Au moins six blessés lors des manifestations au Liban

Au Liban, plusieurs grands axes routiers sont restés bloqués samedi, dont un pont autoroutier qui surplombe le centre-ville de Beyrouth.
Photo : Getty Images / AFP/Joseph Eid
Les Libanais ont pris la rue pour un 10e jour consécutif, samedi, lors d’une autre journée de manifestations qui continuent de paralyser le pays. Les dizaines de milliers de manifestants, en grande partie des jeunes, exigent un Liban non sectaire et souhaitent changer le caractère confessionnel de leur État pour toujours.
Sur les réseaux sociaux, des appels pour une manifestation baptisée « le million de samedi » ont été publiés dès samedi matin avec le mot-clic #SamedidesPlacesPubliques, rapporte le quotidien L’Orient le jour.
Beyrouth, Tripoli, Sidon et Tyr étaient au nombre des villes où se sont déroulées les manifestations.
Les banques, les écoles et de nombreux commerces ont tenu leurs portes closes, samedi, comme ils l’avaient fait au cours des derniers jours, et de grands axes routiers reliant la capitale sont demeurés inaccessibles.
C'est d'ailleurs lorsque l'armée a tenté de débloquer l'autoroute reliant le nord du pays à la frontière syrienne que des heurts ont éclaté. Au moins six personnes ont été blessées, certaines grièvement, lors d'affrontements près de Tripoli, selon l'Agence nationale de l'information (ANI). Cette dernière a également fait état de l'arrestation de plusieurs
manifestants par les militaires.
Les forces de l'ordre ont également tenté de rouvrir à la circulation un pont autoroutier qui surplombe le centre-ville de Beyrouth, mais en vain. Elles ont soulevé des manifestants assis à même le sol pour tenter de dégager le passage, avant de se retirer. Plusieurs dizaines de manifestants sont ensuite venus en renfort pour assurer le blocage des deux voies du pont.
Des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour organiser dimanche une chaîne humaine géante qui longerait toute la côte libanaise, de Tripoli à Tyr, sur 170 km. Cela impliquerait la mobilisation d'au moins 100 000 personnes, selon les estimations.
L'armée et la police ont quant à elles déclaré samedi toujours vouloir ouvrir les principaux axes routiers à travers le pays
. Nous allons négocier avec les protestataires sans avoir recours à la force
, a assuré un porte-parole de l'armée à l'Agence France-Presse.
Samedi soir, des manifestants étaient toujours dans la rue à scander des slogans phares inchangés depuis 10 jours : Révolution, révolution!
, Tous, cela veut dire tous!
, Le peuple veut la chute du régime
.
La démonstration de force du Hezbollah
Vendredi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a présenté un deuxième discours télévisé en moins d’une semaine, et a positionné son puissant mouvement en opposition au mouvement populaire. Il a mis en garde la population contre une nouvelle guerre civile au Liban et a prié ses partisans de ne pas prendre part aux manifestations.
Hassan Nasrallah a aussi écarté tout chamboulement institutionnel, rejetant la principale revendication de la foule après les fins de non-recevoir opposées par le premier ministre Saad Hariri et le président Michel Aoun : le départ de l'ensemble de la classe politique.
Tout juste avant son discours, vendredi, des affrontements entre les partisans du Hezbollah et des manifestants ont eu lieu à Beyrouth, place Riad el-Solh.
Furieux des slogans hostiles à leur leader Nasrallah, conspué au même titre que l'ensemble de la classe politique accusée de corruption, des dizaines de membres du Hezbollah se sont rués sur les manifestants, ce qui a obligé la police antiémeute à s'interposer.
Des scènes similaires ont été signalées dans des villes du sud à majorité chiite, notamment à Nabatiyé et à Tyr, où des cris hostiles à M. Nasrallah sont entendus pour la première fois.
Dans la rue depuis plus d'une semaine
Depuis le début du mouvement populaire, le 17 octobre, les manifestants crient leur colère de vivre dans un pays où les services de base, comme l'eau et l'électricité, ne sont toujours pas assurés, 30 ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).
La classe politique, quasi inchangée depuis cette époque, décide de la destinée d'un État en déliquescence classé parmi les plus corrompus de la planète.