Larry Tremblay imagine un monde où les femmes dominent les hommes

Dans son dernier roman, Larry Tremblay imagine une société où les femmes dominent les hommes.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Imaginez un pays où les garçons sont forcés de se marier avec des femmes d'âge mûr, où ils sont marchandés pour permettre à leur famille de vivre plus confortablement. C'est ce qu'a créé Larry Tremblay, dans son septième roman, Le deuxième mari.
Je ne suis pas une femme. Par contre, je voulais parler de l'injustice faite aux femmes depuis les millénaires de l'humanité
, dit l'écrivain Larry Tremblay en évoquant son dernier ouvrage.
Celui qui a déjà dénoncé l'inceste dans L'impureté, le phénomène des enfants-soldats dans L'orangeraie et le viol dans Le Christ obèse s'attaque cette fois-ci au mariage forcé dans son septième roman, qui raconte l'histoire du jeune Samuel, promis sans son consentement à une femme plus âgée, riche, dont il deviendra, sans le savoir, le deuxième mari.
Comment parler de la domination des hommes sur les femmes? Alors j'ai inversé le processus. Il y a 14 millions de jeunes filles mariées contre leur volonté dans le monde chaque année, c'est révoltant.
En mettant les femmes en position de domination, Larry Tremblay a voulu susciter chez ses lecteurs ce sentiment de révolte qui a tendance à s'amenuiser avec le temps, à mesure qu'on s'habitue
, malheureusement, aux inégalités qui persistent.

L'écrivain Larry Tremblay au Salon du livre de Rimouski
Photo : Radio-Canada / Samuel Ranger
Souvent, on pense que c'est à peu près normal que des jeunes filles soient mariées de force et que certaines en meurent pendant leur nuit de noces, par exemple. C'est pourquoi je voulais écrire Le deuxième mari et montrer toutes les étapes qui font qu'un jeune enfant se retrouve piégé et accepte finalement sa condition parce qu'il ne trouve pas de façon de s'en sortir, parce que la pression sociale est trop forte
, dit l'auteur.
Le jeune mari du roman de Larry Tremblay, d'abord révolté par l'injustice qu'il vit, finit effectivement par se sentir privilégié de vivre avec la femme qui le domine et qui ne lui adresse plus la parole sauf pour l'injurier et le persécuter
.
C'est alors qu'il éprouve – il en est certain dans son désespoir – ce qu'il croit être de l'amour. Il a besoin d'elle. Il n'existe pas autrement.
Larry Tremblay dit se sentir responsable, en tant qu'écrivain, de montrer dans l'univers romanesque les comportements aberrants qui existent dans la réalité. Ce qui me fait écrire, c'est l'injustice
, dit-il.
Si l'auteur croit que la littérature ne peut pas changer le monde
, il estime que le fait d'attirer l'attention des gens sur ces comportements peut les aider à comprendre les dispositifs et les mécaniques qui font en sorte qu'on ne voit plus l'injustice, [qu'] on s'y habitue. Il faut la dénoncer
, conclut l'auteur.