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Immigration : « C'est mon erreur », admet le ministre Simon Jolin-Barrette

Le premier ministre Legault a décidé de continuer à lui faire confiance et présente ses excuses.

Plan rapproché de Simon Jolin-Barrette.

Simon Jolin-Barrette

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le ministre de l'Immigration a admis des « erreurs » et a pris la responsabilité de la controverse autour de la dernière réforme sur l'immigration de son gouvernement, qui visait les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires. Il promet d'être, à l'avenir, davantage à l'écoute.

« Je prends l'entière responsabilité des erreurs qui ont été commises », a affirmé le ministre Simon Jolin-Barrette, quatre jours après la suspension de la réforme du Programme de l'expérience québécoise (PEQ).

Cette décision a été prise vendredi, quelques heures après la publication d'un reportage de Radio-Canada révélant une série d'incohérences dans la liste de domaines de formation présentée par le ministère de l'Immigration pour donner accès à ce programme d'immigration réservé aux étudiants étrangers et travailleurs temporaires.

« J'ai voulu aller rapidement. J'aurais dû prendre davantage mon temps pour consulter davantage de gens », a-t-il souligné, reconnaissant des « ambiguïtés » dans cette liste, dans laquelle on retrouvait par exemple des formations qui n'existent plus.

« J’aurais dû vérifier, contre-vérifier et contre-contre-vérifier davantage », a-t-il admis, niant toutefois avoir « manqué de rigueur ».

« Cette liste n'était pas parfaite. Il y en avait de trop et il en manquait. Je pense que tous les ministères doivent refaire leur devoir », a de son côté commenté le premier ministre Legault.

« J’aurais dû davantage consulter les différents partenaires du milieu économique, du milieu éducatif également. C’est ce que je vais faire au cours des prochaines semaines.  »

— Une citation de  Simon Jolin-Barrette, ministre de l'Immigration

Tout en évoquant une semaine « difficile » et « mouvementée », marquée par de multiples sorties du monde universitaire et des acteurs du milieu des affaires, des avocats et des experts en intelligence artificielle, qui disaient ne pas comprendre cette réforme, Simon Jolin-Barrette promet d'être davantage à l'écoute.

« Effectivement, j’aurais dû mieux faire les choses. Pour la prochaine fois, je vais m’améliorer. Une telle erreur ne se reproduira pas », a-t-il expliqué, précisant ne pas avoir remis sa démission au premier ministre.

« Je peux vous assurer que je retourne à la table à dessin pour consulter », a-t-il mentionné, en évoquant des détails qui seront présentés dans « les prochaines semaines ».

S'il n'a pas voulu présenter des excuses aux personnes visées par ces mesures, il a accepté d'en faire « auprès des Québécois », en raison de la suspension de « la réforme en immigration ».

« Dès le moment où j’ai été sensibilisé à la réalité des étudiants internationaux, le lendemain matin, j’ai reculé », a-t-il affirmé, en faisant référence à une clause de droits acquis annoncée au lendemain de témoignages, à l'Assemblée nationale, de plusieurs dizaines d'étudiants étrangers et travailleurs temporaires.

François Legault devant des journalistes.

François Legault assure avoir toujours confiance en son ministre de l'Immigration.

Photo : Radio-Canada

Legault lui maintient sa confiance

En réaction à l'appel des libéraux et des solidaires, plus tôt dans la journée, de rétrograder son ministre de l'Immigration et de lui retirer ce dossier, le premier ministre Legault a pris la défense de son leader parlementaire, âgé de 32 ans.

« Tous les partis rêveraient d’avoir un jeune talentueux comme le ministre de l'Immigration. Il a toute ma confiance », a clamé François Legault, dans le Salon bleu.

Le premier ministre a cependant reconnu que cet épisode était une « leçon pour le gouvernement ». « L’objectif était le bon, mais l’exécution n’a pas été bien faite », a-t-il annoncé.

« J’espère qu’à l’avenir, les changements vont se faire d’une meilleure façon. Dans ce sens-là, oui, je m’excuse pour le travail qui n’a peut-être pas été fait de façon aussi parfaite qu’on l’aurait souhaité. »

— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

« Les Québécois ont voté pour la CAQ pour avoir de gros changements. Évidemment, on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. Quand on fait de gros changements, il peut arriver qu'il faille des ajustements », a-t-il ajouté.

Vers un retrait de la liste des domaines de formation?

Alors que Simon Jolin-Barrette a réitéré son intention de choisir les immigrants en fonction des besoins du marché du travail, il n’a pas fermé la porte à une suppression de cette fameuse liste de domaines de formation.

« Très certainement, cela fera partie de ma réflexion. On va évaluer le tout », a-t-il indiqué, en réponse à une question de la péquiste Méganne Perry Mélançon. Cette dernière a comparé le PEQ au « meilleur programme d’immigration » et a proposé au gouvernement de retirer toutes les restrictions proposées tout en maintenant l’élargissement aux programmes techniques de 900 heures.

En attendant, a précisé le ministre Jolin-Barrette, le traitement des dossiers du PEQ va reprendre avec « les règles » en vigueur avant le 1er novembre.

Pierre Arcand répond aux questions des journalistes.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec a invité le premier ministre Legault à ne pas «passer l'éponge» sur les «quelques gaffes» qu'auraient commises le ministre Simon Jolin-Barrette.

Photo : Radio-Canada

Les libéraux et solidaires demandent à Legault de rétrograder Jolin-Barrette

Les libéraux et les solidaires ont quant à eux réclamé une sanction contre Simon Jolin-Barrette.

Il y a de sérieux doutes sur la capacité du ministre l'Immigration d'exercer ses fonctions, a indiqué mardi matin le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Pierre Arcand, en dénonçant les « quelques gaffes qui ont été faites » par le ministre de l'Immigration.

À ses yeux, François Legault « ne doit plus passer l'éponge », notamment après les remontrances de la Cour supérieure suite à la volonté du ministre d'arrêter l'étude de près de 18 000 dossiers d'immigration en attente, alors que le projet de loi n'avait pas été adopté.

« [Simon Jolin-Barrette] n'a pas la crédibilité pour continuer. »

— Une citation de  Pierre Arcand, chef intérimaire du PLQ

La co-porte-parole de Québec solidaire (QS) a apporté sa voix à celle de son homologue libéral.

« Avec tout le cafouillage qu’on a vu, avec l’insensibilité qu’on a vue par rapport à la question de l’immigration, ça fait un petit bout qu’on dit : enlevez-y s'il vous plaît ce porte-feuille-là », a assuré Manon Massé.

Une « erreur » commune, dit le PQ

De son côté, Pascal Bérubé a dénoncé « l'amateurisme » et « l'incompétence » du gouvernement « qui nous coûte cher ».

« C’est une erreur de tout le gouvernement au complet, y compris du premier ministre qui a défendu jusqu'à la fin, becs et ongles, ce règlement. C'est gênant », a lancé le chef intérimaire du Parti québécois (PQ) en évoquant « une erreur de groupe ».

Ce dernier n'a cependant pas voulu se prononcer sur une éventuelle rétrogradation du ministre Jolin-Barrette. « C'est de la régie interne », a-t-il affirmé.

Lundi après-midi, durant sa première sortie publique depuis la confirmation de cette suspension, le premier ministre avait déjà vivement rejeté l'idée de retirer le dossier de l'immigration à Simon Jolin-Barrette.

À une question d'un journaliste, demandant si le ministre allait conserver ses fonctions actuelles, François Legault avait répondu : « Oui, absolument ».

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