L’est ontarien a maintenant son festival d’humour

Les humoristes Phil Brown, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, Coco Belliveau et Simon Lavergne font partie de la première programmation du RIRE fEST.
Photo : Radio-Canada
Après le public de la Petite-Nation outaouaise en août dernier, c’est au tour des Franco-Ontariens de la grande région de la capitale nationale d’accueillir un premier festival d’humour. L’organisateur du nouveau RIRE fEST, Mathieu Fortin, croit faire d’une pierre deux coups en proposant une scène pour la relève, en plus d’instaurer un rendez-vous fort attendu du public de l’est ontarien.
Les six soirées d’humour qui se tiendront du 14 au 28 novembre dans le cadre du premier RIRE fEST ne sont pas encore commencées, mais les billets s’envolent rapidement. Certaines soirées affichent déjà complet.
Les gens se sont dit : "Si on veut en voir plus chez nous, il faut participer"
, croit l’organisateur de l’événement, Mathieu Fortin.
Le phénomène rappelle ce qui s’est produit lors du premier Festival Rires Petite-Nation, qui avait rassemblé quelque 2500 personnes à Thurso au mois d’août. Ce dernier se déroulait sous grand chapiteau, mais le RIRE fEST propose une formule plus intime, dans de petites salles, notamment à la brasserie Tuque de Broue d'Embrun et à la station 4 Saisons d'Hammond.
Ça nous enlève l’idée que l’humour, c’est juste à la télé ou dans les grandes salles. Ça nous permet de voir que ce ne sont pas juste des noms connus qui nous font rire.
La programmation du RIRE fEST 2019 regroupe une vingtaine d’humoristes, tous de la relève, incluant des artistes locaux, tels Phil Brown et Simon Lavergne, ou encore les Montréalais Antoni Remillard et Coco Belliveau.
La soirée organisée au centre culturel du MIFO propose aussi Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques en formule intime.
Propulser la relève
Mathieu Fortin est un grand consommateur d’humour. Selon lui, il manque de scènes dans la grande région de la capitale nationale pour que les artistes de la relève se fassent les dents.
En leur offrant du temps de glace au RIRE fEST, il espère également convaincre le public qu’un peu de sang neuf peut être aussi divertissant que de grands noms de l’humour.
C’est très terrain maintenant, l’humour! Je veux encourager ça. Je veux voir plus de relève prendre de l’expérience.
L’organisateur a choisi des têtes d’affiche n’ayant pas encore de spectacle solo complet, mais qui proposent entre 30 minutes et une heure de matériel.
Pour [l’artiste], ça bâtit son curriculum vitae et ça bâtit une notoriété locale. Ça permet aux gens de le reconnaître et ça aide : on a besoin de gens de chez nous qui réussissent!
soutient M. Fortin.
Ce genre d’initiative est salutaire pour le talent régional, selon l’artiste Phil Brown originaire d'Ottawa. On a un bon bassin d’humoristes qui veulent jouer ici et qui veulent offrir des spectacles
, mentionne-t-il.
Mais encore faut-il leur offrir des vitrines pour se produire. Les humoristes à Montréal s’améliorent beaucoup plus rapidement que moi parce qu’ils sont sur scène 6 à 7 fois par semaine
, explique-t-il, en ajoutant que trois spectacles représentent une bonne semaine
pour un humoriste à Ottawa ou à Gatineau.
Un manque à combler?
Ottawa a le Yuk Yuk’s et le club Absolute Comedy. Pourquoi pas un Comedy Club francophone?
soulève M. Brown, citant comme exemple le Bordel de Montréal où les humoristes peuvent essayer leurs nouvelles blagues.
L’organisateur du RIRE fEST, Mathieu Fortin, croit pour sa part qu’il n’y a pas que les salles qui se font rares dans la région. Il y a aussi les occasions de voir des spectacles en périphérie des grands centres urbains.
L’est ontarien, c’est large et l’offre d’humour n’est pas présente partout
, estime-t-il. C’est pourquoi il a tenu à créer plusieurs rendez-vous variés, un peu partout sur le territoire.
Tout en ne fermant pas la porte à d’éventuels spectacles sous chapiteau, l'organisateur du RIRE fEST se concentre sur une première année à plus petite échelle. Il veut d’abord ajouter un incontournable au calendrier culturel de la grande région de la capitale nationale.
Cependant, Mathieu Fortin ne cache pas la stratégie derrière l’organisation d’un événement d’humour plusieurs semaines après la fin de la saison estivale. Le mois choisi est certes tout désigné pour contrer la grisaille en cherchant à rire un bon coup, mais les grands noms du milieu y sont aussi plus disponibles.
En novembre, je n’ai pas de compétition, je n’ai que des partenariats possibles
, reconnaît-il, signalant sa volonté de créer des ponts avec d’autres festivals de l’Est de l'Ontario.