Violence conjugale : les hommes gais seraient plus réticents à demander de l'aide

L'étude réalisée par l'équipe de Valérie Roy démontre que les hommes gais seraient moins aptes à identifier la violence dont ils sont victimes.
Photo : Getty Images / YinYang
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les hommes gais seraient moins portés à demander de l'aide en cas de violence conjugale. Un constat qui milite pour des campagnes de sensibilisation plus diversifiées et une ouverture sur toutes les formes de violence intime et amoureuse.
Avec son équipe, Valérie Roy, professeure à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, a récolté les témoignages de 23 hommes affirmant avoir vécu de la violence dans le cadre d'une relation avec un autre homme.
Bien qu'encore mince, l’échantillonnage obtenu au cours de la dernière année a permis de collecter des données importantes. Il y a très peu d'études au Québec qui ont été faites sur la violence intime et amoureuse chez les personnes LGBT
, rappelle Mme Roy d'emblée.
Cette dernière soutient que les particularités régionales doivent être bien connues afin de cerner les problèmes dans une société donnée. Les politiques sociales et l'organisation des services sociaux
sont notamment des facteurs à prendre en compte.

La professeure Valérie Roy
Photo : Radio-Canada
À travers les récits des hommes qu'elle a rencontrés, Mme Roy dégage certaines tendances. D'une part, ils se retrouvent souvent face à une série d'obstacles
qui rend encore plus difficiles leurs premiers pas vers des ressources d'aide.
Parmi ceux-ci, elle note le concept de double dévoilement. Je dois dévoiler que je suis victime de violence, mais en même temps, je dois dévoiler mon orientation sexuelle
, résume-t-elle.
Schéma social
D'autre part, l'équipe de recherche a constaté que les hommes gais peinaient parfois à réaliser ou à admettre qu'ils étaient victimes de violence conjugale, surtout si celle-ci prend des formes plus subtiles que la violence physique.
Notre représentation de la violence conjugale est encore trop souvent physique, alors qu'on sait depuis longtemps que la violence [prend d'autres formes].
Ils n'identifieront pas ce qu'ils vivent, ils n'oseront pas demander de l'aide, soutient l'experte. Ce que les hommes nous ont dit c'est : "Ça ne se peut pas que je sois victime, ce sont les femmes qui sont victimes".
, ajoute-t-elle.
Valérie Roy accorde une grande importance aux normes sociales pour expliquer ce discours.
On peut comprendre pourquoi c'est cette vision-là qui est dominante, parce que la violence conjugale a été dénoncée par les mouvements féministes. Il y a encore beaucoup de femmes, en majorité, qui sont victimes de violence de la part d'un homme
, analyse-t-elle. Cela étant dit, la violence se vit dans d'autres types de violence amoureuse et ça, on en parle moins.
Mme Roy croit qu'il y a un effort à faire pour élargir le spectre des relations amoureuses véhiculées dans les médias, comme dans les campagnes de sensibilisation. [Il faut] montrer deux hommes, montrer deux femmes, montrer des personnes trans non binaires, pour diversifier les images qu'on a.
Grâce à une subvention obtenue cet été de l'Agence de la santé publique du Canada, l'étude de Mme Roy sera élargie aux lesbiennes, aux personnes trans et bisexuelles.
Les résultats de la première partie de la recherche seront dévoilés mardi dans le cadre de la Semaine de la recherche en sciences sociales.