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Archives

Au lendemain de la tragédie de Polytechnique

Ambulance devant l'entrée principale de l'École Polytechnique

Chaque 6 décembre, on commémore l'attentat antiféministe survenu à l'École Polytechnique de Montréal.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le 6 décembre 1989, en fin d'après-midi, un homme armé entre dans l'École polytechnique de Montréal et tire sur des jeunes femmes. Cet attentat antiféministe restera à jamais gravé dans notre histoire. Nos archives témoignent des réflexions engagées par les survivantes dans les jours suivant cette tuerie.

« Est-ce qu’il y a des morts? Combien de blessés? Qu’est-ce qu'on sait? », demande la présentatrice Marie-Claude Lavallée au bulletin de nouvelles Montréal ce soir du 6 décembre 1989.

« C’est un événement d’une extraordinaire gravité », lui répond son collègue journaliste Roger Laroche, qui ne dispose que d’informations fragmentaires sur la fusillade qui vient de se terminer.

C’est peu après 17 h que des coups de feu ont éclaté dans les couloirs de l'École polytechnique de Montréal. Le tireur a semé la mort sur trois étages de l'institution qui forme des ingénieurs depuis 1873. Puis il s’est enlevé la vie en se tirant une balle dans la tête.

Cette dernière information, le journaliste Roger Laroche peut la confirmer.

Envoyés sur place, les journalistes Alexandre Dumas et Ruth Loiselle tentent de communiquer plus de détails en fin de bulletin.

Alexandre Dumas rend compte de trois morts et d’une demi-douzaine de blessés. Ruth Loiselle recueille pour sa part le témoignage d’un étudiant qui a voulu secourir des victimes.

On ne connaît pas encore les motifs de cet homme qui portait une chemise à carreaux et qui fréquentait possiblement l’établissement.

Et on est bien loin du bilan final de 14 victimes. Toutes des femmes.

Un constat qui plongera le pays entier dans l’incompréhension et la douleur.

« On était juste des filles en génie qui voulaient juste mener une vie ben normale »

Nathalie Provost, 23 ans, a vu le tireur entrer dans sa classe de génie mécanique avec son arme, puis en faire sortir les hommes.

C’est de son lit d’hôpital qu’elle témoigne de la courte conversation qu’elle a eue avec lui avant qu’il n’ouvre le feu sur les neuf femmes restantes dans la classe.

Reportage de Claude Gervais qui rend compte de la conférence de presse de Nathalie Provost, de son lit d'hôpital après l'attentat de Polytechnique.

Le journaliste Claude Gervais rend compte de sa conférence de presse au Montréal ce soir du 8 décembre 1989.

« On est juste des femmes qui étudient en génie, pas nécessairement des féministes », a-t-elle exprimé au tireur qui venait de déclarer sa haine pour les féministes.

Mais ses mots n’ont eu aucun effet. Marc Lépine a tiré de gauche à droite sur les étudiantes de la classe avant de poursuivre son massacre dans d’autres locaux de l’école.

« Je veux que toutes les filles qui se sont déjà dit qu’elles aimeraient peut-être ça aller en génie, qu’elles n’arrêtent pas avec ce qui est arrivé mercredi », exprime Nathalie Provost deux jours après le drame. « Il faut qu’on se tienne les coudes serrés les femmes parce que c’est incompréhensible, mais il ne faut pas se laisser abattre par un malheur ».

Entrevue de Madeleine Poulin avec la témoin Heidi Rathjen sur le caractère misogyne de l'attentat de Polytechnique.

Heidi Rathjen choisit aussi de parler publiquement au lendemain de la tragédie de Polytechnique.

Madeleine Poulin recueille son témoignage pour Le Point du 7 décembre 1989.

L’étudiante en génie civil a vécu l’événement terrée dans un local avec quelques camarades.

Elle exprime à présent la peur qu’un tel crime haineux puisse se reproduire.

« Il faut prendre position maintenant. Personne n’a le choix maintenant de dire : “Ah, c’est juste 14 personnes qui ont été assassinées de telle façon”. C’est 14 filles, puis pour une raison misogyne. »

— Une citation de  Heidi Rathjen

Sa tristesse et sa colère, Heidi Rathjen les utilisera dans le combat qu'elle mènera par la suite pour un meilleur contrôle des armes à feu.

Heidi Rathjen, 10 ans plus tard

Extrait de l'émission spéciale sur la tragédie de Polytechnique sur les ondes de RDI. L'animateur Michel Jean s'entretient avec Heidi Rathjen de la loi canadienne sur les armes qui a suivi la tragédie de Polytechnique.

Le 6 décembre 1999, l’animateur Michel Jean s’entretient avec Heidi Rathjen pour l’émission spéciale Dix ans plus tard se souvenir pour agir.

L’ancienne étudiante de Polytechnique y est présentée comme la cofondatrice de la Coalition pour le contrôle des armes à feu.

Une coalition qui a lutté pendant plusieurs années pour que la possession d’armes soit mieux encadrée et qu’elle soit considérée comme un privilège, et non un droit.

Adoptée par le gouvernement canadien en 1995, la Loi sur les armes à feu est, selon Heidi Rathjen, une des choses qui ont changé depuis le massacre.

« C’est un outil essentiel pour combattre toutes les formes de violence avec armes à feu. »

— Une citation de  Heidi Rathjen

Heidi Rathjen souligne aussi que chacune des commémorations de la tragédie de Polytechnique démontre que notre société ne tolère pas la violence.

Nathalie Provost, 20 ans plus tard

Entrevue de Bernard Derome avec Nathalie Provost sur ses réflexions de la tragédie de Polytechnique qu'elle a vécue sur la première ligne. Remerciements pour images dans le reportage: Take Two Interactive Software Les Productions Remstar

Nathalie Provost accorde pour sa part une entrevue à Bernard Derome le 3 décembre 2009, dans le cadre de la série Les années Derome.

Celle qui a vécu la tragédie de Polytechnique dans toute son horreur ne garde pas en mémoire une grande colère, mais un sentiment d’urgence, de fébrilité.

En reprenant connaissance après l’attentat, elle se souvient avoir pensé : je veux fuir ce monde-là.

« Je me souviens m'être abandonnée dans les bras de la mort. Je me souviens parce que j'ai vu des yeux mourir. »

— Une citation de  Nathalie Provost

Le 6 décembre 1989, Nathalie Provost a pris conscience que le Québec pouvait être une société aussi dure que les autres. Un traumatisme qu’elle juge encore très vif dans l’ensemble de la société québécoise.

« Pour moi, dans Kimveer Gill, dans les deux jeunes de Columbine, il y a une détresse qu'on ne discerne pas et puis qu'on n'arrête pas », exprime Nathalie Provost avec une pointe d’espoir en 2009. « C'est ça contre lequel on doit se battre. »,

Comment on peut agir pour qu'il y ait des conditions de vie un peu plus douces pour que ne germent pas de telles douleurs. Qu'est-ce qu'on peut faire?

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