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Où s’en va la scène émergente montréalaise?

La fermeture de plusieurs bars à spectacles soulève des questions sur l'avenir de ces lieux consacrés à la relève musicale.

Image d'une façade des Katacombes, où l'on aperçoit le logo de la salle de spectacle peint sur un mur noir.

La salle de spectacle Les Katacombes doit fermer ses portes le 31 décembre 2019.

Photo : Facebook / Coopérative Les Katacombes

Depuis quelques années à Montréal, plusieurs bars à spectacles ont fermé leurs portes. Il y a eu le Divan Orange, Les Bobards, le Jello bar, et maintenant Les Katacombes, une institution montréalaise pour la musique métal et punk, qui va fermer ses portes en décembre. Tous des bars à spectacles où les artistes de la relève pouvaient se produire devant public. Que se passe-t-il?

Ce sont parfois des ennuis avec le voisinage à cause du bruit, comme au Divan Orange, ou encore en raison de la pression immobilière, dans le cas des Katacombes, une coopérative de travail et un centre de diffusion artistique qui a fait les frais du développement de tours à condos dans le quartier... des spectacles.

C’était original comme lieu, avec la mezzanine décorée de têtes de mort. La bâtisse prend l’eau et coûte cher à maintenir. Et autour, il y a de nombreux développements de condos, dit Hugh Bouchard, technicien de son des Katacombes. D’ici quelques semaines, cet ancien musicien va devoir se trouver un autre emploi.

L’embourgeoisement des villes est responsable de nombreuses transformations, ce qui a un impact sur les bars à spectacles et la culture parallèle. J’ai joué en Europe et c’est la même chose là-bas, affirme le musicien Tito Sono, fondateur du groupe de musique latine festive El Son Sono. Le phénomène ne serait donc pas que montréalais, mais international et multifactoriel.

Les changements dans les habitudes de consommation des nouvelles générations, qui découvrent et écoutent de la musique sur différentes plateformes numériques, seraient aussi en cause. Même si l’offre musicale est énorme au Québec, c’est de plus en plus difficile de vendre des billets. Les gens ont de moins en moins envie de voir de la musique live, constate Jon Weisz, fondateur de l'agence Indie Montreal et de Scènes de musiques alternatives du Québec (SMAQ), qui regroupe les petites salles non subventionnées.

Mais ces petites salles sont la fondation de notre industrie musicale. Sans elles, il n’y aurait pas de Patrick Watson, de Pierre Lapointe, de Cœur de pirate ou de Half Moon Run.

Une citation de Jon Weisz, fondateur de l'agence Indie Montreal et de SMAQ

À écouter :

Question d’argent

Une autre raison de la fermeture de ces bars à spectacles est qu’ils doivent fonctionner sans fonds publics, contrairement à leurs voisins comme les salles de spectacle ou les maisons de la culture.

C’est à peu près impossible d’obtenir des subventions quand tu es un bar à spectacles. Les bailleurs de fonds considèrent qu’on fait assez d’argent en vendant de l’alcool et de la nourriture, alors que ce n’est pas le cas, raconte Jacob Warren, copropriétaire du Verre bouteille, un lieu mythique de l’avenue du Mont-Royal qui survit tant bien que mal, avec son statut de bar, et qui présente plusieurs spectacles par semaine.

DJ a tué mon âme

Plusieurs bars qui avaient des spectacles à l’affiche proposent maintenant un DJ qui fait tourner des pièces musicales.

La clientèle va plutôt dans ces bars pour jaser sur fond d’ambiance ou danser. Ou encore voir des spectacles d’humour. Elle serait moins portée à demeurer captive et attentive à une prestation musicale, a constaté Anique Granger, une auteure-compositrice-interprète de la Saskatchewan qui roule sa bosse depuis 20 ans et qui lançait, la semaine dernière, Le ruban de la cassette, son troisième album, au Verre bouteille.

C’est plus difficile de sortir les gens de leur univers. On est constamment connecté, en train de regarder ce qui se passe sur notre téléphone intelligent. C’est difficile de déposer nos appareils et d’aller voir du vrai monde. Les gens sont beaucoup plus frileux qu’avant, conclut-elle.

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