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Pressé par la commission sur la DPJ, Québec compte agir dès le prochain budget

La commission a fait ses premières recommandations mercredi, en précisant qu'il y en aura d'autres.

Régine Laurent arrive avec une tasse à une conférence de presse.

La présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, Régine Laurent, presse Québec d'adopter des mesure correctives sans attendre la fin de ses travaux.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le gouvernement Legault entend apporter des mesures correctives au secteur de la protection de la jeunesse dès le prochain budget. Il respecte ainsi la demande que lui a adressée mercredi matin la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ), qui l'a pressé de ne pas attendre.

La commission présidée par Régine Laurent a fait ses premières recommandACTIONS après avoir entendu 77 témoins et consulté près de 200 mémoires au terme de 17 jours d’audiences répartis sur six semaines. Je dis bien "les premières" parce que ce sont loin d'être les dernières, a insisté en conférence de presse à Montréal Mme Laurent, dont le rapport final est attendu dans un an au plus tard.

Celles-ci incluent la mise en place dans toute la province du système des avis de grossesse, qui a été instauré en Estrie et dans Lanaudière et qui permet d'identifier des familles à risque avant les naissances. La CSDEPJ réclame également des efforts plus soutenus pour convaincre les familles vulnérables d’utiliser les ressources à leur disposition – en particulier les places qui leur sont réservées en centres de la petite enfance (CPE) –, de même que l'octroi d'enveloppes de fonctionnement aux organismes qui les accompagnent.

Régine Laurent a exhorté Québec à consacrer plus d'argent, dans son prochain budget, aux services aux familles, qui ont longtemps souffert des compressions. Ce n'est pas nécessaire de réinventer la roue pour prendre soin de nos enfants. On a des programmes qui ont été bien faits ailleurs et qu'on a adaptés au Québec, qu'on a été capables de mettre en place, mais on les a coupés.

Nous savons que le Québec jouit actuellement d'une marge de manœuvre financière enviable, a-t-elle signalé.

« Nous estimons que la préparation du prochain budget provincial offre une opportunité de faire bouger les choses sans attendre. »

— Une citation de  Régine Laurent, présidente de la CSDEPJ

Elle a dit vouloir informer le gouvernement des mesures qui auraient une incidence budgétaire tout de suite, notamment pour qu'on soit capable de juger de son sérieux à la sortie du budget.

Mme Laurent lors d'un point de presse.

La présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, Régine Laurent.

Photo : Radio-Canada

L'ancienne leader syndicaliste a rappelé que le premier ministre François Legault s'était montré ouvert dès la mise sur pied de la commission à l'idée d'agir avant la fin des travaux de la commission si des mesures étaient identifiées et pouvaient être à la fois efficaces et applicables rapidement.

Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, a dit les accueillir avec ouverture, lors d'une mêlée de presse à Québec, ajoutant même avoir un préjugé très favorable à leur égard.

« Je veux la rassurer : les recommandations ne seront pas tablettées. Et d’ici le prochain budget, on va mettre sur pied des mesures pour aider la première ligne. »

— Une citation de  Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux
Plan rapproché du Dr Carmant.

Lionel Carmant a dit apprécier le fait que les recommandations de Régine Laurent permettraient d'alléger le fardeau de la DPJ.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

On avait déjà planifié de renforcer la première ligne dans le prochain budget, a mentionné le ministre.

Mais il faut encore aller plus loin, et c'est ce que Mme Laurent nous dit, et j'ai bien entendu son message, a-t-il poursuivi.

M. Carmant n'était cependant pas prêt à dire tout de suite quelles mesures pourraient être mises en place le plus rapidement, soulignant que ses collègues et lui doivent d'abord prendre le temps de les analyser. Elles devraient néanmoins devenir effectives dans les prochains mois, a-t-il dit.

