La nouvelle école francophone à Golden accueille ses premiers élèves

Les élèves qui composent l'École francophone de Golden.
Photo : Aine Falter
Après une mobilisation acharnée des parents, un premier établissement scolaire du Conseil francophone de la Colombie-Britannique (CSF) a ouvert ses portes en septembre à Golden, donnant ainsi un nouveau souffle à la culture francophone dans ce petit village à la frontière avec l'Alberta.
Il aura fallu un peu moins de deux années à une poignée de parents de Golden pour que leur combat porte ses fruits et que leur rêve, qui n'était pas si fou, devienne réalité.
C’est incroyable. C’était un rêve et, maintenant, c’est ici.
Bien que faisable, la création d'une nouvelle école n'était pas si simple. Les parents ont travaillé d'arrache-pied pour démontrer l'importance d'une telle école pour que leurs enfants puissent évoluer en français. Le projet a dû être étudié très méticuleusement.
Il y a eu un grand intérêt qui a été démontré. Donc, ç'a été un engouement tout de suite. C’était une possibilité, c’était faisable avec l’aide du CSF. Il fallait les convaincre, les chiffres étaient là pour nous appuyer.
Jessica Chagnon, mère de deux enfants qui fréquentent la nouvelle école, fait partie des parents qui ont mis la main à la pâte pour que leur progéniture ait une éducation entièrement en français.
C’est des pionniers, mes enfants. Je suis fière d’eux.
Nichée dans les montagnes Rocheuses, Golden permet l'épanouissement d'une communauté francophone dynamique. Selon le dernier recensement de 2016, la municipalité compte plus de 400 habitants qui parlent le français sur une population de 3700, bien que beaucoup d'autres francophones résident dans sa région élargie.
Cinq niveaux, deux classes
L’établissement, qui accueille pour le moment une quinzaine d'enfants, occupe les anciens locaux d’un dépôt de bouteilles et d’un magasin Sears. Sa venue a réussi à revitaliser le secteur de la municipalité, ce qui réjouit les parents et les enfants.
Tous s'accordent sur l’esthétique du bâtiment, mais aussi sur l’espace généreux du lieu qui compte notamment un gymnase et une bibliothèque.
J’aime ça parce que c’est tout nouveau. Puis, on a plus d’attention. On fait des affaires plus "le fun", on fait des jeux. Il y a moins de monde dans la classe, on fait plus d’affaires, on peut sortir dehors.
Les élèves sont répartis dans deux classes qui couvrent la maternelle jusqu’à la quatrième année du primaire. Deux enseignantes, Christine Mousseau et Chantal Stephenson, assurent les cours.
Un cadre inspirant
Golden et son cadre géographique représentent un avantage indéniable autant pour les parents, les enseignants que pour les enfants.
La proximité de la nature offre une flexibilité non négligeable, un contexte d'apprentissage riche et diversifié.
On est allé faire du patin, on a marché jusqu’à l’aréna. On a une forêt qui est à proximité. Donc pour les sciences, faire des apprentissages dans la nature, c’est tout près.
Appelé à grandir
Le CSF
espérait une trentaine d’enfants pour cette première année à l'École francophone de Golden.Malgré le petit nombre d'élèves, les parents aussi bien que le Conseil scolaire francophone sont enthousiastes pour l'avenir. Ils savent qu'avec une communauté francophone en croissance à Golden, le nouvel établissement est appelé à grandir.
D’ailleurs, les locaux peuvent accueillir jusqu’à 80 élèves, et les autorités scolaires visent un agrandissement allant jusqu’à la 7e année d'ici 2022.
Lancé sur Facebook
L’instigateur de ce projet ambitieux est John Denham, un Québécois anglophone. En 2017, ce père de famille a lancé, sur Facebook, un appel d’intérêt, un genre de sondage, pour la construction d'une école francophone.
La réaction a été inattendue et unanime, mentionne Caroline Tremblay, présidente de la section locale de l'association nationale Canadian Parents for French.
Ça a été phénoménal comme réponse. Le "timing" a été vraiment bon pour tout le processus.
Fier de son bilinguisme, John Denham rappelle que l'éducation en français est un droit inséré dans la Charte des droits et libertés.
J’ai grandi au Québec comme anglophone, mais [j’ai été] éduqué dans une école francophone, dans une communauté francophone
, souligne-t-il. Il était important
pour lui que sa fille vive la même dualité linguistique et culturelle.
La majorité des gens qui me voient me félicitent pour l’école. Ils trouvent qu’on a changé Golden.
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Un terreau fertile
L’ouverture d’une école francophone devenait d'ailleurs pressante. Avec les douloureuses coupes dans le programme d’immersion française il y a quelques années, l’apprentissage de la langue de Molière n'était plus offert qu'à partir de la quatrième année.
La présidente de la Canadian Parents for French à Golden, Caroline Tremblay, rappelle ceci : beaucoup de parents se sont battus à l’époque pour maintenir le programme d’immersion dès la maternelle.
Avant, peut être que les francophones étaient satisfaits d’avoir l’école d'immersion française même si c’était un enseignement de français langue seconde. Maintenant, vu que ça ne commence qu'en quatrième année, les francophones sentent encore plus une lacune.
L’engouement pour l'ouverture de la nouvelle école a cependant été quelque peu terni par les questions de l’accès aux non-ayants droit. Certains parents ne comprenant pas pourquoi leurs enfants ont été exclus de ce projet.
L’accueil a, par conséquent, été mitigé, reconnaît la directrice de la Canadian Parents for French, même si, aujourd’hui, le sentiment général est plutôt favorable.
C’est un peu divisé. Avec les gens de mon entourage immédiat, je sens un grand soutien et un enthousiasme. [Dans] des discussions publiques, je vois qu’il y a des personnes qui aimeraient envoyer leurs enfants à l’école et qui ne sont pas admissibles. Donc, ça crée des frustrations.
Pour Jocelyn Wilson, une maman qui n’a pu inscrire son enfant dans l’école francophone, ces frictions semblent se dissiper. Elle comprend les règles en vigueur, ayant elle-même fréquenté une école d’immersion.
Je suis contente que la communauté francophone ait un bijou pour la culture, puis pour la connaissance et la visibilité dans la communauté.
Actuellement sans dénomination officielle, l’établissement s’appelle tout simplement l’École publique francophone de Golden.
Son nom sera déterminé lors de la prochaine réunion du conseil d’administration du CSF
le 16 novembre. Le choix se fera entre trois noms : l’École francophone La Confluence, Les Montagnards ou La Cache.Un travail à poursuivre
À l’instar des toutes les écoles du Conseil scolaire francophone, l’École francophone de Golden possède une association de parents d’élèves qui vient à peine d’être enregistrée comme association sans but lucratif.
Ce statut lui permettra d’obtenir du financement public, d’avoir le droit de collecter des fonds ou encore d’ouvrir un compte bancaire.
Pour le reste, il faut faire vivre l’école et accorder au personnel de l’école le temps d’acquérir une maturité.
Les parents savent que ce n’est pas parce que les cours ont commencé que leur travail est terminé. Ils continuent à se réunir et à se mobiliser pour que l’établissement s’épanouisse et assoie sa place.
Pour l’heure, ils attendent du matériel pour ouvrir officiellement les portes à la communauté, et rêvent qu’un jour le cycle secondaire soit offert dans cette école.
Avec les informations de Julie Carpentier