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Être étudiantes en génie, 30 ans après Polytechnique

Une enseigne accrochée sur un mur de brique, sur laquelle il est inscrit Faculté de Génie

En 1989, il n’y avait aucune femme professeure à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke. En 2019, elles sont toujours minoritaires et sont 12 sur 101 professeurs.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Pour beaucoup des étudiantes de la Faculté de génie de l'Université de Sherbrooke, l’attentat antiféministe de Polytechnique est un pan de l’histoire qu’elles n’ont pas connu. Pourtant, cet événement résonne en elles et leur donne envie de poursuivre dans la profession. Leur but : prouver que les femmes ont tout autant leur place que les hommes dans le domaine de l'ingénierie.

Quand je me suis inscrite, la chose que les gens avaient tendance à me dire c’est “tu vas être entouré de garçons”, explique l’étudiante en génie biotechnologique, Raphaëlle Martineau.

Une affirmation qui, pour l'étudiante, n’avait pas d’importance et ne l'empêcherait pas de devenir un jour ingénieure.

Loin de se soucier des croyances archaïques selon lesquelles une femme n’aurait pas sa place en ingénierie, de nombreuses femmes ont obtenu leur diplôme à la faculté de génie.

Et pour cause, la présence féminine sur les bancs des cours en génie a presque triplé à l’Université de Sherbrooke depuis le féminicide de Polytechnique.

De 271 étudiantes inscrites en 1989, on en compte désormais 731 qui grossissent les rangs de la faculté, composée tout de même de 3138 étudiants masculins.

La professeure en génie mécanique Ève Langelier indique que même si les chiffres évoluent lentement, le bien-être des femmes dans leur milieu de travail augmente, lui, de jour en jour et démontre une évolution de l'intégration des femmes en génie .

On est mieux

De nombreuses initiatives sont mises en place pour faire avancer la réflexion et poser des actions positives pour l'inclusion et la rétention des futures ingénieures

Ève Langelier est aussi titulaire de la Chaire des femmes en science et en génie. Au coeur de ses actions, elle travaille notamment à démystifier l’ingénierie et faire connaître le métier d'ingénieur auprès des femmes et des jeunes filles du primaire à l’université.

Quand on dit génie mécanique, ça a une connotation mécanique automobile. Alors que c’est tellement plus large, explique-t-elle.

Les programmes proposés par la Faculté de génie sont par ailleurs aussi vastes que le génie biomédical, biotechnologique, chimique, électrique, civil ou encore informatique pour ne citer que cela.

Une femme souriante avec la tête appuyée sur sa main gauche.

Ève Langelier est professeure de génie mécanique et titulaire de la Chaire des femmes en science et en génie. Elle travaille notamment à faire tomber les barrières qui limitent l’accès des femmes à une carrière heureuse en ingénierie.

Photo : Radio-Canada

« Je pense que les jeunes générations ont progressé beaucoup par rapport à où on était quand nous on était jeunes. Ils sont beaucoup plus conscients de la diversité. Ils sont beaucoup plus ouverts à la diversité. »

— Une citation de  Ève Langelier, Professeure en génie mécanique et titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie du CRSNG au Québec

Depuis le début de l'année 2019, l’Ordre des Ingénieures du Québec a aussi développé un programme du nom de 30 en 30.

L’objectif : atteindre 30 % d'ingénieures au Québec en 2030.

Je ne veux pas m’attarder sur le chiffre 30 ou l'année en particulier. Parce que je ne voudrais pas qu’on impose un quota ou un nombre minimal de femmes en génie lance Patricia Rioux.

L’étudiante en génie biotechnologique salue l’initiative, mais déplore néanmoins le fait que la présence des femmes en ingénierie puisse se résumer à des chiffres.

Par ailleurs, une étude parue en novembre dernier révèle que les femmes ingénieures se sentent plus à l’aise et respectées dans leur travail.

L’étudiante en génie civil , Audrey Albert confirme cette affirmation et reconnaît que les mentalités ont changé.

Elle considère d’ailleurs plusieurs des hommes qu’elle a pu rencontrer dans ce domaine comme des grands frères et évoque une mentalité fraternelle chez les ingénieurs.

L'universitaire dénonce cependant la discrimination et le sexisme parfois vécu sur les chantiers de construction.

Disparité

C’est là que la réalité m’a rattrapée sur le fait d’être une femme. Je me suis fait traiter vraiment différemment. J'ai connu du sexisme ou du harcèlement sexuel parfois déguisé sous le couvert de l'humour en chantier, témoigne-t-elle.

La professeure appuie ces propos et donne pour exemple certaines des situations vécues dans le cadre scolaire. Elle a notamment noté la façon dont parfois les cours sont enseignés et durant lesquels, les hommes manipulent et les femmes prennent des notes.

Un constat qui ramène la professeure à une autre réalité existant dans le corps professoral: les hommes y sont plus représentés.

Actuellement à la Faculté de génie il n’y a que 12 femmes enseignantes sur 101 professeurs au total.

Par exemple, ici, c'est très masculin. C'est correct, c'est l'histoire de la faculté, mais toutes les photos qu'on voit, ce sont des hommes blancs dans la cinquantaine, parce que ce sont souvent les anciens doyens, les professeurs émérites, etc., explique-t-elle.

Bien qu’il reste des actions à poser selon elle, un avenir dans l’ingénierie est possible pour toutes celles qui le souhaitent.

Le génie, c’est l'fun. C’est beau. Il y a de la place. Il y a encore un petit peu de travail à faire, mais on est parti dans la bonne direction observe Ève Langelier.

Commémorer pour avancer

Le vendredi 6 décembre, 14 universités canadiennes de Halifax à Vancouver allumeront chacune un faisceau lumineux. Signe d’une mémoire commune, chacune de ces lumières tournées vers le ciel représentera l’une des 14 victimes de Polytechnique.

« Tu ne peux pas changer une mentalité du jour au lendemain. La commémoration montre à tout le monde que la société s’en va dans la bonne direction. Le but n’est pas de reculer et de souligner toutes les actions négatives, mais plutôt qu’il y a un espoir d’aller vers une société qui ne fait pas vraiment de différence entre un homme ou une femme. »

— Une citation de  Fatima Zohra Alaoui

Romain Fernique organise le 30e anniversaire de la commémoration du féminicide de Polytechnique.

Un homme assis devant un micro.

Romain Fernique estime qu'il est important en tant qu'hommes de s’impliquer dans l'organisation de la commémoration de l'attentat féministe de Polytechnique.

Photo : Radio-Canada

Il ne faut pas qu’on oublie ce qui s’est passé, pourquoi ça s’est passé et pourquoi on ne veut pas que ça se reproduise, commente-t-il.

Je suis un homme et je pense que les hommes peuvent, et même doivent, être alliés de ces diverses causes féministes. Parce que c’est vers une société commune que l’on veut construire, ajoute le jeune trentenaire.

À l’Université de Sherbrooke, un trio de femmes prendra aussi la parole pour donner un message d’espoir aux futures générations. Parmi celles-ci, une finissante à quelques semaines de son diplôme, une ingénieure diplômée en 1986 de l'Université de Sherbrooke ainsi que la professeure en génie mécanique, Ève Langelier.

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