La mode autochtone commémore les femmes disparues et assassinées
Vêtements rouges, poings levés, autant de symboles pour se rappeler que plus de 1200 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au Canada.
Photo : Radio-Canada / Noémie Moukanda
La Semaine de la mode autochtone de Vancouver, Vancouver Indigenous Fashion Week (VIFW), s'est ouverte lundi avec un hommage poignant aux femmes et aux filles autochtones disparues et assassinées au Canada tout en mettant en lumière la beauté qui ressort de la résilience d’un peuple meurtri.
La manifestation revient après avoir été présentée une première fois en 2017 dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération. Environ 24 créateurs, tous Autochtones, y présentent leurs créations jusqu’à jeudi.
Le gala de lundi soir s'est ouvert avec des témoignages politisés rappelant la fin de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). Il a mis en valeur la robe rouge, ou tout simplement la couleur rouge, devenue le symbole de ces femmes.
Nous devons continuer d'en parler même si cela met les gens mal à l’aise.
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Notre culture est très inclusive et je veux que les gens soient liés à notre culture. [...] Je crois qu'il y a des choses qui nous unissent, comme des tragédies telles que celle des femmes autochtones disparues et assassinées.
Le coup d’envoi de la manifestation a laissé place aux créations de six stylistes, connus et moins connus : Debra Sparrow, Yolonda Skelton, Pam Baker, Evan Ducharme, Morgan Asoyuf et Nipii Design.
Le défilé a été ponctué par des chants traditionnels ou encore des compositions originales, notamment celle interprétée par une chorale d’enfants.
Les jeunes choristes ont chanté en langue autochtone, mélangée à l’anglais, et ont lancé le message qu'ils sont humains, et des gens qui essaient de trouver leur place
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Il y a neuf ans, Joleen Mitton, du peuple des Cris des plaines, a eu l’idée d’organiser une Semaine de la mode autochtone.
L’ancienne mannequin a foulé les podiums internationaux, surtout ceux d’Asie où elle a été souvent prise pour une Asiatique. Beaucoup de gens ont été surpris et choqués que je sois Autochtone
, confie-t-elle. Retraitée du mannequinat, la jeune femme a voulu aussi montrer que les Autochtones ont leur place dans cette industrie.
Cette Semaine de la mode est aussi l'occasion de montrer que les Autochtones ne sont pas que des victimes, souligne sa fondatrice, Joleen Mitton.
Nous sommes forts et nous pouvons prendre soin de nous-mêmes. Nous allons nous battre pour nous-mêmes et nous pouvons le faire avec la beauté et la mode, la conception et l'art.
Le défilé dénonce l'injustice qui se déroule et veut contribuer à créer une société enracinée dans le respect, la sécurité et la dignité pour toutes les filles et femmes autochtones
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