Le gouvernement canadien refuse une autorisation de voyage à Carles Puigdemont

L’ex-président cantalan Carles Puigdemont avait organisé en 2017 un référendum visant l'indépendance de la Catalogne.
Photo : Reuters / Francois Lenoir
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement canadien a officiellement refusé l'entrée au pays à l'ex-président catalan, Carles Puigdemont, qui a tout de suite confirmé que la décision sera contestée en cour fédérale.
M. Puigdemont avait été invité par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) pour une série d'activités qui auraient dû démarrer dès le printemps passé. Ces conférences ont été reportées en raison de l'attente pour l'obtention d'un document de voyage indispensable pour entrer au Canada.
Dès le mois de février, l'indépendantiste qui était à l'origine du référendum de 2017 sur l'autodétermination de la Catalogne, en Espagne, avait demandé son Autorisation de voyage électronique (AVE).
Habituellement, la réponse à une telle autorisation est rendue en quelques jours.
La décision de refuser cet AVE est finalement tombée mardi matin, explique son avocat Stéphane Handfield, comme l'a rapporté dans un premier temps La Presse.
« L’agent conclut qu’il a des motifs raisonnables de croire que M. Puigdemont serait interdit de territoire au Canada compte tenu des accusations pendantes contre lui en Espagne », souligne Me Handfield.
Un mandat d'arrêt international
Exilé en Belgique depuis la fin de l'année 2017, l'ancien président catalan a fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt internationaux pour avoir organisé ce scrutin, qui avait été déclaré illégal par le gouvernement espagnol.
Une audience en Belgique devait d'ailleurs avoir lieu ce mardi pour étudier un nouveau mandat d'arrêt, émis il y a quelques jours, mais elle a finalement été reportée à la mi-décembre.
« C'est une drôle de coïncidence », juge Me Handfield.
« Je trouve ça un peu désolant et même, à la limite, ridicule, cette situation-là. Le gouvernement ne pouvait pas ne pas savoir que ces accusations existaient. Pourquoi attendre tout ce temps pour rendre une décision aussi, disons-le, étonnante? »
« La criminalité » peut justifier ce refus
Ottawa n'a pas souhaité ce cas précis « sans le consentement écrit de cette personne ».
« Les AVE sont évaluées par des agents d'immigration bien formés sur la base des informations fournies par le client. Chaque application est traitée au cas par cas conformément aux lois sur l'immigration », indique Mathieu Genest, porte-parole du ministre de l'Immigration sortant, Ahmed Hussen.
« Les raisons pour lesquelles une personne peut être jugée interdite de territoire comprennent la criminalité, un grave problème de santé, le fait d'avoir menti dans sa demande ou pendant une entrevue. »
François Legault est « perplexe »
Après avoir envoyé une mise en demeure au gouvernement canadien il y a quelques semaines, l'ancien président catalan a désormais l'intention de contester cette décision en cour fédérale. Un recours sera déposé dans les prochains jours, précise Me Handfield, qui dit « espérer que les parlementaires s’indigneront d’une telle décision ».
Le premier ministre du Québec, François Legault, a quant à lui avoué être « perplexe ». À la sortie du caucus de la CAQ, mardi après-midi, il a réclamé des explications de la part d'Ottawa.
« Je voudrais que le gouvernement du Canada nous explique pourquoi il refuse de donner ce visa. Avant de dire si c’est normal ou non, il faudrait qu’il nous explique pourquoi. »
De son côté, la SSJB a accusé Ottawa, qui se targue d’être un modèle en matière de démocratie
, de se comporter en fossoyeur du droit des peuples.
« [Le gouvernement canadien] fait preuve d’une complicité scandaleuse à l’égard de l’autoritarisme et de la tyrannie de l’État espagnol. »
Le gouvernement canadien laisse entendre que le fait d’avoir organisé, en tant que président légitimement élu, une consultation populaire sur l’autodétermination du peuple catalan est susceptible d’être considéré comme criminel ici même, en ce pays
, a ajouté M. Laporte, par voie de communiqué.
Depuis plusieurs semaines, d'importantes manifestations sont organisées dans les rues de Barcelone pour dénoncer la condamnation de neuf dirigeants catalans, après cette tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Des peines de prison de 9 à 13 ans ont été prononcées.
Ce dossier secoue l'Espagne, et des heurts ont déjà éclaté. Plusieurs dizaines de milliers d'anti-indépendantistes ont eux aussi fait entendre leurs voix.
Avec la collaboration de Sébastien Bovet et de Fannie Olivier