Un an à la mairie de Vancouver et trois priorités pour Kennedy Stewart

Kennedy Stewart se réjouit que le nouveau gouvernement fédéral soit minoritaire, car il croit que cela profitera à Vancouver et aux problématiques sur lesquelles il se concentre depuis un an.
Photo : Maggie MacPherson / CBC
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Kennedy Stewart est installé comme maire de Vancouver depuis une année et il a fait du logement, de la crise des surdoses ainsi que du SkyTrain jusqu’à l’université de la Colombie-Britannique ses chevaux de bataille.
Kennedy Stewart a incarné l’opposition à l’oléoduc Trans Mountain alors qu’il était député néo-démocrate pour la circonscription de Burnaby-Sud. Son visage est devenu de plus en connu des Vancouvérois. Et il s’est retrouvé comme choix évident pour environ 50 000 électeurs le soir des élections municipales du 20 octobre 2018. Mais la victoire n’a pas été écrasante, avec seulement 984 votes le séparant du candidat Ken Sim, de la Non Partisan Association.
Il y avait un désir de changement dans la dernière élection avec huit nouveaux conseillers et le nouveau maire indépendant.
Deux semaines plus tard, le 5 novembre, le nouveau maire de Vancouver a pris le pouvoir à l’Hôtel de Ville. Les dossiers chauds étaient sur le bureau depuis belle lurette, à savoir : le logement abordable, l’extension de la ligne de SkyTrain Millennium à UBC et la crise des opioïdes qui se conjugue à celles des surdoses.

Kennedy Stewart dirige un conseil municipal divisé et composé majoritairement de femmes.
Photo : Tina Lovgreen
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Logement abordable, drogues et transport en commun
Kennedy Stewart a établi ces trois priorités qui amélioreraient la vie de ses concitoyens. Le maire de Vancouver affirme savoir qu’il y a de nombreuses autres choses à l’ordre du jour, mais qu'il faut définir clairement ses objectifs et sa mission.
Je m’attelle à ces trois chantiers jusqu’à ce que les gens me demandent de faire autre chose.
Toutefois, le maire indépendant le sait très bien, la réalisation de ces objectifs ne dépend pas que de lui et de son équipe. Cela n’arrivera pas sans le financement de la province et du fédéral
, soutient-il. Alors, il revêt son uniforme de lobbyiste lorsqu’il rencontre le premier ministre du Canada et celui de la Colombie-Britannique.
Ils sont en quelque sorte ennuyés lorsqu’ils me voient, car je n’arrête pas de répéter : "Logement, surdoses, transport."

La Police de Vancouver croit qu'un approvisionnement sûr de drogue permettrait de sauver des vies et de réduire la criminalité.
Photo : Radio-Canada
Le maire de l’une des villes qui offrent la meilleure qualité de vie au monde regrette que la crise des surdoses continue de sévir, une personne mourant chaque jour d’une surdose. À son avis, l’accès à des drogues sûres et non contaminées aiderait à baisser ces statistiques morbides. Son travail est d’arriver à ce qu’Ottawa et Victoria investissent dans l’approvisionnement en drogues sûr, martèle-t-il.

Un rapport de la Chambre de commerce indique que les gens ont besoin d'un revenu annuel d'un peu plus de 200 000 $ pour financer et couvrir les coûts de possession d'une maison moyenne dans la région métropolitaine de Vancouver.
Photo : Radio-Canada / Gian-Paolo Mendoza
Et en étant l’une des villes où le coût de la vie est le plus élevé du monde, Vancouver est presque devenue un terrain hostile pour la classe moyenne et les personnes à faibles revenus qui y éprouvent des difficultés à se loger. Malgré le coup de main du fédéral, le manque de logements abordables est criant.
Je crois que changer la régulation en matière de logement dans la ville est important. Environ 70 % de la ville est pensé pour des maisons détachées.
Plusieurs initiatives ont été mises en place pour parvenir à élargir le parc immobilier de la municipalité. Kennedy Stewart cite en exemple l’accélération du processus d’octroi de permis, la collaboration avec différentes communautés pour y augmenter la densité et plusieurs projets de construction de logement modulaire.

« rien ne verra le jour sans l’appui de la province et du fédéral », rappelle Kennedy Stewart à propos des différents projets de transport.
Photo : Atomic Taco, par l'entremise de Wikimedia Common
Puis, l’expansion du SkyTrain le long du corridor Broadway jusqu’à l'UBC est indispensable. Il faut que ce projet fonctionne pour tout le monde et s’assurer qu’il profite à toutes les communautés
. [Mais avant tout] je dois sécuriser des milliards de dollars
, affirme le maire Stewart.
En situation minoritaire, mais fier de son conseil
Kennedy Stewart est le premier maire indépendant de Vancouver depuis Mike Harcourt en 1986, à la tête d’un conseil municipal minoritaire où aucun parti politique ne détient une majorité de sièges. D’après lui, cela a conduit à un conseil municipal dynamique et à de longues réunions : 107 motions ont été présentées au cours des 12 premiers mois, plus que le double par rapport au précédent conseil majoritaire de Vision Vancouver.
C’est un travail ardu, en termes de quantité d’efforts déployés par les conseillers, je les applaudis vraiment.
En même temps, cela a souvent ralenti le programme politique. Le personnel a dû mettre à jour ou réviser des dizaines de règlements et de politiques au cours de la dernière année. De plus, les réunions peuvent souvent être interrompues lorsque les amendements aux motions sont jugés irrecevables ou à l’encontre des politiques de la Ville.

Kennedy Stewart et les 10 conseillers municipaux de Vancouver, à leur assermentation en 2018.
Photo : Radio-Canada / Adrien Blanc
Kennedy Stewart reconnaît qu’après sept années à la Chambre des communes à Ottawa, les rôles ont changé et qu’il est toujours en période d’apprentissage pour être un président plus efficace lors des réunions
.
Ma plus haute priorité en termes de présidence du conseil est de m'assurer que tout le monde se sente inclus et écouté.
Mais il se veut également sympathique et laisser le débat se dérouler aussi longtemps que nécessaire, pour maintenir la paix
. C'est probablement une raison pour laquelle, à l'exception de la conseillère de la NPA, Colleen Hardwick, personne autour de la table du conseil ne le couvre de critiques.
Un an, l’heure du bilan
Avec beaucoup de pain sur la planche, le maire de 53 ans estime qu’il a aussi relevé certains défis. Alors il se donne une note de B plus
. Il a tenu un certain nombre de ses promesses de campagne, notamment celles d'accroître les effectifs pour réduire les délais d’autorisation de permis, de créer un bureau de défense des droits des locataires et de faire pression pour que davantage de logements locatifs de moyenne et haute densité soient répartis dans toute la ville.
D'autres engagements ont été relégués au second plan, comme la promesse de tripler la taxe sur les logements inoccupés de Vancouver, qui est actuellement de 1 % au niveau municipal.
Ce que je ne veux pas, c'est que la valeur des propriétés s'effondre
, a déclaré Kennedy Stewart. Parce que, si le gouvernement fédéral adopte sa propre taxe sur la spéculation, elle serait probablement suffisante, combinée à la taxe provinciale déjà existante, estime-t-il.
Par ailleurs, pendant sa campagne électorale, Kennedy Stewart avait promis de réformer le système électoral à Vancouver pour instituer un système de circonscriptions de quartier. Cette promesse est passée aux oubliettes.
Je dois aussi reconnaître que mon travail consiste à faire ce que veulent les citoyens. Ils ne réclament pas de réforme électorale.
Avec les informations de Justin McElroy de CBC