L'Ontario limite les augmentations de salaire à 1 % dans le secteur public

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford.
Photo : La Presse canadienne / Tijana Martin
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement de Doug Ford plafonne à 1 % par an les hausses salariales dans le secteur public au cours des trois prochaines années, une mesure que les enseignants actuellement en négociation contractuelle avec la province menacent de contester devant les tribunaux.
Le président du Conseil du Trésor, Peter Bethlenfalvy, a qualifié la mesure, adoptée à l'Assemblée législative jeudi, de « juste et raisonnable ».
Se doter des moyens pour que l'augmentation de la rémunération cadre avec la réalité financière de la province s'inscrit dans le plan prudent et bien dosé de notre gouvernement, dit-il. Il convient de modérer la hausse de la rémunération pour protéger les services de première ligne, dans l'intérêt des Ontariennes et des Ontariens.
La loi 124 s'applique à plus d'un million d'employés, que ce soit les fonctionnaires provinciaux ou les employés des conseils scolaires, des collèges et universités, des hôpitaux et des centres de soins de longue durée.
La rémunération dans le secteur public, souligne la province, représente environ la moitié des dépenses gouvernementales, soit plus de 72 milliards de dollars par année.
Or, selon le gouvernement, chaque pourcentage d'augmentation de salaire entraîne des dépenses supplémentaires de 720 millions par année.
Les conservateurs de Doug Ford affirment que le nouveau plafond salarial « respecte le processus de négociation collective et n'impose pas de gel ou de baisse des salaires ».
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Levée de boucliers des enseignants
Les quatre syndicats d'enseignants ontariens, qui sont présentement à la table de négociation avec la province pour le renouvellement des conventions collectives, ne voient pas du tout les choses du même oeil.
Le président de l'Association des enseignants franco-ontariens (AEFO), Rémi Sabourin, accuse le gouvernement « d'ignorer les droits des travailleurs et de s’ingérer dans la négociation collective ».
Le gouvernement Ford ne recule devant rien pour s’imposer, même si ce n’est que pour des raisons idéologiques.
Sa cible économique changeante lui enlève la crédibilité
, ajoute M. Sabourin.
Dans une déclaration commune, l'AEFO, la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), l’Association des enseignants catholiques anglais (OECTA) et la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) affirment que la nouvelle loi « vient bafouer le droit à la négociation collective », en vertu de la Charte canadienne.
Les quatre syndicats d'enseignants disent envisager une contestation judiciaire.
Ce projet de loi a été adopté au lendemain des déclarations du ministre des Finances, qui s’est vanté à la population ontarienne que l’économie est florissante et que le gouvernement avait dépassé de plus d’un milliard de dollars ses objectifs de réduction du déficit
, peut-on lire dans le communiqué des quatre syndicats.
L'AEFO, la FEEO, OECTA et la FEESO ajoutent que le plafond salarial de 1 % imposé par le gouvernement Ford est inférieur au taux d'inflation.
Le ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, a affirmé par le passé que les syndicats devaient être raisonnables quant à leurs demandes salariales, compte tenu du déficit provincial, comme l'ont été les employés de soutien dans les écoles, qui ont ratifié récemment une entente avec la province.
Le professeur en relations industrielles Louis Durand de l'Université Laurentienne pense que le gouvernement aurait pu prendre une « autre approche ». On arrive à la table de négociation et il y a déjà un des éléments importants qui est déterminé
, souligne-t-il.
Le professeur rappelle que les tribunaux ont tranché en faveur des enseignants en 2016, après que le gouvernement libéral de Dalton McGuinty leur eut imposé un contrat de travail et un gel de salaire.