant recevoir une ordonnance des mains de votre médecin pour un cours de yoga, de cuisine ou une activité de bénévolat. Les prescriptions sociales sont de plus en plus répandues dans le système de santé au Royaume-Uni. Elles permettent parfois de laisser les pilules de côté pour régler un problème de santé et briser l'isolement. Un projet pilote est d'ailleurs en cours en Ontario pour tester la pratique.
Gina Caradonna était d'abord sceptique lorsque son médecin au Centre de santé communauté Stonegate lui a écrit une prescription l'invitant à s'inscrire au programme culinaire du centre. Mais après seulement quelques séances, elle était comblée. La prescription lui a donné un but et une routine, ce qui lui a permis de briser son isolement et de modifier son alimentation.
« Je ne sors pas souvent de chez moi, donc on peut dire que la prescription m'a beaucoup aidée. »
Les prescriptions sociales ne remplacent pas les médicaments, insiste la responsable du projet pilote et porte-parole pour Alliance for Healthier Communities, Kate Mulligan. Cette nouvelle approche, qui a fait ses preuves au Royaume-Uni, permet toutefois un autre type de traitements.
C'est une autre façon d'améliorer la santé et le bien-être des patients. Et puisqu'on présente ça sous la forme d'une prescription conventionnelle, c'est une motivation supplémentaire
, explique-t-elle.
Le Centre Stonegate de Toronto fait partie des 11 groupes communautaires en Ontario qui remettent des prescriptions sociales dans le cadre d'un projet pilote. En plus des ateliers en cuisine, des séances de méditation ou de tai-chi sont offertes. Les activités sont surtout un prétexte pour socialiser.
Selon les médecins qui prennent part au projet, environ le tiers de tous les patients souffrent de stress chronique, d'anxiété ou de dépression. Depuis des années, les médecins encouragent leurs patients solitaires à faire de l'exercice, à mieux manger et à socialiser.
Or, ils remarquent que le simple fait d'écrire une prescription peut faire toute la différence. Nous avons maintenant plus d'outils et d'activités que nous pouvons réellement prescrire
, indique Dre Shannon Cohane.
« Il est essentiel de réunir les gens afin qu'ils réalisent qu'ils ne sont pas seuls. Ça améliore grandement leur santé mentale. »
Les personnes en situation d'isolement seraient particulièrement nombreuses à Toronto. La Dre Cohane parle même d'une épidémie
, particulièrement chez les personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Pour elle, les prescriptions sociales ont déjà fait leurs preuves. Certains de nos patients ne quittaient jamais leur domicile à moins d'avoir un rendez-vous chez le médecin. Maintenant qu'ils sont inscrits au programme hebdomadaire, ils ont des amis et une vie sociale. Ça change tout
, raconte-t-elle.
Le projet pilote a été lancé il y a un an et le rapport final de cette phase de test est attendu d'ici mars. Mais déjà, Kate Mulligan espère qu'il deviendra permanent et que d'autres centres adoptent les prescriptions sociales.