Jules-A. Brillant ou comment sortir un monument de l’oubli
Les historiens Paul Larocque et Richard Saindon consacrent un livre à l'homme d'affaires Jules-André Brillant.
Photo : Radio-Canada / Laurence Gallant
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'histoire de l'homme d'affaires matapédien et bâtisseur Jules-André Brillant reprend vie dans un livre écrit par les historiens Paul Larocque et Richard Saindon. Ils font paraître Jules-A. Brillant : Bâtisseur d'empires, fruit d'un grand travail de défrichage dans un important fonds d'archives.
Pour les 40 ans et moins, le nom rappelle peut-être seulement une courte rue qui figure au centre-ville de Rimouski. Mais Jules-A. Brillant est pourtant considéré comme l’un des grands bâtisseurs du Bas-Saint-Laurent.
Il semble être tombé quelque peu dans l’oubli, déplorent Paul Larocque et Richard Saindon, deux passionnés d’histoire qui ont pu plonger, pendant trois ans, dans les archives rassemblées autour de l’homme d’affaires.
On peut dire que Jules-A. Brillant avait été absent de la mémoire collective. On avait peu parlé de lui, son souvenir s’était un peu estompé, peut-être parce que ses enfants ont quitté la région assez tôt
, croit Paul Larocque qui, avant de prendre sa retraite, était professeur d’histoire à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
Pour les coauteurs de Jules-A. Brillant : Bâtisseur d'empires, publié par les éditions du Septentrion, la trace du personnage s’est progressivement effacée quand toutes ses entreprises ont été vendues. On n’a pas célébré sa mémoire autant qu’on aurait dû
, estime M. Larocque.
Né en 1888 dans la Vallée de la Matapédia et disparu en 1973, Jules-A. Brillant est notamment à l'origine de deux grandes entreprises : Québec Téléphone, rachetée par Telus, et la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent, qui fournissait jadis le Bas-Saint-Laurent et une partie du Nouveau-Brunswick en électricité.
La Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent, c’est vraiment ça qui va le mettre au monde
, raconte l’historien et journaliste à la retraite Richard Saindon.
Celui qui a commencé tranquillement dans la Vallée avec la Compagnie électrique d’Amqui
, au début du siècle dernier, a aussi fondé des compagnies de transport maritime, de transport ferroviaire, de construction et d’électroménagers.
L'homme jouissait d'une grande influence autant dans la sphère politique que commerciale : il a notamment assuré le rôle d’organisateur du Parti libéral pour l’Est-du-Québec, tant au fédéral qu'au provincial, et a siégé sur les conseils d’administrations d’un grand nombre de compagnies nord-américaines, relève M. Saindon.
Jules-A. Brillant a aussi été propriétaire de journaux régionaux et fondateur de la station CJBR, radio et par la suite télé, pour laquelle M. Saindon a lui-même travaillé pendant 36 ans.
Dès ses premiers discours, l’homme d’affaires ne cache pas certaines de ses grandes aspirations.
« ll veut que les francophones prennent leur place dans le monde des affaires et pour lui, la solution pour y arriver, ça passe par l'éducation, par l'instruction. »
C'est pour ça que M. Brillant nous a donné à Rimouski de grandes écoles : il a fondé, créé, bâti, outillé et donné au Séminaire l'École d'Arts et métiers, qui est devenue l'école technique, il a aussi fondé l'École de marine qui est maintenant l'Institut maritime du Québec
, résume M. Saindon.
En accédant au fonds Brillant, déposé à l’UQAR
en 2007, Richard Saindon et Paul Larocque font la connaissance d’un homme non seulement bien entouré, au magnétisme indéniable, mais aussi discret et généreux.Ils racontent ainsi avoir épluché un fonds de 24 mètres linéaire [...], particulièrement riche en raison de sa correspondance
.
On a découvert d’abord un homme extrêmement vivant, qui a le goût de vivre, qui vit sa vie intensément, c’est un personnage qui aime rencontrer les gens, qui a un réseau de relations important, beaucoup d’amis, de complices, dans le monde des affaires et de la politique
, relate Paul Larocque.
Il a toujours dit : “J’ai foi dans la région du Bas-Saint-Laurent.” [...] Évidemment, il voulait que ça commence chez lui, il voulait garder les jeunes, essayer de trouver de l’emploi pour les gens. [...] On ne se le cachera pas, c’était pour faire de l’argent, mais aussi il voulait développer cette région-là
, conclut Richard Saindon.