De plus en plus de commerces au pays offrent des heures adaptées aux personnes autistes

Un panneau indiquant les heures à laquelle le magasin s'adapte pour les personnes atteintes d'hypersensibilité sensorielle.
Photo : Radio-Canada / Matéo Garcia-Tremblay
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Marchés d’alimentation, cinémas et centre des Sciences, de plus en plus de commerces et d’entreprises de divertissement offrent des heures adaptées aux personnes souffrant de sensibilités sensorielles.
Dans le supermarché Urban Fresh de l’avenue Spadina au centre-ville de Toronto, tous les mercredi de 18 h à 20 h, les clients peuvent faire leurs courses dans un environnement moins bruyant et aux lumières plus tamisées. Les sons des scanners sont désactivés et la musique est éteinte. Les employés évitent également de ramasser les paniers et les chariots.
Ces petits changements, qui peuvent paraître mineurs pour une personne dont la sensibilité n’est pas exacerbée, c’est ce qu’on appelle les heures adaptées aux sensibilités sensorielles.
Le changement est énorme et très important
, explique Gladys Zoleko. Pour la superviseure des services francophones spécialisés en autisme de Autisme Ontario à Toronto, cela fait la différence pour ceux qui souffrent d’hypersensibilité, comme c’est le cas de certaines personnes atteintes de trouble du spectre de l’autisme.
Nos sens sont amplifiés. L’intensité de la lumière est amplifiée, l’odorat est amplifié, l’ouïe est amplifiée, donc ça crée un certain chaos dans notre tête.
Les heures adaptées aux sensibilités sensorielles permettent donc, selon elle, de supprimer des obstacles
à l’intégration de ces personnes.
Gérant du Urban Fresh (une filiale de Sobeys), Doug Ermel ajoute que la mise en place de ces heures est très facile : Nous sommes toujours en mesure de faire tous nos procédés. Cela n’interfère pas avec nos clients et n’interfère pas vraiment avec notre travail
.

Doug Ermel, gérant du Urban Fresh Spadina.
Photo : Radio-Canada / Matéo Garcia-Tremblay
Après avoir lancé un projet-pilote dans un magasin de l’Île-du-Prince-Édouard en automne 2018, la chaîne de magasin Sobeys a annoncé mardi matin son intention d’étendre le programme dans toutes ses antennes du pays, incluant les enseignes Sobeys, Safeway, IGA, Thrifty Foods, Foodland et FreshCo.
À écouter :
En un peu plus d’un an, on passe de un magasin à plus de 450
, a précisé le directeur des communications du distributeur, Jason Patuano. Après plusieurs mois d’essais dans les succursales des provinces atlantiques à l’Ontario, le distributeur a commandé un sondage à la firme Pollara pour interroger les consommateurs sur ce type de pratique.
Mené à travers le pays, auprès de 1517 clients, le sondage a montré que près de 8 Canadiens sur 10 (78 %) appuient des mesures d'accommodation pour les sensibilités sensorielles dans les environnements de vente au détail.
Ce n'est pas juste les gens qui vivent avec un diagnostic de sensibilité sensorielle, mais c'est aussi des mamans avec des bébés par exemple, qui juste à la fin d'une journée ont besoin d'avoir un peu moins de stimulis lors du magasinage
Une initiative de plus en plus répandue
Et les supermarchés ne sont pas les seuls à s’adapter. Les musées, comme le ROM à Toronto, ou des centres culturels et de divertissement comme le Centre des Sciences de l’Ontario, l’Aquarium Ripley’s ou certains cinémas de la franchise Cinéplex proposent désormais des heures adaptées aux sensibilités sensorielles.
Selon Gladys Zoleko, voir ces lieux de divertissement proposer des heures aménagées est primordial. Les familles aimeraient pouvoir sortir
, dit-elle, mais parfois ils craignent peut-être de déranger autrui
, raconte-t-elle.

Gladys Zoleko, superviseure des services francophones spécialisés en autisme de Autisme Ontario.
Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle
Au cinéma, par exemple, les séances adaptées ont lieu en dehors des heures d’ouverture, précise le vice-président de Cinéplex pour l’Est du Canada, Daniel Séguin, ce qui permet un environnement plus calme. Lors du film, la lumière reste allumée, le son est moins fort que dans des séances régulières et les allers et venues dans la salle durant la projection sont tolérés.
Le public, lors de ces séances, sait que certaines personnes peuvent faire des crises, et ces personnes et leur entourage se sentent moins coupables de perturber le film si cela arrive, précise Mme Zoleko.
Ça donne l’opportunité aux famille de s’acclimater à ce genre d’activité.
Au Canada, 36 cinémas Cinéplex (sur les 165 existants) proposent ce type de séance sur une base mensuelle, soit plus du double qu’en 2015, lorsque l’initiative a été lancée dans 15 salles. Le but est de pouvoir proposer cette programmation dans d’autres villes canadiennes
, assure M. Séguin.