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Projet de parc éolien à Anse Bleue : l'expérience de Lamèque

Le parc éolien de Lamèque, lors d'un coucher de soleil.

Les éoliennes sont dans le paysage de Lamèque depuis près de 10 ans.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À l'heure où un nouveau projet de parc éolien suscite de l'opposition à Anse Bleue, dans la Péninsule acadienne, celui de Lamèque, construit il y a 8 ans, fait maintenant partie du paysage même si plusieurs s'interrogent encore sur les bénéfices qu'il a apportés à la communauté.

Le porte-parole du projet d'Anse Bleue, Daniel Brassard, faisait cette déclaration lors il y a quelques semaines lors d’une entrevue pour défendre son projet.

[À Anse-Bleue], il y a des restaurants qui ferment, il y a des stations d’essence qui ferment, peut-être qu’ils vont tous rouvrir maintenant, parce qu’il va y avoir un afflux de touristes qui vont venir visiter ce site-là.

Steven Cormier est en train de travailler à la caisse de son dépanneur.

Steven Cormier voit régulièrement des touristes dans ses commerces.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Lorsqu’on évoque cette perspective, Steven Cormier se retient de rire. Il est gérant des entreprises Desylvas, qui comprennent un restaurant, un dépanneur et un garage à Lamèque.

Il était là lorsqu’une trentaine d’éoliennes sont arrivées dans le paysage de l'île de Lamèque.

« Il n’y a pas eu de business qui a ouvert pour ça. »

— Une citation de  Steven Cormier

Il raconte qu’au début de la décennie, il y a eu des retombées économiques pendant une année ou deux. Ç'a donné un boom au niveau de l’entrée d’argent et le trafic.

Le parc éolien de Lamèque lors d'un coucher de soleil orangé.

Les éoliennes ont été créatrices d'emplois dans la région, mais surtout à court terme selon Steven Cormier.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Mais une fois cette frénésie estompée, tout est revenu à la normale. Il faudrait que ce soit à long terme pour ouvrir des business comme ça.

Steven Cormier assure qu’il voit passer plusieurs touristes à son lieu de travail. Mais, le monde ne vient pas ici pour voir les éoliennes.

100 % à l’entreprise

Le parc éolien de Lamèque est détenu à 100 % par l’entreprise espagnole Acciona.

En fait, le principal avantage pour la communauté, ce sont les redevances, soit plus de 200 000 $ remis à la Coop d’énergie renouvelable de Lamèque, ainsi que les sommes versées aux propriétaires des terrains où se trouvent les éoliennes.

Ce n'est pas extraordinaire, vous le constaterez vous-même, explique Jean-Louis Chaumel, un expert en développement éolien. Néanmoins, dans les circonstances c'était peut-être la moins pire des solutions.

Jean-Louis Chaumel lors d'une entrevue avec un journaliste.

Jean-Louis Chaumel est un expert sur les énergies renouvelables et les éoliennes.

Photo : Radio-Canada

Il explique que la communauté de Lamèque, en n’étant pas partenaire, s'est privée de certains leviers.

Vous avez moins de pouvoir sur la gestion du projet, vous pouvez exiger moins d'emplois dans la communauté et vous avez évidemment un pourcentage des profits inférieur à ce que vous auriez eu.

Six employés à temps plein s’occupent des éoliennes de Lamèque.

« On a fait gagner de l’argent à des gens »

Paul Lanteigne habite maintenant à Tracadie. Mais son cœur est toujours sur l’île. C’est lui qui a lancé le projet de parc éolien lorsqu’il était à la tête de la Société coopérative de Lamèque.

Paul Lanteigne en entrevue avec un journaliste.

Paul Lanteigne est toujours fier du projet à Lamèque.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Il admet huit ans plus tard que le projet aurait été probablement plus profitable si la localité avait investi dans le parc éolien afin d’en être copropriétaire.

À l’époque, cette idée avait été évoquée, mais avait été écartée puisque les sommes à investir étaient importantes. Si c'était à recommencer, je pense qu'on pourrait peut-être fait une campagne de financement, affirme Paul Lanteigne.

« Quand tu es pionnier dans un domaine, c'est difficile. Aujourd'hui, c'est facile de dire qu'on aurait pu avoir davantage. »

— Une citation de  Paul Lanteigne

Toutefois, Paul Lanteigne ne regrette rien. Les revenus annuels de 200 000 $, indexés au coût de la vie, sont obtenus sans investissement et sans prise de risque.

Aucun investissement n’a été fait dans le projet de Lamèque. Zéro. On a fait gagner de l’argent à des gens.

Une éolienne lors d'un coucher de soleil.

Le parc éolien de Lamèque compte une trentaine d'éoliennes.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Il confesse qu’il y avait une part de naïveté lorsque le projet de Lamèque a été lancé. Certains croyaient pouvoir profiter directement de l’électricité produite sur le territoire.

Souvent, sur l'île Lamèque, on avait des pannes d'électricité. On s'est vite rendu compte que, pour vendre l'électricité au Nouveau-Brunswick, il faut la passer sur des réseaux. Ce n'était donc pas possible d'être autonomes.

Où va l’argent ?

Lorsqu’on lui parle des 200 000 $ versé annuellement à Lamèque, Jean-Louis Chaumel se pose cette question : le citoyen de Lamèque qu’en retire-t-il ?.

La coopérative a des ententes à court et moyen terme avec le campus universitaire, le Festival de musique baroque et le Salon du livre de la Péninsule acadienne, notamment, répond Paul Lanteigne.

Il explique que l’argent sera utilisé, aussi, pour lancer un centre d’interprétation sur les mouvements coopératifs, dont Lamèque a souvent été le berceau.

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