Déception et soulagement chez des Franco-Ontariens

« En ce moment, on se contente de conserver des acquis, c’est décevant », a déclaré la députée indépendante Amanda Simard.
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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des représentants de la communauté francophone de l’Ontario ont des sentiments partagés concernant l’énoncé économique du gouvernement de Doug Ford mercredi, qui ne présente pas de grandes mesures annoncées pour la communauté francophone.
Il y a un an, la communauté francophone avait connu son jeudi noir
lorsque le gouvernement progressiste-conservateur avait annoncé l'abandon du projet d'université de langue française et la dissolution du Commissariat aux services en français. Ces décisions ont depuis été modifiées à la suite du tollé qu'elles ont suscité.
L’énoncé économique du ministre des Finances, Rod Phillips, ne présente pas de changements pour les services en français, conservant le même budget alloué aux affaires francophones.
Le ministre a d’ailleurs reconnu dans son discours l'importance des Franco-Ontariens, confirmant l'entente signée plus tôt cette année avec le gouvernement fédéral pour la création de l'Université de l'Ontario français (UOF).
On a beaucoup de travail à faire avec l’UOF, mais il faut souligner le travail important qu’on a fait
, a aussi déclaré la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.
J’espère que la communauté francophone a vu, suite à notre énoncé économique l’année dernière, que notre gouvernement a vraiment travaillé de bonne foi pour écouter la communauté et pour s’engager à travailler avec elle.

« Le gouvernement provincial, en partenariat avec le gouvernement fédéral, a trouvé une solution pour financer l'Université de l'Ontario français », a déclaré la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.
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Déception d’un symbole de la résistance francophone
Symbole de la résistance francophone à l’Assemblée législative, la députée franco-ontarienne Amanda Simard a vivement critiqué le gouvernement mercredi.
Il n’y a pas de surprise là-dedans comme on a eu l’an dernier, mais il y a zéro progrès, zéro avancement. On voit simplement des choses qui ont été coupées et qui ne sont maintenant plus coupées, donc ça fait nul
, a-t-elle déploré.
On ne devrait pas être dans la position dans laquelle on est en ce moment qui est de sauver nos acquis alors qu’on devrait être en train de progresser
, a-t-elle ajouté.
Tout ce qu’on fait maintenant, c’est d’essayer de sauver les meubles, il n’y a rien de nouveau.
Amanda Simard a confié que cet énoncé économique était émotif pour elle, qui avait décidé de quitter le caucus conservateur pour siéger comme indépendante après avoir dénoncé les coupes de Doug Ford en francophonie l’an dernier.
À ce moment-ci l’an dernier juste avant d’entrer en chambre, j’étais sous le choc, j’avais le cœur qui m'était tombé quand j’ai appris les nouvelles concernant [les coupures dans les services en français]
, se souvient-elle.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, et son ministre des Finances, Rod Phillips, s'apprêtent à entrer en chambre mercredi pour l'annonce de l'énoncé économique de l'automne.
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La députée a vivement critiqué le gouvernement de mettre en avant son travail dans la conclusion de l’entente pour l’Université de l’Ontario français, estimant que l’entente relève davantage du travail du gouvernement fédéral selon elle.
C’est simplement avec le gouvernement fédéral libéral que l’Université de l’Ontario français a revu le jour, donc c’est une insulte de prendre le crédit du travail de quelqu’un d’autre comme si c’était eux qui avaient sauvé l’université
, considère-t-elle.
La députée a par ailleurs confié qu’elle espérait voir le retour du Commissariat aux services français qui avait été placé sous l'égide de l'ombudsman de la province. On n’a pas le retour du commissaire, c’est significatif
, souligne-t-elle.
Bonne nouvelle pour l’AFO
Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin, est plutôt soulagé de l’énoncé économique de la province qui semble épargner les francophones comparé à l'an dernier.
L’an dernier, ça m’a pris un bon moment à me remettre du choc. Je pense que cette année le gouvernement conservateur a compris la communauté franco-ontarienne, jusqu'à quel point c’était important de travailler avec notre communauté pour faire avancer nos différents dossiers. Dans ce sens-là, c‘est une bonne nouvelle en soi
, a-t-il déclaré.
À première vue - on va regarder les détails - on n’a pas reculé, on s’est maintenu. Je suis content qu’on ait souligné l’entente de financement pour l’Université de l’Ontario français,
a-t-il ajouté.

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin, s'est dit soulagé que le programme d’aide à la francophonie soit maintenu.
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Selon lui, l'entente de l'UOF est une bonne avancée pour rétablir le pont entre la communauté francophone et le gouvernement. Le dossier de l’université a certainement contribué à rebâtir des ponts entre la communauté et le gouvernement, il y a des dossiers qui vont avancer. Il faut continuer.
Par ailleurs, Carol Jolin ne perd pas espoir de rétablir le commissariat en français.
On va travailler très très fort pour convaincre la ministre des Affaires francophones et le gouvernement du bien-fondé de l’indépendance du commissariat aux services en français.
D’autres critiques dans la province
La directrice intérimaire ontarienne de la Fédération canadienne des contribuables, Jasmine Pickel, s’est dite surprise de l’augmentation du déficit par rapport à l’an dernier. Elle souligne que le déficit de 9 milliards de dollars en 2019-2020 représente une augmentation de 21,6% alors qu’il était de 7,4 milliards de dollars en 2018-2019.
Nous sommes surpris qu'un gouvernement élu sous la bannière de la responsabilité financière ait réellement augmenté le côté du déficit
, a-t-elle déclaré.
C'était un choc pour nous aujourd'hui.
Un saut de 22 % par rapport à l'année dernière est une mauvaise direction si vous souhaitez rétablir l'équilibre
, considère-t-elle.
L’Ontario prévoit toujours d’atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2023.
Le président de la Chambre de commerce de l'Ontario, Rocco Rossi, considère que le gouvernement prend des mesures raisonnables pour accroître la compétitivité des entreprises.
Le ministre des Finances a annoncé mercredi la mise en place d’un Conseil consultatif du premier ministre pour la compétitivité.
Il a salué la réduction du taux d’impôt sur le revenu des sociétés applicable aux petites entreprises, passant de 3,5 % à 3,2 % à partir de janvier 2020, tout en affirmant que la mesure demeurait insuffisante pour accompagner l’agrandissement des petites entreprises.
Pour relever ce défi, nous recommandons de créer un taux de la déduction variable pour les petites entreprises, au lieu du taux forfaitaire existant, pour les petites entreprises dont le revenu annuel est supérieur à 500 000 $. Les petites entreprises sont la colonne vertébrale de notre économie et un taux d'imposition variable qui augmente progressivement à mesure que les revenus augmentent contribue à la croissance et à la croissance des entreprises
, a-t-il communiqué.
Le maire de Toronto souligne l’importance de l’activité économique de Toronto qui contribue à la santé économique de la province et ne note aucun changement dans le budget alloué à la Ville, déplorant toujours les coupures endossées par les municipalités.
Bien que le personnel de la Ville étudie encore la mise à jour, il semble que le gouvernement provincial n’a apporté aucune modification importante au financement octroyé à Toronto et à d’autres municipalités que les réductions annoncées plus tôt cette année et que le gouvernement a finalement accepté d’appliquer progressivement ou, dans certains cas, de les annuler complètement
, a communiqué John Tory.
Ces réductions, qu’elles soient introduites par étape ou non, sont inappropriées compte tenu de notre obligation de servir les citoyens
, a-t-il ajouté.