La grève du CN cause des maux de tête aux entreprises de transport

Les installations de Propane GRG.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La grève des employés du CN a aussi des répercussions chez les compagnies de transport routier qui passent par les points d'approvisionnement en propane, comme Sarnia, dans le Sud de l'Ontario. Certains camionneurs ont dû attendre des heures à l'extérieur des stations de remplissage.
Le réseau de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) est le seul chemin de fer qui se dirige vers l’est des raffineries de propane de Sarnia, qui sont alimentées par un pipeline venant de l’Alberta.
Par la suite, ce propane est expédié par transport ferroviaire de Sarnia vers les marchés de l'Est. Or la perte de ce moyen de transport survient à un moment de l'année où la demande est forte. Les producteurs de céréales l'utilisent notamment pour alimenter leurs séchoirs après une récolte humide et tardive et le temps froid conduit à une demande accrue de chauffage domestique et commercial.
Au Québec, le propane y est une source de chauffage commune dans les régions rurales, et 85 % de ce propane provient du transport ferroviaire.
Les camions-citernes constituent une alternative. Mais là encore, il y a des limites, explique la présidente-directrice générale de l'Association canadienne du propane, Nathalie St-Pierre.
Plus il y a de camions, moins c'est facile, les infrastructures ne sont pas adaptées ou prévues pour en accueillir autant et ça crée des files d'attente de 7 à 8 h de temps.
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Des inquiétudes
De son côté, Sylvain LaSalle qui possède l'entreprise Transport Sylvain LaSalle inc. et a plusieurs clients qui s'approvisionnent à Sarnia indique que les temps d'attente cette semaine ont en effet été plus longs que d'habitude.
Il y avait parfois jusqu'à 20 camions en file, donc des temps d'attente de 4 h, alors que normalement cela prend entre 30 minutes et une heure, en fonction du moment de la journée
, souligne-t-il.
Il craint également que la situation n'empire et que cela devienne coûteux pour les employeurs comme lui, si aucun accord n'est conclu rapidement.
Il y a des temps à respecter : 16 heures par jour maximum avec les heures de repos pour les camionneurs, donc s'il y a des temps d'attente, ce n'est pas pour autant qu'ils peuvent travailler plus tard le soir. Donc cela veut dire payer du temps supplémentaire, etc.
Il ajoute que les ressources en matière de camions-citernes ne sont pas illimitées. Il faut des camionneurs formés, fabriquer ces camions est coûteux et prend du temps.
Mme St-Pierre abonde dans le même sens. Outre le transport, il faut aussi de la main-d'œuvre qualifiée et les infrastructures. Ça crée des goulots d'étranglement, car nous avons un nombre limité de camions disponibles et c'est difficile de former. C'est là où sont les enjeux présentement
, explique-t-elle.
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Oui, j'ai des inquiétudes, car avec cette grève il n'y a déjà plus qu'une ou deux raffineries qui fonctionnent alors si elles s'arrêtent, ce sera un désastre
, conclut M. LaSalle.
L'Ontario est par ailleurs aussi déjà touché en termes de pénurie de propane, constate Nathalie St-Pierre.
Les agricultures n'ont pas de propane pour sécher le grain, même s'ils en ont pour les bâtiments. Ce sont des choix difficiles que nous devons faire pour nous assurer d'avoir suffisamment de propane
, précise-t-elle.
Ford presse Trudeau d'agir
Questionné à ce sujet lors d'une conférence de presse à Ottawa, le premier ministre ontarien, Doug Ford, a dit être préoccupé par la situation, car certaines régions pourraient manquer de réserve pour la journée, comme Sarnia.
J'ai parlé avec un producteur d’œufs qui m'a texté la nuit dernière, il est dans une situation critique en ce moment
, a-t-il rapporté.
Nous avons besoin d'une solution immédiate et on doit prendre le premier ministre au mot pour ramener les partis à la table des négociations et faire en sorte que les trains bougent de nouveau.
Doug Ford a ajouté qu'il y avait de longues heures d'attente pour les camions à Sarnia d'où le propane est approvisionné au Québec, entre 8 heures et 10 heures d'attente; c'est un moment critique surtout dans les régions du Nord et éloignées qui en sont dépendantes
, a-t-il précisé.
M. Ford a réclamé une action immédiate
du fédéral, jugeant qu'une loi spéciale pourrait prendre des semaines
avant d'être adoptée par les Communes, et ce, même si les députés étaient rappelés avant la reprise des travaux prévus le 5 décembre prochain.