Immigration : en 2015, Jolin-Barrette trouvait « injuste » de changer les règles
Dans l'opposition, il jugeait « irrespectueux » que les critères de sélections soient modifiés alors que les candidats à l'immigration ont déjà déposé leur dossier.

Simon Jolin-Barrette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 19 mars 2015, quand il était porte-parole de l'opposition caquiste en matière d'immigration, Simon Jolin-Barrette avait déclaré à Radio-Canada, dans une entrevue jamais diffusée, que c'était « injuste » et « irrespectueux » pour les candidats à l'immigration que les grilles de sélection changent alors qu'ils ont déjà déposé leur demande.
Or, l'actuel ministre de l'Immigration se retrouve au coeur d'une controverse en raison de sa décision de modifier de façon rétroactive les règles d'un programme d'immigration qui permet aux étudiants étrangers d'accéder rapidement à la résidence permanente.
Des milliers de candidats à l'immigration déjà installés et intégrés au Québec sont dévastés et se sentent trahis par le gouvernement.
Désormais, pour profiter du Programme de l'expérience québécoise (PEQ), les candidats devront détenir un diplôme ou avoir travaillé dans un des domaines prédéfinis par le gouvernement, alors qu'aucun domaine n'était exclu par le passé.
La déclaration de Simon Jolin-Barrette en 2015
Les propos de l'élu caquiste ont été tenus lors d'une entrevue téléphonique accordée à Radio-Canada qui n'a jamais été diffusée. Elle avait été réalisée trois jours après l'annonce de la CAQ de ses propositions en immigration.
« L’autre élément qui est vraiment injuste pour les immigrants, c’est que les dossiers, actuellement, sont traités par le ministère de l’Immigration avec la grille de sélection en vigueur, au moment où le dossier est traité », avait-il dit.
Si vous déposez votre candidature supposons le 1er janvier 2015, la grille de sélection elle est comme ça avec les métiers en demande. Puis elle est modifiée, supposons trois mois plus tard, mais votre dossier n'a pas encore été traité, eh bien il va être traité avec la nouvelle grille de sélection. Mais vous, vous aviez des points, supposons, pour votre qualification professionnelle, à l’époque, là vous allez peut-être les perdre avec la nouvelle grille de sélection. C'est irrespectueux d'accorder des aussi longs délais à l'administration.
Interrogé à ce sujet, l’attaché de presse du ministre, Marc-André Gosselin, répond : Le ministre s’insurgeait sur les délais inhumains entre le dépôt d’une demande et le traitement de celle-ci dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés. Il dénonçait le fait d’accorder des aussi longs délais à l’administration du ministère par rapport au traitement des dossiers.
Manque de cohérence selon l'opposition
Le ministre doit rester cohérent avec ce qu'il disait en 2015, réagit le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'Immigration, Monsef Derraji, à moins qu'il soit obsédé par ses cibles de 44 500 immigrants.
Je mets au défi le ministre de nous présenter un seul groupe qui est d’accord avec sa réforme du PEQ.
Le Québec compte 48 000 étudiants étrangers. Les universités québécoises dénoncent les changements au programme et craignent que cela nuise à leur « crédibilité » à l'international
Avec des associations étudiantes, les recteurs réclament une révision des listes et l'instauration d'une clause de droits acquis pour les étudiants déjà dans la province.
En entrevue à l'émission Tout un matin à l'antenne d'ICI Radio-Canada Première, le ministre n'a pas montré d'ouverture à une « clause grand-père ».
Pour nous, ce qui est important c'est de s'assurer de bien intégrer les personnes immigrantes, mais surtout de faire en sorte que, lorsqu'elles sont sélectionnées, elles le sont en fonction des besoins qui ont été établis par le Québec.
Le ministre précise que les étudiants étrangers peuvent aussi passer par la voie du Programme régulier des travailleurs qualifiés pour cheminer vers la résidence permanente.
Lundi, le premier ministre François Legault a consenti à des ajustements à la liste des domaines exclus du programme après avoir appris que les étudiants étrangers en intelligence artificielle ne pourraient pas en profiter.