Des refuges refusent des femmes et des enfants victimes de violence, faute de place

Selon Statistique Canada, plus de 99 000 personnes de 15 à 89 ans ont été l'objet de violence aux mains d'un partenaire intime en 2018 au pays.
Photo : getty images/istockphoto / PKpix
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les centres qui accueillent les femmes victimes de violence à Toronto débordent, parce que celles qui y sont hébergées ont d'énormes difficultés à se trouver un logement abordable. La conséquence : ces refuges doivent refuser d'autres femmes et enfants dans le besoin.
La dernière fois qu'on a eu un lit de disponible, ça date d'il y a plus d'un mois
, explique Jeanne François Mouè, la directrice du centre La maison, le seul foyer d'hébergement pour femmes francophones victimes de violence à Toronto.
Elle affirme que depuis le mois d'avril, La maison a refusé 17 femmes ainsi que leurs enfants qui vivaient des situations de violence familiale.
Elle raconte qu'une famille réside à La maison depuis plus d'un an parce qu'elle est incapable de trouver un logement à prix modique.
À lire aussi :
Une situation répandue
La métropole compte 14 foyers pour femmes violentées, ce qui représente environ 300 lits.
Selon l'organisme Assaulted Women Helpline, qui oriente les femmes vers les maisons d'hébergement, ces foyers sont pleins à 99 %.
Chaque matin, l'organisme envoie une liste des centres où il y a une place disponible à la ligne Fem'aide, qui soutient les femmes francophones. La plupart du temps, on ne reçoit rien, parce qu'il n'y a pas de places
, explique Roza Belai, l'agente de liaison de la ligne.
« Ce sont des femmes qui se retrouvent carrément dans la rue. »
Les femmes et leurs enfants doivent alors se tourner vers les refuges pour sans-abri de la Ville de Toronto.
La situation inquiète la directrice de l'association ontarienne Interval and Transition Houses, Marlene Ham. Si les femmes n'ont nulle part où aller, elles peuvent décider de rester dans une situation violente.
L'organisme a répertorié 37 homicides de femmes et d'enfants victimes de violence familiale du 25 novembre 2018 au 25 novembre 2019 en Ontario.
Selon Marlene Ham, il faut augmenter l'accessibilité aux logements à prix modique pour permettre aux familles dans les centres de céder leur place à d'autres.
Crise du logement
Le coût moyen d'un appartement d'une chambre dépasse 1500 $ par mois à plusieurs endroits dans la métropole et ses banlieues, selon l'analyse de la compagnie Rentals.ca
Jeanne Françoise Mouè note que la recherche de logement est encore plus difficile pour les femmes qui bénéficient de l'aide sociale. Les propriétaires aujourd'hui ne prennent plus les femmes qui ont pour source de revenu Ontario au travail.
L'accès au logement social devient aussi de plus en plus complexe et difficile, selon elle.
« Les femmes sont découragées. »
La Ville de Toronto indiquait en avril dernier que plus de 100 000 ménages étaient sur la liste d'attente pour avoir un accès à un logement à prix modique.