Cannabis à 21 ans : « ça n’a aucun sens », soutient un expert de l'Outaouais

Yves Séguin dirige le Centre d'intervention et de prévention en toxicomanie de l'Outaouais (archives)
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La nouvelle législation québécoise sur le cannabis interdira la consommation de la substance aux moins de 21 ans dès le 1er janvier 2020 dans la province. Québec souhaite ainsi protéger les jeunes, une clientèle qu’il juge « vulnérable ». Or, cela aura plutôt l’effet contraire, clame le Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais (CIPTO).
Le projet de loi 2, adopté mercredi à l’Assemblée nationale, ne fera que donner de la force au marché noir, croit Yves Séguin, directeur général du CIPTO. D’après Statistique Canada, 60 % de la consommation de cannabis se fait encore de manière illégale.
[Les jeunes] vont se retourner où? Vers le marché noir, et ils vont prendre plus de risques. Déjà qu’il y a des risques à consommer du cannabis, il va y en avoir encore plus, parce qu’ils ne savent pas encore ce qu’ils vont consommer la plupart
, a souligné M. Séguin.
Le 21 ans, c’est arbitraire [...] Les jeunes de moins de 18 ans consomment déjà en ce moment. Est-ce que la loi leur fait si peur que ça?
Ce dernier a ajouté qu’il est toujours particulièrement difficile d’attirer les jeunes consommateurs dans les succursales de la Société québécoise du cannabis, et que l’attitude du gouvernement Legault est paternaliste
.
Le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, a reconnu que les jeunes de la région peuvent également se tourner vers Ottawa pour s’approvisionner en cannabis légal, puisque l’âge légal en Ontario est fixé à 19 ans.
Il n’y aura jamais rien de parfait sur la question du cannabis
, a admis le ministre en entrevue à l’émission Sur le vif, mercredi, même s'il est d'accord avec la nouvelle législation de son gouvernement.
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Fin du cannabis en public... ou presque
Le gouvernement du Québec restreint également la consommation de cannabis dans les lieux publics. Il sera seulement possible de fumer de la marijuana dans les parcs où les municipalités vont le permettre.
C’est une flexibilité qu’espérait avoir la présidente de la Commission Gatineau, Ville en santé, Renée Amyot.
On souhaitait [que les autorités] prennent en compte dans la loi les usagers consommateurs de cannabis pour ne pas les obliger à fumer à l’intérieur de leur domicile en présence de clientèle vulnérable
, a-t-elle noté.
La fumée secondaire, c’est dommageable pour tout le monde, alors qu’on sait qu’à l’extérieur, c’est négligeable
, a ajouté la conseillère du district de Limbour.
Le projet de loi recevra la sanction royale samedi, mais il faudra attendre plusieurs semaines avant de connaître les lieux publics où il sera permis de fumer. Puisque les municipalités doivent encore élaborer leurs propres règlements à ce sujet.
Avec les informations de Claudine Richard