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Voici comment Spotify rémunère les artistes

Des icônes d'applications de musique en continu sur l'écran d'un téléphone intelligent.

Apple Musique, Spotify et Amazon Musique sont de gros acteurs du milieu de l'écoute en continu.

Photo : Associated Press / Jenny Kane

« Pour un million d’écoutes de ma chanson Je déteste ma vie (dont j’ai écrit les paroles et la musique) sur l’application Spotify, j’ai touché 500 $ », a dévoilé Pierre Lapointe au Gala de l’ADISQ dimanche soir. Un coup de gueule qui a généré de nombreux questionnements sur la manière dont Spotify et d’autres plateformes numériques rémunèrent les artistes.

Le mode de paiement des artistes présents sur l'entreprise suédoise Spotify se fait au prorata. « Chaque écoute est comptabilisée, puis mise dans un pot. Les écoutes de l’ensemble des artistes qui sont sur la plateforme dans le monde sont additionnées. Ensuite, les revenus qui viennent des abonnements de ces plateformes sont redistribués aux ayants droit au prorata du nombre d’écoutes sur le total », explique la professeure à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Suzanne Lortie en entrevue à RDI économie.

L'entrevue de Suzanne Lortie à RDI économie

Elle ajoute que le montant versé aux artistes ne dépend pas seulement du nombre d’écoutes par mois de leurs chansons, mais surtout du nombre d’écoutes par rapport aux autres artistes.

Si Drake avait sorti un album qui avait fait un tabac et généré une quantité immense d’écoutes, proportionnellement [la valeur] du nombre d’écoutes de Pierre Lapointe aurait diminué. La valeur de son écoute fluctue d’un mois à l’autre selon les sorties et l’achalandage.

Une citation de Suzanne Lortie

Donc, on estime que 80 % des écoutes sur les plateformes numériques se font sur 20 % des titres offerts.

Suzanne Lortie précise que le modèle d’Apple Music est similaire à Spotify.

Un modèle d’affaires différent

Les ententes entre les plateformes de musique en ligne et l’industrie de la musique ont été pensées de manière à faire la promotion des artistes et à encourager les gens à acheter la musique.

Les tarifs [...] négociés sont des tarifs de promotion, et non pas des tarifs de diffusion, comme ceux qui ont cours de façon traditionnelle avec un diffuseur comme Radio-Canada, Stingray ou Sirius, a expliqué Suzanne Lortie.

Pierre Lapointe a les bons chiffres

Le journaliste de L’heure du monde Kevin Dufrêche a vérifié les chiffres avancés par Pierre Lapointe auprès de Geneviève Côté, chef des affaires du Québec et des arts visuels de la SOCAN.

Au Canada, c’est environ 5000 $ pour 1 million d’écoutes pour tous les ayants droit, le distributeur, la maison de disque, etc. Ça dépend des trimestres, mais on est entre 500 et 700 $ pour 1 million d’écoutes en droits d’auteur seulement. Le chiffre est véridique et triste.

Une citation de Geneviève Côté

Quand on sait que le nombre d’albums vendus ne fait que baisser, on peut estimer les pertes de revenus pour les artistes. Un album se vend entre 15 $ et 20 $. L’abonnement aux plateformes numériques coûte de 10 $ à 15 $ par mois aux personnes abonnées pour écouter de la musique de façon illimitée.

Des solutions?

Pierre Lapointe a réclamé que les gouvernements agissent pour protéger les artistes et favoriser une meilleure rémunération.

Le regroupement des artisans de la musique demande que toutes les entreprises qui bénéficient de la croissance de la diffusion de la culture participent à son financement. On parle des plateformes en ligne ainsi que des fournisseurs des forfaits d’accès à Internet résidentiel et mobile.

De son côté, Geneviève Côté demande qu’on commence à collecter la TPS auprès de ces entreprises et qu’elles payent des impôts. C’est ça, l’appel de Pierre. Il faut maintenant bouger pour que ces plateformes deviennent des partenaires de l’écosystème et non des parasites.

Lors de la dernière campagne électorale, Justin Trudeau, premier ministre désigné, a promis de mettre en place une taxe pour les géants du numérique à hauteur de 3 % de leur chiffre d’affaires au Canada.

Le prochain pas est de dire qu’une part de ça doit revenir aux acteurs qui produisent, pensent et inventent les contenus, conclut Geneviève Côté.

Suzanne Lortie ajoute que Deezer, une autre plateforme de diffusion numérique de la musique, changera la manière de rémunérer les artistes en janvier 2020. Le calcul de la rémunération dépendra des habitudes d'écoute des personnes abonnées.

Si vous écoutez Drake tout le temps, l’ensemble de votre abonnement va aller à Drake. Vous pouvez écouter Pierre Lapointe une fois et une toute petite partie du revenu de votre abonnement va aller à Pierre Lapointe. Par contre si je n’écoute que du Pierre Lapointe, la totalité du prix de mon abonnement sera reversée à Pierre Lapointe ou tous les autres artistes que j’écoute. Ce qui veut dire qu’au lieu de soutenir par mon abonnement un artiste que je n’écoute pas, je soutiendrai un artiste que j’écoute.

Avec les informations de Kevin Dufrêche

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