L'Université de Moncton a un rôle de leader international à jouer, selon son futur recteur
Denis Prud’homme entrera en fonction le 1er juillet 2020

Denis Prud'homme deviendra recteur de l'Université de Moncton le 1er juillet 2020.
Photo : Radio-Canada / Liam St-George Avison
Améliorer l’expérience des étudiants tout en créant des liens avec la communauté : le futur recteur de l’Université de Moncton énumère des priorités qui sont tournées vers des révisions internes. Pour Denis Prud’homme, l’Université de Moncton a un grand potentiel qui reste à développer.
Je dis souvent : je fais de l’administration comme je fais de la médecine. C’est-à-dire développer un climat de confiance, avoir une bonne écoute et poser des questions. Et faire ce qu’on appelle une prise de décision partagée
, déclare le Dr Prud’homme.
Originaire du Québec, Denis Prud’homme a été nommé samedi recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton. Il entrera officiellement en fonction le 1er juillet 2020.
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Denis Prud’homme détient un doctorat en médecine, un certificat de spécialiste en médecine familiale, un baccalauréat et une maîtrise en sciences de l’activité physique. Il a géré la Faculté des sciences de l’Université d’Ottawa de 2002 à 2012 et est depuis 2013 vice-président académique de l'Hôpital Montfort.
Interrogé sur les raisons qui l'ont incité à postuler à l'Université de Moncton, le Dr Prud’homme évoque ce qu'il considère comme le fort potentiel de l'institution.
« C’est une université francophone, c’est une université importante au Canada, qui est importante pour sa communauté acadienne. Je la vois aussi comme une université qui devrait être à l’avant-plan, avoir le leadership au niveau de la francophonie canadienne et internationale. »
Le futur recteur a déjà une longue liste de priorités. Il souhaite créer un climat de collaboration.
Les priorités
- Mettre en place un plan stratégique à long terme : de 2020 à 2030
- Améliorer l’expérience des étudiants pour une meilleure rétention de ceux-ci
- Développer des stratégies de prévention en santé mentale
- Augmenter le nombre d’étudiants
- Mettre en place une nouvelle campagne de collecte de fonds
- Cultiver une approche collaborative avec les partenaires communautaires et politiques
- Développer la recherche et les partenariats.
Selon lui, pour une université de la taille de celle de Moncton, il est important de garder ses étudiants. Beaucoup d’entre eux abandonnent entre la première et la deuxième année. Il faut donc selon lui améliorer l'expérience des étudiants et porter une attention spéciale aux problèmes de santé mentale.
Compte tenu de la problématique de santé mentale qui est croissante dans l'ensemble des campus, il faut développer de nouvelles stratégies en engageant aussi les professeurs pour avoir de la prévention, du dépistage et une offre de services
, explique le Dr Prud'homme.
L’une de ses cibles est aussi d’augmenter le nombre de nouveaux étudiants, mais il n’a pas voulu avancer de chiffres pour le moment.
C’est une université à échelle humaine, et même si on augmente le nombre d’étudiants, elle va rester toujours une université à taille humaine
, croit-il.
Les étudiants étrangers
L’Université de Moncton accueille un grand nombre d’étudiants étrangers. Ils représentaient 20 % de la population étudiante à la rentrée 2019-2020.
On va continuer dans ce sens-là. L’Université de Moncton, a certains atouts dont son ratio étudiants-professeurs. Il faut s’en servir, non seulement pour recruter les étudiants étrangers, mais aussi les étudiants francophones dans les autres provinces
, indique M. Prud'homme.
L’augmentation des droits de scolarités ces deux dernières années a été particulièrement difficile pour les étudiants étrangers.
En 2014, les droits étaient de 9972 $ pour les étudiants étrangers. Pour l’année 2017-2018, ils s'élèvaient à 10 685 $.
Cette augmentation peut être en porte-à-faux avec la volonté d'accroître le recrutement international.
Pour le futur recteur, ce problème est un enjeu qui est pancanadien
, et se pencher sur la question fera partie de son rôle, affirme-t-il.
Financement
Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgs a procédé à des coupes dans les subventions à l'Université de Moncton, notamment pour le programme de science infirmière.
Ces compressions ont entraîné par une hausse générale des droits de scolarité : une augmentation de 2 % à la rentrée 2018 et puis une seconde de 8 % en 2019.
Denis Prud’homme s’engage, dès son arrivée en juillet prochain, à entrer en contact avec le gouvernement afin de demander plus d'investissement dans l’éducation.
C’est le rôle du recteur de développer une stratégie pour assurer et maintenir des pressions au niveau du gouvernement pour qu’il contribue à sa juste part au coût des universités
, explique-t-il.
Aux yeux de M. Prud’homme, la relation entre le gouvernement et les universités peut-être une relation réciproque. C’est dans cette optique qu’il compte approcher le gouvernement Higgs .
C’est très important de maintenir la communication et de vendre au gouvernement comment les universités peuvent les aider à rencontrer leurs propres objectifs, que ce soit sur le plan de l'éducation, de l’économie ou de l’innovation
, conclut le futur recteur.