Les cinq premières recommandations de la CSDEPJ sont les suivantes :

  • Soutenir la mise en place de la déclaration de grossesse dans toutes les régions et y assortir un plan d’implantation et de suivi de la mise en œuvre.
  • Réinstaurer les conditions d’efficacité du programme de Services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (SIPPE), garantes de son efficacité, et investir les sommes nécessaires à consolider son déploiement dans toutes les régions du Québec et y assortir un plan obligatoire d’implantation et de suivi de mise en œuvre.
  • Déployer des stratégies pour rejoindre les familles vulnérables, afin qu’elles utilisent les 5 % de places mises à leur disposition dans les CPE et, au besoin, augmenter ce pourcentage.
  • Rendre accessible le Programme qualification jeunesse (PQJ) – qui permet d'accompagner les jeunes dans leur passage à la vie adulte – à toute la clientèle visée, selon l’ensemble de ses conditions gagnantes, dans toutes les organisations ayant pour mandat la protection de la jeunesse, et ce, dans les plus brefs délais. Assortir les nouveaux budgets d’un plan d’implantation et de suivi de la mise en œuvre et des résultats annuels de la fréquentation et des impacts sur les jeunes.
  • Accorder une aide financière couvrant tous les frais de fonctionnement des 260 organismes qui accompagnent les familles, au minimum 200 000 $ par année chacun, de façon récurrente et à long terme, en mettant en priorité les organismes communautaires famille (OCF) bien implantés dans leur milieu et travaillant en partenariat avec les organisations institutionnelles de proximité.

À notre avis, les organismes communautaires de proximité peuvent jouer un rôle d’intermédiaire pour tendre la main à des familles pouvant craindre les intervenants des organismes institutionnels, a fait valoir Régine Laurent au sujet de cette dernière recommandation, qui devrait coûter au moins 52 millions de dollars.

La Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) était enchantée des demandes de la CSDEPJ.

Le manque de financement constitue un défi majeur pour les OCF de la province, et la recommandation formulée par la commission Laurent démontre l’importance d’investir dans le soutien aux parents, a dit sa directrice générale Marie-Eve Brunet Kitchen.

Il ressort des propositions de la CSDEPJ que les différentes régions du Québec ne bénéficient pas toutes des mêmes programmes. Mais si ça marche et que c’est bon, et on le voit que c’est bon pour les enfants, bien mettez-les partout!, a insisté Mme Laurent.

Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux, a pour sa part affiché la même volonté prudente que M. Carmant.

On va appliquer le plus possible ce qui est recommandé, a-t-elle dit, tout en admettant avoir certaines interrogations, notamment au sujet des avis de grossesse. Je ne vais pas m’avancer tout de suite. [...] J’ai besoin vraiment d’avoir un peu plus d’éclairage de la part de mon équipe et de la part de la commission.

La prévention priorisée

Ce que j'aime de ses demandes, c'est qu'elles sont toutes en amont de la DPJ, a noté Lionel Carmant. Ça va avec ce qu'on dit : qu'il faut faire plus de prévention pour que la DPJ devienne en mesure d'exception, comme elle l'était initialement.

« Il faut qu'on comprenne collectivement les impacts sur les tout-petits – et je parle de bébés – quand on n'agit pas rapidement. »

— Une citation de  Régine Laurent, présidente de la CSDEPJ

Il faut agir le plus tôt possible, dès la grossesse quand c'est possible, a appuyé Mme Laurent. Agir rapidement et répondre à l'ensemble des besoins.

Le ministre Carmant a répété qu'il est déterminé à prendre les moyens qui s'imposent pour la situation s'améliore bien avant la conclusion du mandat de Régine Laurent.

J'espère que, quand le rapport Laurent va être déposé, le problème des listes d'attente soit disparu, donc qu'il n'y ait plus de délais d'attente pour que les enfants soient pris en charge, a-t-il dit. Ensuite, on verra avec les autres recommandations.

Loin d'être terminés, les travaux de la CSDEPJ doivent reprendre en janvier prochain. Des audiences publiques sont prévues jusqu'en mai prochain, à Montréal, Québec, Sherbrooke, Saguenay, Gatineau et Rimouski.

Les intervenants de la DPJ, on va beaucoup les entendre en 2020, a affirmé Mme Laurent.

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