COP25 : la bourse du carbone divise les négociateurs à Madrid

Des débats portant sur le marché mondial du carbone pourraient être reportés au prochain sommet sur le climat l'an prochain.
Photo : Getty Images / Cristina Quicler
Les négociations stagnent au sommet de la COP25 sur le climat à Madrid, et les représentants de 200 pays s’attendent à ce que certaines discussions clés concernant la lutte contre les changements climatiques soient reportées à l’an prochain.
Les débats ont d’ailleurs été séparés en deux grands groupes : ceux se rapportant à l’aide accordée aux pays plus pauvres pour qu’ils puissent faire face aux changements climatiques et ceux concernant un accord sur un marché mondial du carbone.
C’est maintenant le temps de montrer au monde que nous sommes capables d’arriver à un consensus et à un accord nécessaire pour contrer cette crise qui vise la planète entière
, a déclaré celle qui préside les négociations, la ministre chilienne de l’Environnement Carolina Schmidt.
Les discussions sur certains enjeux ont progressé plus rapidement que d’autres, mais il y a un optimisme généralisé, et certains terrains d’entente ont commencé à émerger
, a-t-elle ajouté.
Un élément important a été la décision des pays européens de faire en sorte que l’Union européenne soit « neutre en CO2 » d’ici 2050.
La décision européenne a été incroyablement importante
, souligne Helen Mountford du centre d’études environnementales World Resources Institute à Washington. Cela signifie que ces pays arrivent à la table avec une poigne beaucoup plus forte et qu’ils peuvent aider à accomplir ce qui doit être fait pour répondre à nos ambitions.
Le marché du carbone, encore une pierre d'achoppement
Là où les discussions sont plus laborieuses, c’est autour de l’article 6 de l’Accord de Paris, qui doit introduire un marché du carbone mondial. Cet article avait été laissé en plan lors de la conférence de Katowice, en Pologne, l’année dernière.
On n'arrive pas à s'entendre sur les règles. Il y a des pays qui veulent des règles plus flexibles et avoir plus de temps pour fixer [le fonctionnement du marché]
, explique Étienne Leblanc, envoyé spécial de Radio-Canada à Madrid. D'autres pays veulent des règles robustes pour s'assurer que la transparence est au rendez-vous.
La question du respect des droits de la personne est également au cœur des négociations entourant la mise sur pied de ce marché international.
Greenpeace est d’ailleurs montée au front, sa directrice générale Jennifer Morgan qualifiant le texte de « complètement inacceptable » dans sa forme actuelle.
Il n’est pas à la mesure de la science, il n’a pas pour but d’inciter les parties à augmenter leurs ambitions [de réduction de gaz à effet de serre] pour l’an prochain. Il y a donc beaucoup de travail à faire dans les heures à venir.
Les militants écologistes toujours déterminés
Les militants environnementalistes inscrivent leurs actions dans la durée. Ils annoncent d’ores et déjà qu’ils vont perturber le prochain sommet qui aura lieu à Glasgow en 2020.
Le mouvement Extinction Rebellion se dit prêt à perturber
la COP26 si les négociations continuent au rythme actuel.
Adrinana Gonsales, 19 ans, membre d’Extinction Rebellion, a manifesté devant le bâtiment où se tenait la réunion, en attachant son cou à une barque jaune.
Nous sommes cadenassés parce que notre futur est condamné [...] Nous sommes ici devant la plus grande opération de greenwashing [écoblanchiment] de l'année.
L'océan arrive, nous aussi!
, ont ainsi scandé en chœur les militants d'autres organisations écologistes internationales, dont Greenpeace et Fridays for future, rassemblées pour ce qui devait être le dernier jour du sommet. La fin de l'événement a toutefois été repoussée afin de permettre d'ultimes négociations entre les délégations.
Près de 300 militants de diverses organisations ont fait front commun vendredi devant la COP25 à Madrid.