ArchivesGuy Lafleur, le « Démon blond » du Canadien de Montréal

Guy Lafleur sur la glace du Forum de Montréal, le 9 octobre 1982 lors d'un match contre les Blackhawks de Chicago.
Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Véritable légende du hockey, le célèbre numéro 10 Guy Lafleur s'est éteint. Retour en archives sur la carrière junior et professionnelle du flamboyant attaquant.
Une annonce qui en surprend plusieurs
Le 26 novembre 1984, le hockeyeur Guy Lafleur convoque la presse afin d’annoncer sa retraite du Canadien de Montréal.
C’est un événement national, une onde de choc dans le monde du hockey. Au moins 50 journalistes se bousculent à la conférence de presse donnée par le numéro 10 du Tricolore. Le directeur général Serge Savard et le président Ronald Corey « expriment leur surprise et leur tristesse ».

Téléjournal, 26 novembre 1984
Au Téléjournal du 26 novembre 1984, le journaliste Claude Jean Devirieux présente un reportage sur cette annonce.
Au moment de son départ, Guy Lafleur a 33 ans et évolue avec les Canadiens de Montréal depuis 14 ans. Avec 518 buts en saison régulière, 1246 points et cette manière bien personnelle d’évoluer sur la glace, il était devenu une idole.
Depuis l’année 1980 cependant, le « Démon blond » avait perdu de sa fougue. On parle de trois saisons de 27 filets, de 30 buts en 1983-1984 et de deux buts seulement en 19 matchs lors de la saison 1984-1985.
C’est la fin, je pense, des grandes vedettes canadiennes-françaises. Il y a eu Maurice Richard, il y a eu Jean Béliveau, et Lafleur était de la même stature.
Tous se rappellent cette façon élégante et flamboyante qu’avait Guy Lafleur de s’élancer avec la rondelle en territoire adverse, sa crinière blonde flottant au vent.

Première édition, 27 novembre 1984
Le lendemain de son départ, le journaliste Philippe Bélisle recueille les commentaires de journalistes, d’amateurs et d’anciens joueurs. Certains sont incrédules :
Je n’y crois pas, moi. Je lui donne un an et je crois qu’il va revenir.
Malgré les critiques formulées par certains analystes et partisans, plusieurs amateurs « regretteront de ne plus pouvoir crier le nom de Guy Lafleur dans un forum surchauffé. »
Guy Lafleur, la fierté de Thurso
Le 26 novembre 1971, Radio-Canada présente un reportage consacré au phénomène Guy Lafleur, un jeune homme de 20 ans qui vient tout juste de commencer sa carrière avec les Canadiens.
Le journaliste Claude Rivard se rend dans la ville natale du « Démon blond », Thurso, située à quelque 50 kilomètres à l'est de Hull.

Guy Lafleur hockeyeur en or, 26 novembre 1971
Il nous fait visiter le salon de la famille Lafleur, où de nombreux tableaux et trophées sont exposés, rappelant les exploits accomplis par l’attaquant lors de ses années juniors.
Avec les équipes de Thurso et de Rockland, il a été la grande vedette du tournoi pee-wee de Québec en 1962, 1963 et 1964. À 10 ans, Guy Lafleur est déjà le meilleur joueur pee-wee du Canada et peut-être même du monde.
À 12 ans, j’ai joué pee-wee, bantam et midget dans la même journée. Je portais le numéro 4, comme Jean Béliveau.
À 15 ans, il quitte Thurso pour aller jouer à Québec.
De 1967 à 1970 avec les As, puis avec les Remparts de Québec, Lafleur compte plus de 350 buts.
En 1971, à sa dernière saison avec les Remparts de Québec, le Thursolien enregistre 161 buts en une saison complète : 130 en saison régulière et 31 en séries éliminatoires, auxquels s’ajoutent 105 passes, pour un total de 266 points.
Pour la première fois depuis le départ de Jean Béliveau, le Colisée était de nouveau rempli à craquer à chaque partie des Remparts. Avec les Remparts, Lafleur se révélait « le plus beau joyau du hockey junior canadien ».
Cette année-là, alors que les Remparts remportent la Coupe Memorial, la Ville de Thurso organise une réception municipale et un défilé dans les rues de la ville en l’honneur de leur prodige.
Le journaliste Romain St-Cyr rencontre le nouvel espoir du Canadien de Montréal le 2 août 1971 à l’aube de son entrée au camp d’entraînement avec le grand club.

Information Trois-Rivières, 2 août 1971
Photo : Radio-Canada
Durant cette entrevue menée sur un terrain de golf de la région de Trois-Rivières, Guy Lafleur affirme ne pas avoir d’objectif de nombre de buts pour sa première saison dans la LNH, mais espère tout de même remporter le trophée Calder remis à la recrue de l’année. C’est finalement Gilbert Perreault des Sabres de Buffalo qui remportera cet honneur cette année-là.
Un joueur imaginatif
Le 17 octobre 2002, le journaliste François Faucher brosse un portrait de Guy Lafleur aux Nouvelles du sport.

Les nouvelles du sport, 17 octobre 2002
En 1971, Lafleur est le premier choix au repêchage, mais c’est vraiment lors de la saison 1974-1975 que les amateurs pourront constater l’ampleur de son talent.
On n’ose imaginer ce qu’aurait été le hockey sans Guy Lafleur, dont le sens inné du spectacle galvanisait les foules.
Il enfilera six saisons de suite de plus de 50 buts. De 1976 à 1978, celui que ses coéquipiers surnomment « Flower » remportera trois fois de suite le trophée Art Ross, remis au meilleur pointeur de la ligue. Lafleur se verra également remettre deux trophées Hart, comme joueur le plus utile de la Ligue nationale de hockey (LNH), et un Conn-Smythe à titre de joueur le plus utile des séries.
Ses pairs le reconnaîtront comme joueur par excellence de la ligue en le nommant lauréat à trois reprises du trophée Lester-B-Pearson, aujourd'hui nommé trophée Ted-Lindsay.
Guy Lafleur soulèvera cinq fois la coupe Stanley.
Nul doute que la décennie 1970 aura été celle de Guy Lafleur. « Talentueux et imaginatif, Lafleur incarne l’improvisation à l’état pur. »
Les forces de Lafleur sont certainement sa vitesse d’exécution et son côté imprévisible. Certains entraîneurs adverses y allaient même d’une double et d'une triple couverture pour tenter de lui faire obstacle.
L’arrivée de Jacques Lemaire comme entraîneur du Canadien freinera son élan. Avec Lemaire, « l’initiative personnelle n’est pas valorisée ». Cette façon de faire, comme le mentionne le journaliste Bertrand Raymond, ne sera pas étrangère au départ précipité de Lafleur.
Moi, j’ai l’impression que Guy Lafleur est un athlète qui est excessivement perturbé et humilié à la fois. Humilié parce qu’il n’a pas pu en donner au public pour son argent jusqu’à la toute fin, et c’est la raison pour laquelle il se retire.
Son chandail sera retiré en 1985. Élu au Temple de la renommée du hockey en 1988, Guy Lafleur fera un retour dans le circuit l’année suivante avec les Rangers de New York, avant de terminer sa carrière avec les Nordiques de Québec en 1991.
Pour souligner ses 50 ans d’existence en 2019, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) a publié un classement des 10 meilleurs joueurs de son histoire.
Guy Lafleur trône au sommet, devant Mario Lemieux et Sidney Crosby.