Les caléchiers déposent une demande d'injonction pour poursuivre leurs activités

Le propriétaire de Calèches Lucky Luc dans son écurie.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
À deux semaines de l’entrée en vigueur de l’interdiction d’exploiter une calèche à Montréal, le propriétaire de l’entreprise Calèches Lucky Luc a déposé une demande d'injonction en cour lundi pour empêcher la Ville d’aller de l’avant.
En juin 2018, Montréal avait adopté un règlement interdisant les calèches sur son territoire à partir du 1er janvier 2020, dans le but de protéger la santé et le bien-être des chevaux.
La Ville affirme notamment que les périodes de chaleur extrême que l’on connaît de plus en plus fréquemment l'été, les chantiers de construction qui se multiplient, en plus du nombre de voitures qui augmente, obligent les animaux à travailler dans des conditions trop difficiles.
Mais pour Luc Desparois, ces arguments sont illogiques et mensongers, et il a bien l'intention de faire annuler le règlement.
« Ce n’est pas vrai que faire de la calèche c’est difficile sur un cheval, ce n’est pas vrai que les chevaux sont maganés à Montréal et ce n’est pas vrai que les chevaux n’aiment pas marcher et travailler. »
Les histoires [invoquées par la Ville] que la pollution sonore et la pollution atmosphérique ce n’est pas bon pour un cheval [c’est faux]. Qu’est-ce qu’elle fait des enfants et des familles qui viennent dans le Vieux-Montréal? Pour eux c’est correct, mais pour un cheval qui est gros, qui est gras et qui a des poumons cinq fois plus gros que les nôtres, pour lui ce n’est pas bon?
, remarque-t-il.
M. Desparois indique qu'il est prêt à se battre jusqu'au bout pour préserver son métier.
Je n’arrêterai pas après l’injonction. […] Les menteries, c’est assez. Ceux qui disent des menteries, on va les poursuivre, parce que nos chevaux, ça fait partie de nos vies. On a investi nos vies là-dedans
, dit-il.
L’homme, qui a déjà été sous la loupe de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) il y a quelques années en raison de nombreuses plaintes sur l’état de santé de certains de ses chevaux et l’insalubrité de son écurie, affirme qu’« il y a peut-être eu de l’abus il y a longtemps », mais que cela n’est plus le cas aujourd’hui.
Avec tous les téléphones et tout le monde qui nous surveille à la loupe. Et on doit avoir à peu près 20 inspections par année sur nos chevaux par des vétérinaires
, souligne-t-il.
Montréal ne bronche pas
De son côté, la Ville de Montréal n'a pas l'intention de revenir sur sa décision, mais assure qu’elle ne laissera pas tomber les cochers
.
« On a offert beaucoup d’aide aux cochers. Ils ont un programme spécial avec Emploi-Québec et le gouvernement fédéral. Il y a eu des rencontres cet été pour pouvoir les recycler comme guides touristiques. Aussi, il y a le programme d’aide de prise en charge des animaux. »
Ce dernier programme, qui propose d'acheter les chevaux pour 1000 $ chacun et de les confier ensuite à des refuges ou à des familles adoptives, pour éviter qu’ils ne se retrouvent à l’abattoir, est qualifié « d’insultant » par Luc Desparois.
On en a investi plusieurs 1000 $ dans nos chevaux
, lance-t-il.
Le programme n’est d’ailleurs pas tellement populaire puisque, jusqu’à maintenant, un seul cheval a été pris en charge, selon M. Parenteau, qui espère que d’autres cochers s’en prévaudront après la date fatidique du 1er janvier.
La demande d’injonction, qui est une requête d’urgence, a été déposée lundi par Luc Desparois, qui sera de retour en cour mardi pour se faire entendre.
En mai 2016, la Cour supérieure avait déjà accepté une demande d'injonction provisoire déposée par des cochers pour annuler le moratoire d’un an que la Ville de Montréal voulait imposer sur la circulation des calèches dans le Vieux-Montréal. L’administration Coderre, à cette époque, avait alors levé le moratoire sans poursuivre les démarches judiciaires.
Avec des informations de Pascal Robidas