Du béton fait à partir de fruits de mer
Un béton plus vert est en cours d'élaboration aux Îles-de-la-Madeleine.
Photo : Radio-Canada / Sebastien Vachon
Le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM), aux Îles-de-la-Madeleine, planche sur un ambitieux projet de béton écologique, fait à partir de résidus de fruits de mer et de sédiments de dragage.
L'idée est de diminuer les coûts élevés liés aux roches importées du continent pour faire de l'enrochement et de proposer des solutions plus écologiques afin de protéger les côtes de l'érosion des berges.
Avec les tempêtes qui sont plus fréquentes et qui accélèrent l'érosion des côtes, faire de l'enrochement aux Îles-de-la-Madeleine coûte cher, très cher, en plus de ne pas être la solution la plus écologique.
« Nous, ce qu'on a tenté de faire, c'est qu'on travaille avec différents industriels ici et avec le Département de génie civil de l'Université de Sherbrooke pour fabriquer de la roche artificielle qui viendrait soulager l'importation de roche. C'est ce qu'on a baptisé "béton vert". »
Le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes veut ainsi développer une recette de béton composée, en partie, de carapaces de crabe et de homard, ainsi que de sédiments de dragage. Des résidus qui seront interdits dès l'an prochain au Centre de tri des Îles.
Ainsi, 1200 tonnes de carapaces de fruits de mer devront avoir une seconde vie et être revalorisées.
« Aux Îles, le problème, c’est que la roche qu'on a n'est pas assez résistante pour se qualifier dans le cahier des charges qui est demandé pour faire des structures de lutte [contre] l'érosion côtière. »
Le Centre de recherche madelinot va ainsi construire, au cours de la prochaine année, un laboratoire-usine pour tester sa recette de béton vert et développer d'autres solutions à partir de résidus industriels.
Ses chercheurs ont même intégré du bardeau d'asphalte, broyé, dans le mélange utilisé pour asphalter une petite route sur le terrain où sera érigée son usine pilote.
Même si l'érosion des berges s'accélère et impose des interventions rapides, il faudra toutefois être patient avant d'utiliser ce béton vert dans les structures de protection côtière.
« Dans la lutte [contre] l'érosion côtière, dans le contexte nord-américain dans lequel on est, particulièrement celui des Îles-de-la-Madeleine, les solutions toutes faites qu'on peut importer ici n'existent pas. Alors il faut accepter qu'on soit en mode développement et qu'il y a plusieurs solutions qui vont apparaître au cours des prochaines années et qui n'existent pas encore. »
Le Centre de recherche madelinot se donne encore deux ans pour développer une recette de béton vert qui sera à point et qui pourra remplacer une partie de la roche importée du Nouveau-Brunswick.