Passage de Mercure entre la Terre et le Soleil
« La planète est tellement petite par rapport au diamètre du Soleil que ça prend vraiment un télescope muni d’un filtre spécial pour bien la voir. »
Mercure passant devant le disque solaire le 11 novembre 2019.
Photo : NASA/SDO/HMI/AIA
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Entre 7 h 36 et 13 h 04 (HNE), les astronomes amateurs du Québec ont pu voir Mercure passer exactement entre le Soleil et la Terre
La petite silhouette ronde et noire de Mercure était difficilement visible à l’œil nu, si bien qu’il était recommandé d’utiliser un télescope muni d’un instrument d’optique grossissant 50 à 100 fois.
Nous allons pouvoir voir pendant plusieurs heures la planète Mercure qui passera lentement devant le Soleil. On verra l’ombre de Mercure sur le disque solaire
, expliquait l’astrophysicien Olivier Hernandez, directeur du Planétarium Rio Tinto Alcan, jeudi dernier.

Ce gros plan du passage de Mercure devant le disque solaire a été capté en novembre 2006 par le satellite Hinode de la NASA consacré à l'observation du Soleil.
Photo : iStock / Hinode JAXA/NASA/PPARC
Le point qu'il était possible d'observer correspond au 1/160e de la surface du disque du Soleil le traverser.
« La planète est tellement petite par rapport au diamètre du Soleil que ça prend vraiment un télescope muni d’un filtre spécial pour bien la voir. »
Attention à vos yeux
Comme dans le cas des éclipses solaires, il était absolument important d’utiliser un télescope muni d’un filtre spécialement conçu pour l’observation du Soleil afin de se protéger les yeux en raison des risques de brûlures permanentes à la rétine.
Passage en cinq points
- Mercure est la première planète dans l'ordre de distance à partir du Soleil.
- La Terre boucle une révolution autour du Soleil en 365 jours, et Mercure en 88 jours.
- Mercure repasse entre le Soleil et la Terre en moyenne tous les 116 jours, un phénomène appelé conjonction inférieure.
- La planète passe habituellement au-dessus ou en dessous du Soleil, parce que son orbite est inclinée de 7 degrés par rapport à celle de la Terre.
- Dans de rares occasions, lorsque la conjonction inférieure survient pendant une fenêtre de quelques jours au début de mai ou de novembre, l’alignement est tel que Mercure glisse directement devant le disque du Soleil : c’est un passage.
Le moment fort
La petite planète rocheuse a mis un peu moins de deux minutes à franchir le bord du Soleil, entre 7 h 36 min et 7 h 38 min (HNE).
Il a été alors possible de voir l’« effet de goutte ».
« C’est le moment où il y a le deuxième contact de la planète avec le Soleil. Le premier contact, c’est lorsque le bord de la planète atteint le Soleil, et ensuite, au fur et à mesure que la planète se déplace dans le Soleil, il y a un effet de goutte qui va se produire. »
« On a alors l’impression qu’il y a une goutte sur le Soleil jusqu’au moment où la deuxième partie de la planète atteindra le disque. Il va se produire la même chose lorsque la planète va quitter le Soleil », explique Olivier Hernandez.
Le maximum du passage a lieu à 10 h 20 min 13 s, à 25 degrés de hauteur au sud-sud-est : Mercure était alors très près du centre du disque solaire.
La sortie de la planète s'est produite de manière graduelle, entre 13 h 02 et 13 h 05 min 22 s.
Vénus vs Mercure
Les passages de Mercure sont beaucoup plus fréquents que ceux de Vénus.
« Par siècle, on parle d’une fréquence d'environ 13 ou 14 passages. »
La raison est simple : sa période de révolution est plus courte que celle de Vénus en raison de sa proximité avec le Soleil.
Les passages de Vénus sont toutefois les plus intéressants parce que la planète est plus volumineuse.
De nos jours, les passages de Mercure ne représentent plus beaucoup d’intérêt scientifique.
« Le passage de Mercure était important à l’époque, je parle des années 1700 et quelque, parce qu’il a permis de déterminer correctement le diamètre du Soleil. Maintenant, on utilise d’autres systèmes pour le préciser. »
On a fait un peu le tour. Il était utile [le passage] jusque dans les années 1950. On envoie maintenant des sondes, ce qui est beaucoup plus facile. Ceci dit, les caméras de la NASA l’enregistreront. Peut-être qu’il y a des gens passionnés de relativité générale qui voudront vérifier des choses
, affirme M. Hernandez.
Le passage de Vénus est beaucoup plus intéressant pour les astrophysiciens qui cherchent des exoplanètes en raison de la présence d’une atmosphère autour de la planète.
« Actuellement, ce qu’on cherche à connaître, c’est la composition des atmosphères des exoplanètes. Le passage de Vénus nous permet donc de tester plusieurs instruments et algorithme pour y arriver. »