Groupe Capitales Médias : le tribunal approuve la restructuration

Des journaux de Groupe Capitales Médias (GCM).
Photo : The Canadian Press / Paul Chiasson
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Cour supérieure du Québec approuve le plan de restructuration des journaux du Groupe Capitales Médias en coopératives de travailleurs.
Les six quotidiens régionaux du Groupe Capitales Médias (GCM) sont donc sauvés. GCM compte quelque 350 employés permanents et publie les quotidiens régionaux Le Soleil de Québec, La Tribune de Sherbrooke, La Voix de l'Est de Granby, Le Nouvelliste de Trois-Rivières, Le Droit d'Ottawa et Le Quotidien de Saguenay.
Exit GCM, donc. La nouvelle entité portera le nom de Coopérative nationale de l'information indépendante (CN2i). Il s'agira du premier grand groupe de presse de nature coopérative au Québec
, a-t-elle fait savoir par communiqué.
Cette coopérative de producteurs, dont la direction a été confiée à Stéphane Lavallée – qui assumait la direction par intérim de GCM depuis le mois d'août –, sera elle-même composée de six coopératives de solidarité, une par quotidien.
Il y a maintenant 350 propriétaires. On est très satisfaits par la décision qui a été rendue par le juge Dumais
, se réjouit Jean-François Néron, vice-président de la CN2i.
Pour Le Soleil, pour l’information régionale partout au Québec, il y a six quotidiens qui, il y a quatre mois étaient menacés de fermeture et qui aujourd’hui sont sauvés
, ajoute Gilles Carignan, directeur général du Soleil de Québec.
M. Carignan estime que la journée est « historique » par l'apparition de médias gérés par des coopératives.
On n’avait jamais vu ce modèle-là à si grande échelle
, renchérit-il.
Sur Twitter, lundi en fin d'après-midi, le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon a souhaité la meilleure des chances à cette coopérative
, estimant qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour la diversité dans les médias
.
Pertes pour les retraités
Les retraités des journaux s'y étaient opposés, puisqu'ils y perdent entre 25 et 30 % de leurs revenus, en plus de leur accès au régime d'assurances.
Une clause du plan de relance, qui empêche les retraités d'intenter des poursuites dans l'espoir de récupérer leur manque à gagner, est également entérinée par le Tribunal.
Certaines des institutions ayant promis d'investir dans les coopératives menaçaient de retirer leurs billes si cette clause de quittance n'était pas acceptée.
Le tribunal éprouve beaucoup d'empathie pour ces retraités, tout comme pour les membres actifs. La situation est déplorable. Mais, il y a lieu de sauver ce qui peut être sauvé. Telle est la "big picture".
Les retraités furieux
L'Association des retraités du Soleil accueille pour sa part la décision avec un certain fatalisme.
C'est un nouveau coup de massue, mais je vous dit tout de suite que ce n'est pas terminé. Nous allons analyser très attentivement nos possibilités d'en appeler de cette décision
, assure le porte-parole, Pierre Pelchat. Depuis le mois de septembre, il y a un rouleau compresseur qui roule sur les retraités.
On a tenté de nous écraser. Les gens se sont sentis humiliés et ils vont se sentir appauvris dans les prochaines semaines.
Les retraités de GCM veulent maintenant s'adresser à la Cour d'appel.
En droit canadien, il n'y a aucune décision qui porte sur le pouvoir du tribunal de retirer des quittances d'un plan lorsqu'elles paraissent exorbitantes du droit, a commenté Me Tremblay. En 2018, la Cour d'appel a déclaré que c'était une question non résolue en droit de l'insolvabilité au Canada.
Les travailleurs actifs perdent aussi
, insiste pour sa part Jean-François Néron.
Il rappelle que le régime de retraite à prestations déterminées n'est plus accessible aux travailleurs et qu'ils ont accepté un gel salarial pour les deux prochaines années.
Les 350 employés de GCM ont accepté de verser 5 % de leur salaire dans des coopératives pour conserver leur emploi et maintenir la publication des journaux.
Selon Jean-François Néron, les seuls emplois appelés à disparaître à court terme sont ceux des employés de presse à Sherbrooke. Des départs qui étaient déjà prévus avant la restructuration de l'entreprise.