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Se souvenir de l’armée sous une tasse de café

Des cartes postales, des photos et des médailles de l'armée canadienne

Les souvenirs de l'armée de Bernadette « Berny » Laverdière ornent les tables du Café Célestine.

Photo : Radio-Canada / Fanny Lachance-Paquette

Fanny Lachance-Paquette
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En ouvrant la porte du Café Célestine, à Sherbrooke, on est gagné par l’odeur du café et les murmures des conversations. Les clients flânent au rythme d’une musique apaisante. Rien ne laisse présager qu’une partie de l’histoire militaire du Québec est inscrite sur quelques-unes des tables.

Pourtant, en poussant sa tasse de café, on aperçoit sous la vitre des médailles, des photos et des cartes postales appartenant principalement à une femme : Bernadette Laverdière. Une des milliers de Canadiennes qui se sont portées volontaires pour l’armée canadienne lors de la Deuxième Guerre mondiale.

À l’époque, peu de femmes sont envoyées au front. La Watervilloise Bernadette Laverdière, qui s’est elle-même rebaptisée « Berny » pour faciliter les communications militaires (lesquelles se faisaient principalement en anglais), s’enrôle alors à Québec. Elle a 21 ans.

C’est de là-bas qu’elle contribuera à l’effort de guerre. Les femmes se voient confier les tâches administratives, permettant ainsi de libérer les hommes qui, eux, se rendent au front. La caporale de l’armée de l’air, qui deviendra plus tard lieutenant, veille aux vivres, à l’approvisionnement et à la coordination de l’envoi des troupes sur les champs de bataille.

Berny Laverdière est une fière militaire. Elle participe même à certains défilés où les femmes enrôlées sont à l’honneur.

Après la Deuxième Guerre mondiale, elle explore le monde grâce à l’armée. Pendant quelques années, elle arpentera l’Europe et l’Afrique du Nord. Au fil de ses aventures, elle relate sa vie dans l’armée à ses amis et à sa famille en leur écrivant de nombreuses cartes postales.

Ce sont ces correspondances et ces souvenirs, conservés dans une boîte trouvée dans le fond d’un garde-robe, qui sont exposés sur les tables du Café Célestine de la rue King Ouest. Si les propriétaires de l'endroit ont pu mettre la main sur ces reliques, c’est que la vétérane ne leur est pas étrangère. Il s’agit de la mère du copropriétaire Patrice Blais. Je voulais présenter le parcours de ma mère en tant que militaire de la Deuxième Guerre mondiale et aussi [démontrer] la place des femmes dans l’armée, explique-t-il. Selon lui, l’importance des femmes dans l’histoire militaire du Canada est sous-estimée.

Les propriétaires du Café Célestine lisent des extraits de cartes postales écrites par Bernadette Laverdière et ses proches.

Les liens qui relient Patrice Blais et sa famille à l’armée canadienne ne s’arrêtent pas là. C’est aussi au sein de l’armée que ses parents ont trouvé l'amour. Alors que sa mère quittera l’armée pour élever ses enfants, son père y mènera une carrière de plus de 25 ans. De nombreux oncles et tantes ont aussi servi au sein de l’armée canadienne. Une tante infirmière s’est rendue outre-mer lors de la Deuxième Guerre mondiale; un oncle a été mitrailleur; un autre travaillait dans la marine marchande... Les péripéties de ces proches sont aussi représentées derrière les vitres des tables.

En ce mardi midi, deux étudiantes ont pris d’assaut la table qui cache les médailles et les souvenirs de guerre de Bernadette Laverdière. Affairées sur leur ordinateur portable, les souvenirs de la militaire leur servent parfois de pauses d’étude.

Deux étudiantes sur un ordinateur portable

Des étudiantes se sont installées à la table regroupant les souvenirs de l'armée de Bernadette Laverdière. Elles apprécient les tables singulières du café.

Photo : Radio-Canada

On n'en entend pas assez parler, me lance l’une d’elles. Je les avais remarqués, mais je ne m’y suis jamais vraiment attardée, m’avoue l’autre. Les jeunes femmes apprécient l’histoire que recèlent ces tables. Ce n’est pas le cas de tous les clients, explique la copropriétaire Johanne Audet. Apparemment, certains n’aiment guère manger sur des souvenirs de guerre. D’autres se questionnent sur cette Bernadette Laverdière, décédée en 2008, mais dont la mémoire est bien vivante dans ce café de la rue King.

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