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Heures d’ouverture : amendes salées pour des disquaires du Mile End

Le magasin Phonopolis, sur la rue Bernard, dans le quartier Mile End.

Le magasin Phonopolis, rue Bernard, dans le quartier Mile End.

Photo : Facebook / Phonopolis

Radio-Canada

Plusieurs disquaires indépendants se disent inquiets face à leur avenir dans le Mile End après avoir reçu des amendes de plusieurs milliers de dollars pour être restés ouverts plus tard que 17 h la fin de semaine.

D'après un texte de Colin Harris, de CBC News

Le 13 avril dernier, quatre magasins de disques – Phonopolis, Sonorama, La Rama et Death of Vinyl – ont reçu la visite d’un inspecteur du ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui leur a tous laissé un avis stipulant qu’ils opéraient en dehors des heures d’ouverture permises par la loi.

Au début du mois de décembre, les propriétaires ont finalement reçu des amendes très salées, émises par le ministère de la Justice.

Les visites de l’inspecteur se sont déroulées lors du Record Store Day, une journée annuelle de promotion organisée par les disquaires indépendants afin d'inciter le public à se rendre dans leurs boutiques.

Eduardo Cabral, copropriétaire de Sonorama, a indiqué que c’était la première fois en 35 ans de carrière qu’il recevait une visite d’un inspecteur provincial.

La façade du magasin de disques Sonorama, sur la rue Bernard, dans le quartier Mile End.

La façade du magasin de disques Sonorama, rue Bernard, dans le quartier Mile End.

Photo : Facebook / Sonorama

Plutôt que de donner un avertissement à Cabral, l’inspecteur lui a remis un avis stipulant que sa cause serait transmise au ministère de la Justice afin qu'il détermine le montant de l’amende qui lui serait imposée – le minimum étant de 1500 $.

Au début de décembre, il a reçu un avis par courriel dans lequel on lui demandait de payer 2000 $ plus les frais, puisque son entreprise était restée ouverte trop tard durant le week-end du 12 au 14 avril.

« C’est presque trois mois de paye qu’ils nous prennent... Ce n’est pas correct », a-t-il affirmé à CBC News. « Est-ce que je devrais rester ouvert? Devrais-je fermer le magasin? Ça pourrait aller jusque là… »

Une loi aberrante

Situé rue Bernard Ouest, près de l’avenue du Parc, le magasin Phonopolis s'est quant à lui vu imposer une amende de plus de 2900 $ pour deux infractions survenues en avril dernier, relativement à ses heures d’ouverture.

« C’est ahurissant. C’est une loi aberrante qui a très peu de sens. Elle permet de cibler certaines entreprises plutôt que d’autres », a affirmé Nick Kirschner, copropriétaire du Phonopolis, en entrevue à l'émission Let's Go, sur CBC Montreal.

« Nous essayons d'opérer avec les meilleures intentions et dans les meilleures dispositions, dans le respect de la loi, et nous avons énormément de difficulté. »

Les entreprises concernées considèrent contester les amendes. Elles soutiennent que le tronçon de l’avenue Bernard qui s’étire jusque dans le Mile End devrait être désigné comme zone touristique, ce qui leur permettrait de rester ouvertes plus tard.

« Pour tout le monde, c’est un quartier touristique, affirme Cabral. Il y a des [groupes] de touristes qui passent sur la rue environ 10 fois par semaine. »

Les librairies exemptées – même si elles vendent des disques

La loi qui régit les heures d’ouverture permet à certains types d’entreprises d’être exemptées, notamment les librairies et les boutiques qui vendent principalement des œuvres d’art ou des antiquités.

Toutefois, les magasins de disques – qui vendent principalement des vinyles neufs et usagés, ainsi que des livres et des magazines – ne rencontreraient pas les critères. 

Pourtant, à quelques coins de rue seulement de l’avenue Bernard, sur l’avenue du Parc, la succursale de Renaud-Bray est ouverte tous les jours jusqu’à 22 h.

« C’est très injuste, affirme Mathieu Grondin, porte-parole pour MTL 24/24, qui milite pour la culture et la vie nocturne et de Montréal. 

« Vous avez des chaînes majeures comme Renaud-Bray et Archambault, qui sont des librairies [mais] qui vendent aussi des disques, et elles peuvent rester ouvertes les fins de semaine après 17 h, sans aucun problème », affirme-t-il. 

L’augmentation du prix des loyers change le visage du Mile End

Mathieu Grondin affirme que les petits magasins de disques sont des pôles culturels où les DJ et les danseurs achètent leur musique et font du réseautage.

Avec les loyers constamment en hausse dans le Mile End, il est de plus en plus difficile pour les propriétaires d’entreprises locales de rester en vie. Les récentes mesures de répression mettent de la pression supplémentaire sur les personnes mêmes qui ont donné au quartier son cachet culturel international, affirme-t-il.

Pourquoi utiliser un marteau pour tuer une mouche?

Une citation de Mathieu Grondin, porte-parole pour MTL 24/24

« Plusieurs salles de spectacle ont fermé récemment... Cela n’est vraiment d’aucune aide », ajoute-t-il.

Montréal pourrait user de son statut de métropole

Mathieu Grondin affirme que la ville de Montréal pourrait élargir les heures d’ouverture par elle-même, en utilisant les pouvoirs qu’elle a acquis lorsqu’elle a reçu le statut de métropole en 2017, avec l’adoption du projet de loi 121, la Loi augmentant l’autonomie et les pouvoirs de la Ville de Montréal. 

« [Cette loi] fournit une boîte d’outils, mais les personnes à la Ville semblent un peu timides à les utiliser. »

« Nous n’avons pas à demander d’aide à Québec pour faire ces changements. »

Catherine Cadotte, porte-parole de la mairesse Valérie Plante et du comité exécutif de Montréal, a indiqué que son équipe étudiait les façons de mieux encadrer les heures d’ouverture en soirée, en utilisant les pouvoirs accordés par cette loi.

Bien que les amendes aient été imposées en vertu de la loi provinciale, elle a affirmé : « Nous sommes plus que disposés à soutenir les entreprises locales, et nous pouvons accorder des exemptions spécifiques, si les entreprises nous le demandent. »

La ville tient présentement une consultation pour examiner le problème des locaux vacants qui se multiplient dans plusieurs quartiers de Montréal.

Le ministère de l’Économie et de l’Innovation n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de précision de CBC.

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