Une approche moins douloureuse pour le remplacement de la hanche et du genou

Le reportage de Normand Grondin
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plus de 20 000 Québécois subissent une chirurgie de remplacement de la hanche ou du genou chaque année. Cette intervention de routine peut comporter son lot de problèmes. Une équipe de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont a développé une approche pour améliorer grandement le confort des patients.
Depuis 2016, le chirurgien orthopédiste Pascal-André Venditolli et son équipe ont développé un nouveau protocole de remplacement de la hanche et du genou, dont les résultats sont souvent spectaculaires.
Beaucoup de patients chez qui on a opéré avec une technique standard et la nouvelle technique nous rapportent unanimement que c'était une grande amélioration pour eux, ils pensent qu'on n'a pas fait la même opération
, dit-il.
C'est ce qui est arrivé à Mme Soulière lors de son deuxième remplacement de hanche. La première intervention avait été difficile, mais la seconde se présentait mieux.
Ah, c'est merveilleux! C'est incroyable!
, affirme la patiente après la deuxième opération. Elle dit aussi ne pas ressentir de douleur.
Au début de la nouvelle pratique, l'équipe médicale s'est attaquée aux effets secondaires causés par la puissante médication employée durant une intervention classique, entre autres les opioïdes.
On s'est rendu compte qu'on a pu diminuer la quantité d'opioïdes qu'on donnait aux patients et privilégier des médicaments qui n'avaient pas d'effets secondaires ou très peu
, explique l'anesthésiste Louis-Philippe Fortier.
Résultat : à peine 13 % des patients opérés avec le nouveau protocole se sont plaints de douleurs postopératoires contre 67 % avec l'ancienne approche. Même chose avec les autres effets secondaires courants.
Aujourd'hui, la sédation est beaucoup plus légère, et le bas du corps du patient reste mobile.

Protocole ERAS sur les effets secondaires à l'opération
Photo : Radio-Canada
M. Miville Nobert s'est fait opérer l'an passé. Tout de suite après l'intervention, une infirmière l'a encouragé à monter et à descendre une dizaine de marches.
Quand je suis arrivé au bas des marches, elle m'a dit : "Il y a rien à faire avec vous, si vous voulez je vous donne votre congé, allez-vous-en à la maison"
, se rappelle-t-il.
Les jours suivants, il ne prend aucun des antidouleurs proposés.
L'infirmière m'a demandé si j'avais de la douleur, de zéro à dix c'était combien... J'ai dit : "C'est quoi ça, la douleur?" J'ai dit : "Je peux pas vous le dire, j'en ai pas"
, raconte-t-il.
Le nouveau protocole modifie également certaines pratiques chirurgicales. Notamment la façon de refermer la plaie et l'infiltration d'anesthésiques locaux.
Au bout du compte, tout cela diminue le temps d'hospitalisation du patient.
Pour la hanche, il est maintenant de quelques heures plutôt que de trois jours, et pour le genou, de 24 heures au lieu de 5 jours.

Protocole ERAS, durée de séjour
Photo : Radio-Canada
Opéré à la hanche en mars dernier, Stéphane Bernier, un travailleur de la construction, a récupéré très rapidement. C'est un autre des atouts du protocole : accélérer le retour à une vie normale.
À ma première semaine à la maison, je passais l'aspirateur avec une béquille et l'aspirateur dans l'autre main, se rappelle-t-il. À six semaines, je recommençais à travailler. Je fais de la rénovation. À six semaines j'étais en train de stripper une salle de bain.
Au final, la nouvelle approche médicale permet d'économiser en moyenne 1400 $ par opération de la hanche et plus de 4000 $ pour le genou.
L'équipe de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont travaille maintenant à implanter cette approche partout dans le pays.
D'après un reportage de Normand Grondin